PME innovantes du Grand Ouest : un coup d'avance pour la carrière

Tiphaine Réto

Ras-le-bol de vous endormir sur les mêmes dossiers ? Lassé de ne voir vos journées rythmées par le seul bruit de la machine à café ? Et pourquoi ne pas redonner du tonus à votre parcours professionnel en faisant le pari de rejoindre une PME innovante. Dans la grande région Ouest, elles dynamisent le marché de l'emploi.

D'après vous, qui a bien pu inventer le fil à couper le beurre ? Un Breton, forcément. Ou un Normand, à la rigueur... Un gars de l'Ouest, en tous les cas. Et pour cause, puisque du Havre à Poitiers, de Brest à Orléans, les régions du Ponant ont décidé de mettre l'accent sur les innovations. « Aujourd'hui, assène Hervé Duval, délégué innovation d'Oséo Centre, il y a deux types d'entreprises : les rapides et les mortes. »

Bretagne et Pays de Loire dans les cinq régions les plus innovantes

Les créateurs d'entreprises de l'Ouest l'ont bien compris et 38 % d'entre eux, selon l'Agence pour la création d'entreprises (APCE), déclarent chercher à apporter de la nouveauté sur leur marché. Le développement de pôles de compétences ou d'excellence, l'implantation de multiples pépinières ou de gigantesques technopôles, tel qu'Atlanpole à Saint Nazaire, n'y sont pas pour rien. La Bretagne et Les Pays de Loire se tirent ainsi la bourre chaque année pour garder la 4e place des régions les plus innovantes de France. « Ceci dit, il est difficile de mesurer la part exacte des entreprises innovantes, tempère Alexandre Colomb, responsable innovation de la Chambre régionale de commerce et de l'industrie de Bretagne. D'abord, parce qu'il est tout simplement difficile de savoir ce qu'est une entreprise innovante. »

Innovantes ? Oui, mais dans quoi ?

Car l'innovation ne s'en tient pas à l'invention technique. « Aujourd'hui, une entreprise innovante, reprend Alexandre Colomb, c'est aussi une entreprise qui met en place de nouvelles techniques managériales, qui cherche de nouveaux savoir-faire commerciaux ou marketing, voire qui élabore une nouvelle politique sociale. »

Allier passion et travail

Chercheur, commercial, financier, manager... Tout le monde peut donc faire son trou dans l'entreprise innovante. Raisons de plus pour élargir le champ des possibilités et réconcilier le salarié avec la notion de plaisir. « Dans chaque domaine, on peut trouver à innover, renchérit Hervé Duval. J'accompagne actuellement un jeune de 20 ans, mordu d'équitation, qui a monté sa société pour mettre sur le marché des produits innovants pour l'entretien des chevaux. ». Une manière d'allier  passion et travail.

L'envie de s'investir

« Mais pour travailler dans une entreprise innovante, explique Yanis Souami, il faut surtout aimer un certain état d'esprit. » A 26 ans, ce spécialiste en halieutique a monté sa société en Basse-Normandie pour commercialiser un dispositif acoustique capable de dissuader les cétacés d'approcher les filets de pêche. Une révolution dans le monde de la marine. Aujourd'hui, il cherche à recruter de nouveaux collaborateurs. « Pas si simple, reconnaît le jeune homme, parce qu'intégrer une start-up demande d'avoir le goût du risque et l'envie de s'investir. »

Des salaires minorés au début...

Mobilité, dynamisme, exigence... Toutes les qualités sont nécessaires pour se lancer dans l'aventure de l'innovation. Toutes les qualités et quelques sacrifices : « C'est vrai qu'au début, les salaires sont moins importants qu'ailleurs », admet Yanis Souami. Les chiffres varient selon les secteurs d'activité, mais la rémunération des start-up, notamment, est souvent estimée à 30% de moins que dans une société traditionnelle.

Un choix payant à l'arrivée

Une réalité qui s'explique aisément, selon Alexandre Colomb : « Ce sont de toutes petites structures qui doivent bien attendre de gagner de l'argent avant de pouvoir payer leurs salariés. Mais ça, ça  fait aussi partie du deal. » Et un deal qui, finalement, participe au plaisir de travailler pour une structure innovante : « Quand on gagne son salaire, on sait qu'on s'est battu pour l'obtenir », promet Yanis Souami. Le jeune homme reste convaincu du choix stratégique de la start-up : « Il ne faut pas s'arrêter aux sacrifices à court terme, mais vraiment penser aux bénéfices au long terme. Personnellement, je suis persuadé que ce type d'aventure finit par être payant. Et pas que sur le plan financier ! »

Vie professionnelle plus motivante

Payant, le travail l'a été pour Patrick Touzeau, cofondateur de Cezzer. L'entreprise brestoise vient de décrocher un partenariat avec TF1 pour lancer son vidéo club innovant. Il ne s'en cache pas : « C'est une belle récompense et une grande fierté pour toute l'équipe. Tout le monde a dû prendre part au challenge. » Moins de routine, plus de terrain, des objectifs à défendre et des marchés à conquérir... Pour lui, comme pour Yanis Souami, la vie professionnelle a un côté plus motivant quand on adhère à un projet innovant.

Une expérience valorisante

Plus motivant et plus profitable. « Les entreprises innovantes, note Alexandre Colomb, travaillent beaucoup plus que les autres en réseaux. On partage des expériences, on échange des compétences et on élargit ses connaissances. » Un bon moyen pour pouvoir sans cesse rebondir. « Et avoir travaillé dans une start-up, c'est toujours une expérience valorisante aux yeux d'un employeur, affirme Yanis Souami. Ça prouve qu'on a envie de faire avancer une société. » Dans les deux sens du terme !

Tiphaine Réto
Tiphaine Réto

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