Le coaching par téléphone, arnaque ou bon plan ?

Céline Chaudeau

Plus pratique, flexible et parfois même plus économique, le coaching par téléphone se démocratise. Une bonne nouvelle ? Tout dépend pour qui, et comment.

C'est quand même bien pratique. Andra Morosi a récemment suivi, de près et de loin, un manager français en poste dans un groupe en Italie. « Je ne l'ai jamais rencontré et cela ne perturbe en rien notre travail », assure cette coach, fondatrice du cabinet International Milestones. Responsable de la communication auprès d'ICF (International Coach Federation) France, cette consultante confirme que la pratique gagne du terrain dans l'hexagone. Les clients coachés par téléphone apprécient de plus en plus la flexibilité temporelle et géographique apportée par cette forme d'accompagnement. En même temps, cette pratique ne s'oppose pas au face-à face, qu'elle accompagne le plus souvent. Selon une récente étude de l'organisme, seulement 21 % des coachs européens utilisent actuellement, comme principal moyen, le téléphone pour suivre leurs clients. Le face-à-face reste la technique privilégiée par près des trois-quarts des répondants.

Et le non-verbal dans tout ça ?

« Même si le coaching par téléphone progresse en France, on est encore loin du niveau atteint aux Etats-Unis par exemple », observe Patrick Amar, coach directeur chez Axis Mundis et auteur du livre Le Coaching dans la collection Que sais-je ?. Selon ce psychologue, clinicien de formation, la France doit ce retard au « poids de la psychanalyse » dans la conceptualisation de la relation d'aide. « Moi même, sans être férocement contre, je reste mitigé sur la question », ajoute ce professionnel qui privilégie le face à face. « Le téléphone est un outil utile à utiliser avec précaution, le plus souvent avec des expatriés ou des managers qui, question de temps, ne peuvent pas faire autrement. Son principal inconvénient reste la négation de l'interaction avec le coaché. Si on ne se voit pas, cela réduit la relation à sa plus simple expression sonore alors que 90 % du message reste non verbal. » Stéphanie Roels, responsable chez Elysée Coaching, utilise, elle, le téléphone et même parfois le logiciel Skype : « Si ces outils ne sont pas suffisants et ne s'appliquent pas forcément à toutes les problématiques, ils permettent de maintenir le rythme des rendez-vous avec certains dirigeants », explique-t-elle.

Malgré tout, la plupart de ces freins tombent peu à peu selon Andra Morosi : « Au contraire, la dimension contractuelle est très grande par téléphone. On est plus efficace et on arrive plus rapidement au cœur du sujet. On n'est pas perturbé par le visuel, sans pour autant se priver du non verbal. Rien que le silence, par exemple, c'est du non-verbal. Quand on ne se voit pas, on atteint un niveau d'intimité paradoxal. »

Quelques précautions à prendre

Reste à exercer sa vigilance. « Comme c'est une profession encore peu réglementée, il faut faire attention », concède Stéphanie Roels. Risque-t-on de voir des charlatans s'improviser coach par téléphone et casser les prix ? Si l'ICF ne déplore pas encore d'imposture généralisée, Andra Morosi invite à la prudence. « Il est toujours important de vérifier qu'un coach est accrédité auprès d'une des trois principales fédérations, l'ICF, la Société Française de Coaching (SFCoach) ou l'Association Européenne de coaching (AEC). On peut aussi consulter ses publications et ses références sur le net. Enfin, il est conseillé d'en contacter deux ou trois avant de se lancer. En général, cette prise de contact est gratuite. Chacun doit pouvoir vous expliquer sa démarche déontologique. Ensuite, c'est vous qui choisissez. On dit souvent qu'un coach ne se vend pas mais se fait acheter. »

En revanche, la différence de prix, par téléphone ou en face à face, ne sera pas forcément flagrante. Voire nulle. « Pour le coaché, c'est surtout une économie à la marge, au niveau du gain de temps, analyse Patrick Amar. Un bon coach doit logiquement facturer sa prestation à peu près le même prix, quel que soit le canal utilisé. Des prix cassés par téléphone seraient un peu suspects. »

Céline Chaudeau © Cadremploi.fr

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