#FYI : La liberté d’expression en entreprise, la bonne blague

L'équipe de Cadremploi

La liberté d’expression est inscrite dans la Déclaration des Droits de l’Homme. Mais à quoi ressemble-t-elle en entreprise ? La réponse de Benjamin Fabre, auteur de la chronique # FYI (for your information).

La presse est unanime

Ça y est, les gens ne sont plus Charlie. Ils sont redevenus ce qu’ils étaient, à savoir des amateurs de selfies et de Danse avec les stars. En un sens, tant mieux. C’est bien de protester contre la barbarie et la méchanceté humaine, mais ça ne peut pas être un job à temps complet. Il y a des abonnements à Netflix et à beIN Sport qui attendent d’être amortis.

C’était beau, quand même… Pendant la période où les gens étaient Charlie, on a entendu deux slogans qu’on n’aurait jamais imaginés : « Je suis flic » et « Je suis journaliste ». Un jour, si ça se trouve, on entendra des « Je suis curé » ou même « Je suis Copé ». Tout est possible en ce monde.

Avec ses 7 millions d’exemplaires, Charlie Hebdo va donner un joli coup de fouet à son excédent brut d’exploitation.  On dira ce qu’on voudra, mais c’est toujours mieux que d’en donner cent à des blogueurs ou à des dissidents politiques. La liberté d’expression sort-elle grandie de ce triomphe éditorial ? Difficile à dire. Une chose est sûre, il y a longtemps qu’on n’en avait pas autant parlé.

Mais une partie du sujet a été occultée... Car pendant que les peuples se demandent, aux quatre coins du monde, s’il est tolérable (et intelligent) de représenter le prophète avec une tête en forme de zizi, personne ne se pose la question de savoir si oui ou non, la liberté d’expression existe au sein de l’entreprise.

Et en entreprise, alors ?

Juridiquement, la réponse est oui : le salarié a le droit d’ouvrir son clapet comme il l’entend. Mais dans les faits…

- Dans les faits, l’entreprise est le contraire de la démocratie. D’après le code du travail, le salarié est attaché à son employeur par un lien de… subordination. Pas facile, dans ces conditions, de lui balancer ses quatre vérités à la figure.

- On n’a jamais vu, dans une convention plénière, un salarié prendre le micro et critiquer la stratégie de l’entreprise dans une chronique à la Gaspard Proust ou une imitation à la Nicolas Canteloup. Dommage.

- En 2014, la phrase la plus subversive entendue à Paris-la-Défense a été : « Dans un contexte de forte mobilité, la dynamique managériale peine à pérenniser les frameworks opérationnels qui peuvent parfois être confusants… mais pas déconnants, hein, je précise. »

- Les rapports annuels de grands groupes sont bourrés de pictogrammes exquis et de romances environnementales mais sont l’équivalent capitaliste de la Pravda.

- Avec la mode du 2.0, les entreprises adorent mettre en place des plateformes informatiques genre Facebook interne pour permettre aux collaborateurs d’exprimer et d’échanger ce qu’ils ont sur le cœur, mais l’ennui, c’est que le vrai but de la manœuvre, c’est de pouvoir dire dans les rapports annuels que l’entreprise a mis en place une plateforme informatique genre Facebook interne pour permettre aux collaborateurs d’exprimer et d’échanger ce qu’ils ont sur le cœur (avec des pictogrammes et tout). Ça limite le concept.

- Au final, chaque salarié a le droit, s’il le souhaite, de dire en toute liberté que le DG ressemble à une belette et que son plan CONVERGENCE CAP 2020 est une vieille serpillière. Il faudra juste qu’il songe à trouver un nouvel emploi.

Quelle attitude adopter face à cela ?

1/ Faire la révolution

Allez-y. Je vous regarde.

2/ La jouer fine

Je vous reconnais bien là, chers lecteurs (de plus en plus nombreux…). Si vous acceptez l’idée selon laquelle l’entreprise est un théâtre et que les relations professionnelles sont un jeu de rôle, votre destin est déjà sur de bons rails. Gardez vos convictions pour la vraie vie. Et appliquez les conseils proposés dans ces chroniques…

Eclaircie : il existe une touche de liberté d’expression dans l’entreprise : l’évaluation 360. Fait nouveau, on me rapporte de plus en plus de cas de N+1 déboulonnés à la suite d’évaluations critiques de leurs collaborateurs (quand c’est mérité, bien sûr)... Seule condition : celles-ci doivent concorder un minimum. Bon, on est peut-être plus proche de la conspiration que de la démocratie... Mais c’est un début, non ?

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