Les cadres n’y vont pas pour ce que l’on croit

Sylvie Laidet-Ratier

C'est vrai : les réseaux sociaux professionnels comme Viadeo et LinkedIn comptent aujourd'hui plusieurs millions d'utilisateurs en France. Mais une bonne partie des cadres inscrits n'y demeurent pas dans l'espoir de décrocher un job. Explications.

Bien que les cadres interrogés par Michael Page soient ou aient été en situation de recherche d’emploi, 36% d’entre eux n’utilisent aucun réseau social, selon une récente étude diffusée par le cabinet de recrutement. « En d’autres termes, plus d’un tiers des cadres n’est pas visible aujourd’hui sur les plates-formes sociales utilisées par les recruteurs », observe Martin Villelongue, directeur de la division Digital, médias et communication de Michael Page.

Pour garder le contact

La proportion des professionnels sondés non-utilisateurs atteint même 51% dans le secteur immobilier et 48% dans le public et l’administration. A contrario, elle n’est que de 8% dans l’internet. « On peut également noter que 44% des candidats travaillant dans les fonctions gestion comptabilité et 46% en étude /production ne sont pas utilisateurs », souligne le consultant. Dans les fonctions commercial / export, on compte en revanche 80% de pratiquants.

La priorité number one des cadres inscrits sur les réseaux sociaux est d’entretenir leurs contacts pros et perso. 23% d’entre eux s’en servent à des fins de veille sur le marché de l’emploi (fréquentation de hubs métier / secteur par exemple) mais ils ne sont que 18% à utiliser les réseaux sociaux pour rechercher activement un job. « Pour les cadres, les RS ne sont pas encore un levier pratique », conclut Martin Villelongue. Et pourtant…

Un levier complémentaire

Et pourtant, selon une récente étude réalisée par Expectra, plus d’un employeur sur deux (51%) intègrent régulièrement ou occasionnellement les réseaux sociaux à leur processus de recrutement. Contre à peine 20% il y a quelques mois. « Pour les PME, qui n’ont pas nécessairement d’équipes RH dédiées, les réseaux sociaux sont un excellent moyen d’accéder à des compétences rapidement et à moindre coût. C’est en fait un bon moyen de sourcing complémentaire aux jobboard, car on y trouve des profils intéressants qui ne sont pas nécessairement en veille active. Enfin, pour les recruteurs, c’est une façon de faire connaissance avec les candidats avant d’entrer dans un processus de sélection traditionnel », constate Didier Gaillard, DG Expectra.

Ainsi, le retour sur investissement de ce type de démarche ne peut être probant que si votre profil est à jour. En un an, plus de la moitié des cadres auraient bénéficié d’un ou plusieurs contacts qualifiés avec des recruteurs.

Le marché caché de l’emploi

Reste que « cela demande un vrai travail d’être sur un réseau social car il faut y être actif. En contribuant qualitativement, par exemple à des hubs ou à des groupes de discussions. Mieux vaut donc être très présent et actif sur un ou deux réseaux que de s’éparpiller en prenant le risque de rater les bonnes connexions », soutient Martin Villelongue.

Mais attention, cette méthode ne se substitue aux leviers plus classiques. « Il y a un certain nombre de postes à pourvoir qui ne font pas l’objet d’offres d’emploi. Pour ces derniers, qui fonctionnent sur le mode de la cooptation, les réseaux sociaux peuvent être un outil intéressant », conclut pour sa part Didier Gaillard.

Sylvie Laidet © Cadremploi.fr

Sylvie Laidet-Ratier
Sylvie Laidet-Ratier

Journaliste indépendante, je réalise des enquêtes, des portraits, des reportages, des podcasts... sur la vie des salariés en entreprise. Égalité femmes-hommes, diversité, management, inclusion, innovation font partie de mes sujets de prédilection.

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