Ingénieurs : quels sont vos défauts ?

Mathieu Bruckmüller

Nos ingénieurs ont beau avoir un niveau de formation scientifique reconnu pour son excellence, ils ne sont pas exempts de défauts, loin s'en faut ! Manque de coopération et de culture générale, faible ouverture au management, lacune dans la maîtrise des langues étrangères... Pour rester aux avant-postes, à l'heure de la mondialisation, les ingénieurs vont devoir se retrousser les manches. Analyse.

Sa réputation n'est plus à faire. Fruit d'une longue tradition, l'école des Mines à Paris fut créée en 1793, l'ingénieur bénéficie d'une forte notoriété auprès du grand public. « Il est un peu perçu comme le gendre idéal », analyse le sociologue Charles Gadea. Un engouement qui a connu son apogée au 19ᵉ siècle avec de grands noms comme Gustave Eiffel.

L'image des ingénieurs se dégradent

Pourtant cette bonne étoile commence à pâlir. Un constat dressé à l'occasion d'une récente table-ronde sur la place des ingénieurs français dans le monde. « Nous avions l'image positive des polytechniciens à la tête de grands projets, créateur de richesses. Les ingénieurs sont désormais aussi associés aux risques industriels ou environnementaux comme l'illustre la marée Noire en Louisiane », décrypte le professeur à l'Université de Saint-Quentin-en-Yvelines.

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Maîtriser des enjeux complexes

En effet la mondialisation, la maîtrise de l'énergie et le développement durable sont des enjeux complexes auxquels doivent se frotter les nouveaux diplômés qu'ils soient scientifiques ou managers. Aujourd'hui, « les questions de la responsabilité sociale et du rôle de la culture chez les ingénieurs se trouvent ainsi très directement posées », souligne Alain Storck, président du Groupe INSA (Institut National des Sciences Appliquées). Former des ingénieurs « humanistes » capables de contextualiser les connaissances scientifiques et technologiques afin de bâtir des transversalités avec les humanités devient donc la grande priorité.

Plus de réflexion et moins de technique

« Les ingénieurs sont encore trop souvent de purs techniciens. Les entreprises recherchent de plus en plus des collaborateurs dotés d'une forte plasticité intellectuelle, capables de coopérer avec d'autres services. Ils doivent donc aussi être compétents en mangement, en droit ou encore en finance», souligne Stéphane Jobert, PDG de Kuribay HR Consulting, un cabinet de recrutement.

Pour y parvenir, la formation des ingénieurs doit évoluer en donnant une place plus grande aux sciences molles.

Car l'ingénieur de demain devra répondre en même temps à plusieurs problèmes connexes bien identifiés et non plus un seul comme avant. « Désormais, il doit comprendre que tout n'est pas modélisable. J'attends des ingénieurs qu'ils soient capables d'élargir le champ de leur réflexion et de s'ouvrir à d'autres raisonnements », explique Vivien, le DRH d'Arevaqui recrute chaque année plus de 2 000 ingénieurs en France.

Fini les solutions toutes prêtes. « Il faut apprendre à penser », résume l'ancienne ministre Claudie Haigneré, désormais en charge d'Universcience qui regroupe la Cité des sciences et de l'industrie et le Palais de la découverte.

Parler au moins deux langues étrangères

Une ouverture qui passe aussi par l'international. « Dans un monde aussi mouvant que le nôtre, l'anglais ne suffit plus. Il faut que nos ingénieurs parlent deux langues étrangères minimum et se dotent d'une véritable culture internationale », plaide Philippe Vivien.

« En somme, il nous faut des ingénieurs savants, mais aussi cultivés », conclut Charles Gadea.

Mathieu Bruckmüller
Mathieu Bruckmüller

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