#FYI - Comment profiter des vacances pour prendre du galon

Benjamin Fabre

D’un point de vue « ambition professionnelle », la période juillet-août est généralement perçue par les cadres comme un aimable cessez-le-feu. Une trêve, une trempette amicale dans les eaux tièdes d’un lac suisse où rien ne se jouerait, et surtout pas leur montée en grade. Quelle crétinerie. Quand comprendrez-vous au contraire que c’est là, au cœur de l’été, que vous avez le plus à gagner ? Quand vous aurez lu les conseils de Benjamin Fabre, auteur de la chronique #FYI (for your information).

La situation

Plus qu’un mois. Trois semaines. Huit jours. Vingt-quatre heures... Malgré l’extrême agilité de votre cerveau, qui d’ordinaire peut gérer des centaines de calculs en même temps, vous n’en avez plus qu’un seul à l’esprit : le compte à rebours qui vous sépare du sable chaud. « Ah ! Bientôt le monoï, les paréos, les calamars… Bye-bye les collègues, ciao la moquette grise, plus rien ne compte, le monde peut s’écrouler, car vous savez quoi ? Les vacances arrivent, baby… Les VACANCES ARRIVENT ! »

Ce qu’il faut faire

Renifler des sels. Mettre la tête dans un seau de glace. Et sortir enfin de cette hypnose navrante, pour ouvrir les yeux sur la réalité la plus méconnue du monde professionnel : de toutes les périodes de l’année, juillet-août est le moment ABSOLU pour prendre du galon. Voici comment.

1 - Sortir du troupeau

Observez vos collègues. À peine Roland-Garros terminé, ils passent leurs journées à se questionner à tue-tête sur leurs dates de VACANCES, leurs destinations de VACANCES, leurs programmes de VACANCES, et à répéter en poussant des râles abominables combien ils ont besoin de VACANCES, tandis que L’Equipe, Closer, YouTube et Facebook tournent à toute vapeur sur leurs écrans d’ordinateurs. Soyez plus malins qu’eux. Votre hiérarchie vous regarde : abstenez-vous, autant que possible, de lui chanter à la figure tout le bonheur que vous ressentez à l’idée de ne rien foutre pendant trois semaines. De même, vous éviterez une fois sur place de publier des selfies de type « barbecue » ou « hamac », qui auront pour seul effet de vous rayer définivitement, dans l’esprit de tous, de la liste des gens qui un jour ou l’autre pourraient avoir leur gueule sur un billet de banque. Un peu d’ambition, bon sang.

2 - Lever le doigt

Ces précautions d’image étant prises, passez à l’offensive. Proposez à votre N+1 d’assurer son « back-up » pendant son absence. Prenez la relève en souriant et dites au monde entier que les choses se passent comme dans du beurre (même si c’est faux). Montrez-vous. Roulez des mécaniques. Squattez les comités auxquels vous n’accédez pas d’habitude. Votre statut va vite évoluer... C’est en ayant l’air de forger qu’on est pris pour un forgeron.

3 - Draguer

Bras de chemise. Sifflotements. Tapes dans le dos. Pendant la période estivale, il règne dans les bureaux une atmosphère tout à fait inhabituelle. Pour ainsi dire, on friserait presque la convivialité. C’est à cause du carotène : les travailleurs sont tellement contents d’être en été qu’ils sont à deux doigts de se montrer aimables. Tirez parti de ce climat. Quittez votre bureau, montez dans les étages et allez tisser des liens d’amitié dans les sphères hiérarchiques les plus élevées. Jamais votre N+4 ne sera plus accessible qu’à ce moment-là. Dites-lui du bien de lui. Proposez-lui des squashs. Et emmenez-le boire des bières pour parler de votre avancement, quelque part sur une de ces terrasses ombragées, grouillantes de bandes de copains et de couples adultérins, où l’on sert des pistaches et des bouteilles de rosé ruisselantes d’eau glacée... La meilleure période de l’année, je vous dis.

Racontez vos vacances à Benjamin Fabre sur son Facebook.

Benjamin Fabre
Benjamin Fabre

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