Entretien d’embauche : comment faire la différence avec sa voix ?

Céline Chaudeau

Parce que la forme compte autant - sinon plus - que le fond, il est primordial de trouver sa voix en entretien. Des coachs vocaux et consultants nous livrent quelques astuces pour se démarquer.

Avant l’entretien : respirer avant de parler

« Quelques minutes avant l’entretien, on peut mettre quelques chances supplémentaires de son côté », assure Lionel Bellenger. « Concrètement, on inspire par le nez en contractant l’abdomen et on relâche par la bouche en gonflant de ventre », explique ce formateur et auteur du guide Des prises de parole captivantes. Posologie : une quinzaine d’inspirations, discrètement, en attendant le recruteur... Mais « l’idéal, c’est de pratiquer ces exercices régulièrement pour oxygéner son sang et calmer sa voix dès que l’on se trouve dans une situation avec un enjeu. »

En entrant : bien poser son corps

Une fois face au recruteur, adoptez une posture efficace. « Pour que sa voix porte, il faut prendre le temps de s'asseoir  correctement face au recruteur, se caler bien au fond de sa chaise, les deux pieds bien au sol ou les jambes croisées pour les femmes qui portent une jupe, indique Karine Averseng, spécialiste de la prise de parole à l’agence Kosy et auteur du livre Ces 5 minutes qui comptent dans un entretien d’embauche. On sera ainsi dans une situation confortable pour respirer, réguler son débit, et se concentrer sur le fond. »  

En racontant son parcours : des intonations et un rythme variés

« Faire la différence avec sa voix dépendra avant tout des intonations, des inflexions et des rythmes variés de son discours, observe la coach vocale Yaël Benzaquen. « Ce n’est pas une question de timbre de voix : il faut laisser sa voix exprimer sa personnalité et surtout pas de façon mécanique. » « Pour cela, l’important est de se préparer sans jamais réciter, estime Lionel Bellenger. Il faut varier les débits : rapide et vivant quand on raconte une anecdote, par exemple, plus lent quand on veut s’attarder sur une information ou une analyse. » Même si l’exercice est douloureux, la coach vocale et auteure du guide Tout connaître sur la voix suggère aux intéressés de s’enregistrer en amont de l’entretien ou de solliciter l’avis de leurs proches.

Pour capter l’attention : AR-TI-CU-LER

« Il est impératif de bien articuler, notamment quand le tempo s’accélère », précise François Samson, co-auteur du Guide du super candidat. « Là aussi, on peut s’entraîner. En répétant des phrases avec un crayon entre les dents, par exemple. L’idéal est de pratiquer ces exercices régulièrement pour fluidifier sa voix et son débit. » « C'est Nietzsche qui disait que "l'autorité commence par l’articulation", ajoute Lionel Bellenger. Car articuler, c’est donner du relief la parole et donc lui donner du poids. »  

Pendant tout l’entretien : laisser des silences

« Pour sortir du lot, il faut vraiment être dans l'écoute active, insiste Karine Averseng. Dès lors, utiliser sa voix, c’est aussi bien gérer les silences. » Cette consultante propose ainsi de doser des pauses dans son propos à des moments-clés. « On peut poser un silence quand son interlocuteur pose une question, par exemple. Les recruteurs préfèrent deux ou trois secondes de silence car cela donne l’impression que l’on réfléchit à une réponse plutôt que de réciter. Et surtout, le silence porte plus que des mots parasites comme "bah" ou "euh" que l’on prononce facilement pour meubler. » « On peut aussi marquer un arrêt après un mot important. Quand on parle d’une compétence, par exemple, précise Yaël Benzaquen. Une bonne impression peut aussi naître dans un silence. »

Les erreurs à ne SURTOUT pas commettre

Travestir sa voix

« Contrairement à une idée reçue, il n’y a pas de bonne ou de mauvaise voix, assure la conseillère en image Karine Averseng. Même si on ne l’aime pas, il est vain d’essayer de changer le timbre de sa voix. Et c’est d’autant plus contreproductif que c’est le rythme et la ponctuation du discours qui vont faire la différence. »

Parler vite

Vous pensez que parler rapidement reflète un esprit vif ? Ce n’est pourtant pas la meilleure idée qui soit pour un entretien d’embauche. « J'ai beaucoup de clients qui sortent de grandes écoles et qui parlent d'une façon extrêmement rapide, presque à la vitesse d'un ordinateur, confie la coach vocale Yaël Benzaquen. Or le message transmis est désastreux. »

  

Céline Chaudeau
Céline Chaudeau

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