Cadre et franc-maçon, ça aide pour sa carrière ?

Céline Chaudeau

L’appartenance à une loge peut-elle booster votre vie professionnelle ? Puisque chaque hebdomadaire y va régulièrement de sa question sur l’influence des francs-maçons, Cadremploi s’est aussi intéressé au sujet. Réponse des intéressés : oui et non…

Grand Orient, Droit Humain, Grande Loge de France ou Grande Loge féminine : si les noms des principales obédiences françaises sont connus, les 160 000 francs-maçons recensés en France restent nimbés de mystère. « Il y a des associations d’entraide qui se sont beaucoup développés dans les années 70 et 80 pour les cadres touchés par le chômage, reconnaît Philippe Benhamou, franc-maçon et co-auteur de La Franc-Maçonnerie Pour les Nuls. Comme dans n’importe quel réseau, il est arrivé que des membres travaillant dans les ressources humaines aident des « frères » et « sœurs » à définir un projet professionnel. »

Une aide, mais pas de passe-droits

De là à trouver un poste parce qu’on est franc-maçon, il y a quand même un pas. « Bien sûr que c’est une forme de réseau, observe Jean-Laurent Turbet, franc-maçon et animateur d’un blog sur le sujet. Mais si on entre dans la franc-maçonnerie pour booster sa carrière, on fait erreur. Je peux en témoigner : cela ne m’a pas évité des périodes de chômage ! »

Que des passe-droits aient existé, sans doute. Mais Philippe Benhamou nuance certains fantasmes et évoque plutôt des portes qui s’ouvrent plus facilement qu’un piston facile. « J’en ai déjà discuté avec des chefs d’entreprises et personne ne prendra un candidat simplement parce qu’il est franc-maçon. Aucune entreprise ne peut se le permettre. En revanche, elle va l’écouter et recevoir peut-être un peu plus longtemps un candidat franc-maçon qu’un autre… »

Un investissement lourd pour un résultat incertain

En même temps, que d’investissement pour en arriver là ! « La franc-maçonnerie est un milieu plus ouvert qu’on ne l’imagine, précise Jean-Laurent Turbet. Il y a même beaucoup de loges où l’on peut aujourd’hui postuler par Internet. » Ce membre de la Grande loge de France prévient toutefois certains candidats. « Ceux qui ont été tentés par la franc-maçonnerie pour la seule motivation du réseau ont vite renoncé. Le processus d’intégration peut prendre un an. Ensuite, il faut respecter les rituels et surtout fournir un gros travail pour préparer les réunions régulières. Si c’est juste pour se faire un carnet d’adresse, il y a d’autres activités moins chronophages… »

Profiter de la franc-maçonnerie… indirectement

Malgré tout, le thème de l’emploi, même s’il dépasse les cas individuels, est loin d’être étranger à l’activité maçonnique. « Il faut distinguer les loges tournées vers le développement spirituel, comme la Grande Loge de France, d’obédiences comme le Grand Orient, plus portées sur des questions sociétales », rappelle Pierre-Yves Beaurepaire.

À cet égard, les loges ouvertes aux femmes encouragent le combat pour la parité. « Nous représentons 20 % des membres et il y a chez nous une dimension plus féministe, reconnaît Catherine Jeannin-Naltet, Grande Maîtresse de la Grande Loge féminine de France. Je ne vois pas la franc-maçonnerie comme un réseau. En revanche, c’est un lieu de réflexion pour travailler sur la société et son évolution… »

La Franc-Maçonnerie, un réseau de cadres ? 

« Ce n’est pas un mouvement uniquement dédié aux CSP + mais quand même… » On doit cette réflexion à l’historien Pierre-Yves Beaurepaire, auteur du Dictionnaire de la Franc-maçonnerie. « Les classes moyennes et les salariés sont bien représentés mais les couches populaires restent quand même très minoritaires. » 

 

Céline Chaudeau © Cadremploi

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