Concilier travail et famille : méthode aux forceps Outre-Rhin

Marine Relinger

Hôtel pour enfants, semaine à 32 heures... Arcelormittal Eisenhüttenstadt, décorée Outre-Rhin du certificat « Emploi et famille », ne lésine pas sur la réforme.

Les entreprises allemandes ont été prévenues. Même si la déclaration n'est pas (encore) un projet, la ministre du travail Ursula von der Leyen a déclaré en début d'année que si ces dernières n'étaient pas capables d'augmenter d'elles-mêmes le taux de femmes au sein de leurs directions, un quota légal de 30% leur sera imposé. Voilà les grands groupes motivés au bâton et poussés à l'action.

Arcelormittal Eisenhüttenstadt, qui a développé ces dernières années une soixantaine de mesures pour aider les salariés à concilier emploi et famille, fait à l'évidence partie des élèves volontaires. L'entreprise sidérurgique a décroché l'an dernier, pour la deuxième fois consécutive, le certificat 'Emploi et famille' délivré par l'une des plus grandes fondations privées allemandes, la fondation Hertie.

Hôtel pour enfants, primes à la naissance, aide à la garde et - surtout - réduction du temps de travail de 35 à 32 heures... Les mesures mises en place par l'entreprise, qui emploie près de 3 000 salariés dans le Brandebourg (ex-RDA), près de la Pologne, forment un inventaire à faire rougir le plus social des patrons français.

En voici les principales plus en détail :

L''hôtel' pour enfants. Géré par une institution sociale pour travailleurs et subventionné par l'entreprise, ce dernier est ouvert aux enfants des salariés en cas d'urgence, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. « L'hôtel n'a pas pour objectif de remplacer les jardins d'enfants, qui sont ici très nombreux, mais d'apporter une aide ponctuelle aux parents en difficulté et de supprimer leur mauvaise conscience. Ils savent qu'ils ont une solution en cas de problème », explique Jürgen Peschel, responsable de la formation des apprentis et des questions relatives à la conciliation entre vie professionnelle et familiale à Arcelormittal Eisenhüttenstadt.

Réduction du temps de travail. Depuis le début de l'année, Arcelormittal Eisenhüttenstadt a fait passer le temps de travail hebdomadaires de ses salariés de 35 à 32 heures. Difficile à entendre, de ce côté du Rhin où l'on tire à boulets rouges sur les 35 heures. « La question du temps du travail joue un rôle central dans la conciliation entre travail et famille. La plupart des gens ne veulent pas d'un mi-temps pour des raisons financières, mais souhaitent travailler environ 30 heures par semaine. Avec 32 heures, nous sommes proches de leurs besoins », précise Jürgen Peschel.

Des entretiens réguliers. Depuis janvier dernier, les supérieurs hiérarchiques sont tenus de prendre connaissance des besoins éventuels des salariés lors d'entretiens réguliers.

Il faut dire que les entreprises allemandes, exposées dans les années à venir à la dénatalité qui touche le pays, peine à briller en matière d'égalité hommes-femmes. La proportion de femmes au sein des comités directeurs des 200 grandes entreprises allemandes se limite à 3,2% selon Institut de recherche économique berlinois DIW.

Pourtant, l'Allemagne se place en 13ᵉ position du palmarès de l'égalité hommes-femmes du Global Gender Gap Report... La France, où les grandes entreprises seront bientôt tenues d'accueillir au moins 40% de femmes au sein de leurs conseils d'administration, plafonne à la 46ᵉ place du classement. C'est ce qu'on appelle une marge de progression.

Marine Relinger @ Cadremploi.fr

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