Je ne supporte plus mon collègue, que faire ?

Tiphaine Réto

Vous ne supportez plus sa manière d'étaler ses affaires jusque sur votre bureau ni son ton condescendant. De qui il s'agit ? De votre collègue, bien sûr. Celui ou celle qui vous sort par les yeux, mais avec qui vous devez continuer à travailler... Comment s'en sortir ?

« L'Enfer, c'est les autres. » Pas besoin d'être Sartre pour le savoir. Il suffit, souvent, de faire un rapide tour de l'open space : « Olivier étale ses affaires partout... Y compris sur mon bureau. Ca m'agace. ». « Martha ne peut pas s'empêcher de hurler quand elle est au téléphone avec un client. C'est exaspérant. » « Mon chef ne prend jamais aucune décision. Impossible d'avancer dans nos dossiers. C'est insupportable ! »...

La crise a décuplé les conflits

« L'évolution de la vie en entreprise a favorisé ces « insupportabilités », observe la psychothérapeute et coach Sophie Mouchel. "L'open space ne facilite pas le bien-être, les objectifs inatteignables provoquent du stress et parfois de la rivalité qui exacerbe les tensions. Les managers sont souvent démunis par manque de formation et la personne souvent oubliée au profit de sa fonction.»

« Les paroles violentes se libèrent plus facilement qu'autrefois dans l'entreprise. La crise a décuplé les conflits », abonde Jérôme Heuzé. Consultant en formation, il est aussi l'auteur de Insupportables Collègues. « Quel que soit le milieu de travail, il y a des traits communs chez les insupportables. Nous en avons dressé une sorte d'inventaire de caractères, façon La Bruyère. Des caricatures un peu forcées qui permettent de prendre du recul avec un peu d'humour. »

 

Découvrir des qualités plutôt que se focaliser sur le défaut

Prendre du recul, c'est aussi le premier conseil de Sophie Mouchel. « Quand on a le nez dans le guidon, on ne voit pas le paysage, rigole-t-elle. Il faut essayer de ne pas donner trop d'importance à des mots ou des évènements qui ne sont finalement pas l'essentiel de votre collègue. Au contraire, fixez-vous le challenge de découvrir ses qualités plutôt que de ne voir que ses défauts. »

 

Chercher l'insupportable en soi

Et pensez aussi à regarder vos propres défauts. « Ca aide à la bienveillance. Si vous trouvez votre collègue ultra bordélique, c'est peut-être que vous êtes aussi un peu maniaque », souligne Jérôme Heuzé. « Dites vous bien qu'on ne peut pas changer les autres. On ne peut changer que soi-même », ajoute Sophie Mouchel.

 

Garder le contact

Dans tous les cas, il faut dialoguer. « On a toujours tendance à se renfermer sur soi quand quelque chose nous déplaît, note Jérôme Heuzé. Au contraire, il faut absolument garder le contact. » « Plutôt que de riposter avec agressivité, essayez de parler de votre ressenti, précise Sophie Mouchel. Votre interlocuteur sera bien plus à l'écoute. »

« Et avant d'en arriver au point de non-retour, prenez appui sur vos autres collègues pour relâcher un peu la pression », conseille Sophie Mouchel. « Suivant la récurrence et l'intensité de la réaction de votre collègue, pensez à tirer la sonnette d'alarme auprès de votre N+1, précise Jérôme Heuzé. C'est parfois de manière collective qu'un problème peut se régler. » Mais pas toujours.

 

Tout quitter pour un collègue ?

Arrivé au bout du rouleau devant le comportement paranoïaque de son manager, Serge, lui, a tranché : « j'ai préféré quitté l'entreprise et chercher du boulot ailleurs. Ca devenait totalement ingérable. Chaque fois que je bougeais le petit doigt, il pensait que c'était contre lui. » Une décision de la dernière chance pour Sophie Mouchel... « S'il n'y a rien à faire et que le comportement de l'autre vous rend malade, mieux vaut effectivement partir. Mais soyez attentif : si cela se reproduit ailleurs, il faut s'interroger sur votre façon d'appréhender l'univers du travail. »

 

Tiphaine Réto © Cadremploi.fr

Tiphaine Réto
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