Les bons côtés du contrat à durée déterminée

Sylvie Laidet-Ratier

Plus de 8 embauches sur 10 en CDD ! Selon les statistiques du ministère du Travail publiées début septembre 2013, en un an, ce chiffre aurait même grimpé de 2,5 points. Si c’est un signe de précarisation de l’emploi, notamment des jeunes, certains le vivent au contraire comme une opportunité. Pourquoi il ne faut pas barrer la route à ces opportunités.

Un CDD pour se former

Emilie, chargée de projet technique, CDD de 6 mois, Mondial des métiers (Lyon)

« En tant que diplômée d’une école de communication (IDRAC), j’avais un profil très généraliste et pas vraiment d’argument différenciant sur le marché de l’emploi. J’ai donc accepté ce CDD afin d’acquérir des techniques précises (approvisionnement, logistique…) susceptibles d’enrichir et de diversifier mon CV. La durée limitée n’est pas un problème pour moi. Au contraire. Ma mission est ultra timée, j’en connais l’objectif ultime – que le salon se déroule le 6 février prochain du mieux possible. En CDI, ce n’est pas toujours facile de savoir où on va. »

UN CDD pour une rémunération intéressante

Amélie*, graphiste et directrice artistique dans la presse, en CDD 10 mois par an.

« Après 12 années en poste fixe, j’enchaîne les CDD depuis 2,5 ans. Je ne me sens pas précaire. Au contraire. En côtoyant des personnes différentes à chaque mission, je n’ai pas l’impression de subir le quotidien d’une entreprise. Les rapports avec mes boss sont plus ponctuels donc moins emprunts d’affectif. Je ne me sens pas redevable de quoi que ce soit. Les entreprises m’appellent en cas de besoin. Je suis donc en position de « force ». J’ai même réussi à négocier une hausse de salaire de 250 euros par mois lors d’un second CDD dans la même entreprise. Si j’ajoute à cela le 13e mois et l’intéressement que je ne touchais pas en CDI, mais aussi la prime de précarité et la prime de congés payés, je gagne très correctement ma vie. La contrepartie ? Être disponible et flexible. Mais ce mode de fonctionnement me convient très bien. » * Le prénom a été modifié

Un CDD pour des responsabilités rapides

Alysée, chargée de recrutement, CDD de 6 mois, Alchimie Conseil (Paris)

« À la sortie de l’IAE de Caen, j’avais 2 offres d’emploi en CDI et une en CDD. J’ai accepté ce dernier dans une TPE de 6 personnes car je me sens mieux dans ce type de structure. Les décisions se prennent plus rapidement, la proximité avec le dirigeant est importante, les responsabilités immédiates et la gestion des projets restent entières. Même si c’est un contrat précaire, c’est aussi sécurisant car, à moins d’un licenciement économique ou d’une rupture conventionnelle, c’est impossible d’être licencié. »

Un CDD pour avoir les mêmes droits qu’en CDI

Marion, chef de produit, CDD de 7 mois, groupe de cosmétique (Paris).

« Contrairement à l’intérim, bosser en CDD permet d’être traité comme un salarié de l’entreprise à part entière. On a les mêmes droits et les mêmes devoirs : intéressement, participation, prime de fin d’année, mais aussi dans mon secteur d’activité, dotations de produits. Je bénéficie des 35 heures comme les autres. J’ai été embauchée dans le cadre d’un remplacement de congé maternité, j’ai comparé et je perçois le même salaire que la personne remplacée. J’ai les mêmes responsabilités, donc, quelle que soit l’issue de ce contrat, ce sera une bonne expérience. »

    

CDD : ce que dit la loi

Pour en savoir plus : « C’est décidé, je décode mon contrat de travail »

- Un CDD pour quoi faire ? Pour remplacer un salarié absent, un salarié provisoirement à temps partiel, pour faire « l’intérim » d’un salarié partant en attendant l’arrivée de son successeur, en cas d’accroissement temporaire de l’activité.

- Quelle durée pour un CDD ? Sauf exception, un CDD ne peut pas excéder 24 mois.

- Quelle période d’essai ? À défaut d’usages ou de dispositions conventionnelles prévoyant des durées moindres, la période d’essai est de 2 semaines maximum pour les CDD inférieurs ou égaux à 6 mois et d’un mois max pour les autres.

- Quels droits pour le salarié ? Les mêmes que les autres salariés de l’entreprise. Donc même durée du travail, même repos, même accès aux équipements collectifs (transport, tickets restaurant, crèches…). Une indemnité de fin de contrat (dite indemnité de précarité) au moins égale à 10% de la rémunération brute est versée. Voire une indemnité compensatrice de congés payés si vous n’avez pas pris de vacances pendant votre CDD.

- Quel salaire ? Il doit être au moins égal à celui perçu par un salarié en CDI de qualification équivalente et occupant le même poste.

- Comment rompre un CDD ? Vous pouvez mettre un terme à votre CDD si vous justifiez d’une embauche en CDI ailleurs. Également en cas de force majeure dans l’entreprise, pour faute grave de votre part ou de l’employeur ou pour inaptitude au poste de travail constatée par le médecin du travail. Enfin, un CDD peut tourner court si les deux parties, vous et votre employeur, sont d’accord pour se séparer.

 

Sylvie Laidet © Cadremploi.fr

Sylvie Laidet-Ratier
Sylvie Laidet-Ratier

Journaliste indépendante, je réalise des enquêtes, des portraits, des reportages, des podcasts... sur la vie des salariés en entreprise. Égalité femmes-hommes, diversité, management, inclusion, innovation font partie de mes sujets de prédilection.

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