Emploi cadres : pari gagné pour la province

Sébastien Tranchant

Une étude du cabinet de conseils en ressources humaines Managing place le Rhône-Alpes, la Bretagne et PACA sur le podium des régions françaises les plus populaires auprès des cadres. L'Ile-de-France n'est que sixième mais reste identifiée comme une forte région d'emploi.

La province, à l'origine de 60 % de l'emploi cadres, a-t-elle détrônée l'Ile-de-France dans le cœur des cols blancs ? Clairement, indique une étude* du cabinet Managing, spécialisé dans le conseil en ressources humaines. Les régions Rhône-Alpes, Bretagne et PACA occupent les trois premières places du podium alors que l'Ile-de-France se classe seulement sixième, devancée par la région atlantique (Pays-de-la-Loire Poitou-Charente) et le Grand-Est. A la traîne, le Sud-Ouest, le Centre et le Nord ferment la marche. Le Sud-Ouest pâtit de la frilosité de ses entreprises à pratiquer des salaires à la hausse (seulement 42 % des cadres ont été augmentés en 2008). Quant au Centre et au Nord, ils ont du mal à surmonter le déficit d'image de leur bassin d'emploi respectif.

Rhône-Alpes et Bretagne au top

« Le Rhône-Alpes est de loin la région la plus attractive pour les cadres, commente Marc Bernardin, directeur général de Managing. Elle attire tous les cadres quel que soit leur secteur d'activité. Ils la voient comme la région qui pourra le mieux répondre à leurs attentes en termes d'évolution professionnelle, d'augmentation de salaire et d'équilibre de vie. » Si la Bretagne n'est pas très performante en ce qui concerne l'attractivité professionnelle (6e sur 9), elle apparaît comme la région où le plus de cadres ont été augmentés cette année (60 %) et la deuxième région où l'ambiance de travail est la meilleure.


Les cadres prêts à plus de concessions

Les motivations des candidats à la mobilité évoluent et les régions en profitent. « Près d'un cadre sur trois (30 %) souhaite changer de poste pour changer de région et seulement 70 % posent comme condition indiscutable une meilleure rémunération, observe Marc Bernardin. Ainsi, on voit bien qu'aujourd'hui de plus en plus de cadres sont près à faire des concessions sur leur salaire pour soigner leur équilibre de vie. » Reste que, pour attirer les meilleurs, les entreprises de province doivent proposer des « postes pleins » car les principaux moteurs de la mobilité individuelle demeurent l'intérêt des missions confiées et la gestion de carrière.

A l'Est, on se verrait bien en Rhône-Alpes

Interrogés sur la région où ils apprécieraient de travailler, les cadres ont des réponses contrastées. Ainsi, 75 % des cols blancs basés à l'Est se verraient bien exercer en région Rhône-Alpes, tandis que le Sud-Ouest est plébiscité par les Bretons (54 %) mais peu apprécié des Lyonnais (21 %). Le Grand-Est, lui, attire principalement les locaux (48 %) à l'opposé de la région Centre qu'une majorité d'autochtones aimeraient quitter pour s'installer en PACA (66 %), voire en Rhône-Alpes (64 %). Enfin, s'il n'est pas surprenant de voir l'Ile-de-France considérée à hauteur de 61 % comme une région d'emploi très attractive, le Nord n'a pas à rougir en étant identifié par 26 % des cadres comme au moins aussi attractif que les autres régions, voire même attirant par 22 % d'entre eux.

Effet sensible du TGV Est

D'après Marc Bernardin, « l'aménagement du territoire impacte fortement l'attractivité des régions ». Preuve en est, « le bond en avant », selon lui, du Grand-Est situé désormais à 2 h 20 de la Capitale contre 4 heures auparavant. « Sur le terrain, nous remarquons un effet très positif du TGV Est. Avant, dans l'esprit des cadres, la région était totalement enclavée. Désormais ce n'est plus le cas. Le Grand-Est est même devenu la région à laquelle les cadres sont le plus attachés. » Pourquoi le Centre et le Nord, régions pourtant situées à une heure de TGV de Paris, ne bénéficient-elle pas du même effet psychologique? « Parce que leurs entreprises ont surtout fait parler d'elles en termes de restructuration et plans sociaux ces derniers temps » remarque Marc Bernardin.  

* étude réalisée en juin 2008 auprès de 1810 cadres et dirigeants d'entreprises de toute la France  et rémunérés en moyenne à 55 000 euros par an.

Sébastien Tranchant
Sébastien Tranchant

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