Episode 57 : Paris au mois d'août

Le DRHache

Les vacances au boulot ? C'est possible, voire même très utile. Cette semaine, le DRHache, fait l'apologie du travail au mois d'août.

Qu'il est bon d'observer les pères de famille rentrer bosser après un mois de juillet au soleil. Les moins malicieux de ces célibataires d'un mois portent toujours leur alliance. Les plus bêtes oublient que le soleil ne traverse pas le métal et qu'ils ont une trace blanche à l'annulaire.


Paris au mois d'Août, c'est la capitale du fantasme, les vacances romantiques du coté des touristes, et la tranquillité du vide du coté des résidents, qui aiment leur ville comme on aime un musée lorsqu'il ne faut pas faire la queue pour voir la Joconde.


Les rues sont vides de voitures, les trajets plus rapides, les gens moins sollicités donc plus aimables, le Parisien à Paris en août se sent membre d'un club très fermé, et peut savourer son statut de petit maître du temps, laisser filer les heures que l'absence de son chef lui permet de rendre élastiques.


On ne passe plus de la chambre au trottoir, du fauteuil au métro et du film au réveil, mais on flâne en observant les endroits et les gens, on jouit de l'intense vacuité de l'agora en construisant des projets fous, de merveilleuses idées, des pains de sucres d'indépendance et de liberté que la pluie de septembre pourra dissoudre dans le quotidien.

Tout marche à pas mesurés, le monde du travail encore plus que le reste.

De nombreuses PME ferment officiellement, les commerces de proximité baissent les rideaux de fer une petite quinzaine, et comme disait Desproges, la boulangère part se faire pétrir par le boucher, et le boulanger va boucher la bouchère.

Dans les grands groupes, la mécanique tourne toujours, mais quelqu'un a renversé un grand seau d'huile bien dense sur les rouages, qui ronronnent sans bruit. La complicité solidaire « ah ben au moins il y en a qui sont là pour faire tourner la boutique » est rigolote car elle est basée sur l'idée fausse que nous sommes au taquet alors qu'ici aussi, le film passe au ralenti et les rendez vous au café après le morning meeting peuvent durer quelques dizaines de minutes supplémentaires. C'est le moment où l'on va parler avec les stagiaires. C'est le moment où l'on déjeune avec ce vieux copain qui fait de la com et qui vous raconte un quotidien enviable au début et effrayant sur la fin de la conversation.

Ces « vacances » dans le travail sont utiles car elles donnent aussi la possibilité de réfléchir sans pression, ce qui permettra plus tard dans l'année de relativiser celle-ci, et de restituer au quotidien l'humanité d'un âge d'or idéalisé, tu t'souviens ?

Dans un monde où le rendement est devenu la clef, il est bon parfois de ne pas avoir de porte à ouvrir.

Le DRHache
Le DRHache

Vous aimerez aussi :