Comment faire valoir ses intérêts malgré la crise

Sylvie Laidet-Ratier

Pas question d'attendre la fin de crise ou le prochain plan social pour réagir. Vous aspirez à une promotion ? A une augmentation ? Vous souhaitez aller voir si l'herbe est plus verte ailleurs ? Excellente idée à condition de savoir vous « vendre ». Nos conseils pour faire de vous des pros de la négo.

Une promo cette année

Il s'agit de faire preuve de créativité : actuellement ceux qui sortent du lot sont ceux qui ont cette capacité à anticiper le futur. « Pour cela, il faut aller voir son manager et lui ouvrir de nouvelles capacités de marché. Trouver un moyen d'influer sur la productivité de l'entreprise sans remettre en cause sa capacité de production », prévient d'emblée Cyril Capel, dirigeant du cabinet de recrutement CCLD.

Fiabilité à outrance : en période d'incertitude, savoir que l'on peut compter sur vous est crucial. Genre que vous allez livrer le projet en temps et en heure, que vous n'allez pas vous défiler pour le dîner client du lendemain à cause d'un problème (peut-être réel d'ailleurs) de baby-sitter. « Sans aller jusqu'au dévouement total, les employeurs misent en ce moment sur les collaborateurs qui restent un peu plus tard le soir pour boucler un dossier, ceux qui répondent au téléphone hors temps de travail. Pour eux, c'est rassurant », observe Evelyne Platnic Cohen, fondatrice et dirigeante de Booster Academy.

Opération augmentation

Pensez différé : Contrairement aux idées reçues, en temps de crise, le gel des augmentations n'est pas systématique. « Certains employeurs, dont je fais partie, mettent même un point d'honneur à accorder de substantielles augmentations à leurs meilleurs collaborateurs », précise Cyril Capel. Si votre boss n'est pas exactement dans cette démarche de fidélisation, négociez pour l'avenir. « Si les budgets ne sont pas là, inutile de s'écharper pour obtenir un fixe plus important. Mieux vaut expliquer ses réussites et faire des propositions pour l'année à venir en y incluant des demandes de compensations qui ne sont pas nécessairement du salaire. Par exemple, des jours de formation, du télétravail, une voiture de service voire un intéressement sur le futur chiffre d'affaires... Dans ce cas, préférez toujours une rémunération différée indexée sur des résultats à venir », ajoute-t-il.

Posez des questions : « C'est celui qui a quelque chose à vendre qui pose les questions. C'est donc à vous de demander plus en argumentant avec des faits précis. Un réussite, un chiffre », insiste Evelyne Platnic Cohen. Ensuite, quelle que soit la décision retenue, il faudra l'assumer. Et ne pas faire la tête pendant six mois si vous n'avez rien obtenu en plus. « Cela démontrerait qu'au final, le collaborateur n'est pas adaptable et qu'il n'était vraiment pas opportun de l'augmenter », ajoute-t-elle. Donc, doublement contre productif !

Décrocher un poste ailleurs

Mieux vaut se prévaloir d'une « personnalité corporate » au top : en ce moment, on le voit, les processus d'embauche s'allongent, les recruteurs sont plus indécis. Plus que jamais, ils veulent être rassurés par leur future recrue. « Les personnalités corporate, à savoir les candidats qui avant même d'intégrer l'entreprise sont déjà très impliqués, marquent des points », observe Cyril Capel. Un exemple s'impose. Vous jouez au rugby et l'entreprise visée met en avant la solidarité interne pour progresser ? « Lors des entretiens, rappelez que cette notion est aussi très importante pour vous et que si vous intégrez l'entreprise, vous mettrez cette valeur à son service », souligne-t-il. Attention à ne pas tomber non plus dans le léchage de bottes à outrance.

Sylvie Laidet © Cadremploi.fr

Sylvie Laidet-Ratier
Sylvie Laidet-Ratier

Journaliste indépendante, je réalise des enquêtes, des portraits, des reportages, des podcasts... sur la vie des salariés en entreprise. Égalité femmes-hommes, diversité, management, inclusion, innovation font partie de mes sujets de prédilection.

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