Episode 12 : La rentrée

Le DRHache

" Je suis tombé ce matin par hasard sur le journal intime d'un cadre supérieur qui l'avait oublié à la table d'un café. J'avoue l'avoir feuilleté, et lorsque je suis arrivé à la dernière page, celle-ci s'est décollée sous mes doigts, séparant deux feuillets qui avaient été visiblement collés l'un contre l'autre. voici ce que j'ai pu y déchiffrer... "

« Quel bonheur ces vacances. Je pense que c'est la première fois que j'arrive à me détendre autant en quatre semaines. L'Espagne et son soleil, le farniente et les livres, les enfants le sport le sommeil et la fête, je suis arrivé à ne pas penser au boulot après une semaine quand même. Et puis, grâce au Blackberry, j'ai pu traiter des sujets qui se seraient accumulés et auraient transformé ma rentrée en cauchemar, alors qu'en 45 minutes par jour je pouvais quasiment tout évacuer.

C'est curieux comme au bout de quatre semaine (c'était la première fois depuis dix ans), j'ai pu constater que j'en avais presque assez, les enfants toute la journée, les uns sur les autres dans la maison de location et la routine dans laquelle on se repose mais on fait vite le tour aussi. Si je m'écoutais, j'en arriverais presque à penser que je suis content de rentrer, de reprendre mes habitudes, retrouver mon bureau et les photos de mes enfants qui y trônent en bonne place.

On aura beau dire, le stimulus intellectuel, c'est compliqué de vivre sans, et ce n'est pas en vacances qu'on le trouvera, et les copains, l'ambiance du bureau, voila aussi quelque chose qu'il faut avoir vécu pour le comprendre et réaliser à quel point ça peut vous manquer.

.....
Tous.

Là.

Ils sont dans la rue ce matin, ils sont rentrés de vacances, ils n'en ont pas pris, ils sont un peu bronzés, mais surtout ils sont là.

Devant moi.

Ces gens ne comprennent pas qu'ils sont du domaine du rêve, dans le pays entre deux eaux des fantômes encore en maillot de bain mais déjà en cravate, que la vraie vie n'est pas celle qui se déroule ici et maintenant sous leurs pieds déjà traînants, la vraie vie c'est celle dont je sors, dans laquelle je suis encore, avec moins de contrainte que de soleil, plus d'enfants rieurs que de mauvaise humeur larvée et de collaborateurs aigris, infiniment plus de sable chaud vous massant l'entre-doigt de pieds que de photocopieuse en panne un quart d'heure avant la présentation.

Ce qui est fou, c'est que tout ces humains font comme si de rien n'était, suis-je seul à réaliser que la vraie vie n'est pas celle qui va reprendre dans dix minutes pour un an dont six bons mois où il faut mettre des pulls (des pulls ), la vraie vie c'est celle où l'on peut se consacrer aux choses importantes, folâtrer dans les vertes prairies de l'insouciance, rencontrer le vrai bonheur au coin d'une sonate de Bach et d'un fou rire de ma fille devant un perroquet qui fait le clown sur son perchoir ?

Un feu passe au rouge devant moi sur ce trottoir. Code couleur évolutif plus positionnement de la lumière en haut du bloc marron surélevé : les voitures s'arrêtent les piétons avancent plus vite devant avancez ha pardon pouvez pas regarder ou vous mettez les pieds ?

Questions P 38 du premier jour :

« Alors c'était bien les vacances, tu as pris des bonnes couleurs ? »

Va t'acheter des yeux.

« Tu as eu beau temps ? »

En Espagne en août traditionnellement il neige.

« Ah, tu dois être bien reposé. »

Je suis totalement naze rien qu'a voir vos faces de carême excuse moi si je baille un grand coup.

« Prêt pour la rentrée ? »

NON

« Il faudrait qu'on se voit rapidement »

Pour parler de tes problèmes je suppose...

Le DRHache
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