« Ce n'est pas le rêve canadien »

Olivier Pierson

Arrivée au Québec avec un visa de travail temporaire, cette ancienne étudiante en commerce et marketing a découvert un marché qui sourit aux audacieux. « Il faut se battre et se préparer à être déçu », témoigne cette jeune femme qui a connu son lot de galères.

Anta Niang, 29 ans, n'est pas du genre à coiffer la coquille de Caliméro. Cette battante qui a étudié le commerce et le marketing à Paris, s'est frottée à la réalité canadienne en au Québec il y a un an avec un PVT (Programme Vacances Travail).

Engluée dans l'incertitude du chômage, cette jeune femme d'origine sénégalaise a préféré quitter la France pour décrocher un emploi dans sa branche. Obsédée par l'étranger, elle s'est installée dans la Belle Province, après avoir d'abord envisagé de vivre aux Etats-Unis, où elle passé deux mois pour perfectionner son anglais. Son ancien petit ami l'a convaincue de s'arrêter chez les voisins du nord.

Plutôt satisfaite de cette décision, Anta Niang s'est vite heurtée à la réalité locale qu'elle résume en une phrase : « Il faut se battre, personne ne vous a demandé de venir ici. » Effacée l'idée reçue voulant qu'on déroule presque le tapis rouge aux Français. L'immigrant doit faire ses preuves.

Le revers de la flexibilité

A peine arrivée sur le territoire francophone, elle a poussé les portes de l'Anaem et de l'AMPE Citi, deux organismes venant en aide aux expatriés français. Elle a aussi refait son CV à la québécoise, prospecté dans les agences de placement et envoyé son CV dans bon nombre d'entreprises. Et surtout, elle s'est constituée un réseau... en prenant des cours de salsa. « J'ai rencontré des gens, je leur parlais de ce que je recherchais. » Elle profite de ces échanges pour distribuer ses cartes de visite, l'élément indispensable au Québec. Quelqu'un finira par la contacter pour la connecter avec une grosse compagnie de téléphone où elle travaille actuellement. Entretemps, elle aura cumulé les petits boulots et des missions plus stables sans rapport avec sa formation de base. « ll est plus facile de trouver un emploi qu'en France, dit-elle, mais la flexibilité nord-américaine a aussi de mauvais côtés. Tu peux te retrouver à la rue du jour au lendemain. »

Une terre d'épanouissement

Aujourd'hui dans l'attente d'un autre visa de travail pour prolonger son expérience québécoise, Anta Niang a fait une croix sur la France. Malgré ses galères, elle continue d'y croire, bien décidée à obtenir un jour le job dont elle rêve. En 12 mois, son moral a connu des hauts et des bas. L'hiver long et rigoureux, la solitude loin des proches,... sont des obstacles qu'elle a dû surmonter. Ses amis sont des immigrants. « Les Québécois entretiennent des relations plus superficielles que chez nous. Ils peuvent te laisser sans nouvelles pendant des mois et te rappeler comme si de rien n'était... »

Malgré son parcours du combattant, elle se sent plus épanouie dans un pays on elle ressent moins le poids de la discrimination. « Ici, ta couleur de peau ne va pas influer sur ton travail. Seul ce que tu peux apporter à l'entreprise, tes compétences, est important.» Paroles d'une battante.

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Olivier Pierson
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