Jeunes diplômés : comment valoriser une année de césure à l'étranger dans sa candidature ?

Benjamin Dusaussoy

Du cyclotourisme en Amérique du Sud, un projet humanitaire au milieu de ses études, des stages à l'étranger... Le "gap year", ou année de transition, se révèle être un véritable plus pour les jeunes diplômés. À condition de savoir la valoriser dans son CV, sa lettre de motivation ou lors d'un entretien d’embauche.
Jeunes diplômés : comment valoriser une année de césure à l'étranger dans sa candidature ?

Il n'y a pas qu’Erasmus pour bourlinguer. Les professionnels apprécient de plus en plus les expériences de voyage au long cours. Ils  voient dans ces gap year à l’anglo-saxonne l'opportunité de « raconter une histoire, de se différencier à une époque où les jeunes suivent des parcours souvent identiques », constate Stephen Girard, directeur du programme Grande École de l'IDRAC.

 

Valoriser l'initiative personnelle

À la différence d'une année à l'étranger s'inscrivant dans le cadre des études, le gap year a pour particularité d'être à l'initiative de l'étudiant. Comme l'indique Odile Bonhomme, directrice du développement des talents du Groupe Etam : « Outre les expériences et les compétences, dans le cadre du recrutement d'un jeune diplômé nous analysons un état d'esprit, une potentialité, une personnalité. Pour des jeunes ayant un niveau d'études similaire, la différence se fera aussi et surtout sur ce qu'ils entreprennent en dehors. »

 

Tour du monde : mettre en avant le projet avant tout

Qui n'a jamais rêvé de bivouaquer de continent en continent ? Cette aventure, aussi belle soit-elle, ne peut pourtant se réduire à un carnet de voyage. Comme l'explique Mélodie Lebreton, responsable du Career Center du campus BBA INSEEC de Bordeaux : « Pas question d'apparaître comme quelqu'un qui s'est laissé porter par le vent. Il convient de présenter un tour du monde comme un projet construit et ficelé. Sur le CV, cette expérience se place dans la partie centres d'intérêt, à moins que vous ayez travaillé à un moment donné sur place auquel cas il est possible de la faire figurer dans le bloc expérience. Ensuite, la lettre de motivation devra mettre l'accent sur l'organisation du voyage et l'apport de cette aventure en matière de savoir-être. »

En d'autres termes, comment cette parenthèse vous a-t-elle transformé ? « La majorité part à l'aventure, en sac à dos par exemple. Il s'agit d'une année de confrontation. Il faut se préparer pour l'entretien afin de démontrer l'autonomie développée sur place, l'ouverture d'esprit emmagasinée, l'adaptabilité de votre profil, la capacité à faire face au changement, à se mettre en difficulté », commente Odile Bonhomme.

 

« Le projet humanitaire fait sens naturellement »

Après l'obtention du diplôme, d'aucuns se cherchent et préfèrent retarder leur entrée sur le marché de l'emploi en se rendant dans un orphelinat, en participant à un projet de développement d'une communauté locale... Pour Stephen Girard, l'avantage du projet humanitaire : « c'est qu'il y a le mot projet dedans qui fait sens naturellement. À chacun de raccorder ce projet avec des éléments de discours suffisamment pertinents à l'instar de la volonté de travailler dans un marché type économie collaborative, une vision d'un management plus responsable... »

Mais aussi, de préciser les raisons qui vous ont poussé à réaliser ce dessein, les difficultés rencontrées sur place et ce que vous en avez retiré. Au sein du CV, Mélodie Lebreton propose d'agencer différemment l'expérience selon les profils : « Un étudiant en fin de cursus pourra le mettre dans ses expériences professionnelles. Pour un jeune diplômé, plutôt dans la rubrique extraprofessionnelle. » Curiosité, ouverture esprit, débrouillardise... Autant d'éléments de savoir-être acquis sur le terrain à préciser, « pour parler de votre séjour de manière constructive et démontrer qui vous êtes vraiment », note Odile Bonhomme.

 

Stage : changer sa vision du management et de l'entreprise

Lors d'une année de césure, de plus en plus proposée par les écoles et crédibilisée par les entreprises, faire un ou plusieurs stages à l'étranger est un excellent moyen de bonifier son parcours. Comme le rappelle Mélodie Lebreton : « Nous encourageons les étudiants à partir sur de longues périodes si possible. La plupart des recruteurs sont en effet habitués à voir une mobilité d'un semestre sur un CV, un an permet de se démarquer. » Mais attention, face à cette généralisation de la pratique, la destination a aujourd'hui son importance : « Aller en Angleterre ou aux États-Unis d'accord, mais pourquoi pas essayer de se rendre là où on ne s'y attend pas, en Estonie par exemple », commente Stephen Girard.

Cette tranche de vie professionnelle hors de l'Hexagone est l'assurance de pouvoir capitaliser aussi bien sur l'apprentissage de connaissances professionnelles ou linguistiques que sur « l'interculturalité à l'instar du management, précise Stephen Girard. L’entreprise ne se vit pas de la même façon en France qu’en Chine, un stage à l’étranger permet d'être moins catégorique sur sa vision du monde du travail. » Comme le rappelle Mélodie Lebreton : « Les recruteurs aspirent à recruter des profils opérationnels rapidement. » Et ces stages renforcent votre employabilité aux yeux des recruteurs.

Benjamin Dusaussoy
Benjamin Dusaussoy

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