Portage salarial / auto-entrepreneuriat : le match

Tiphaine Réto

3000 auto-entrepreneurs nouveaux par jour. La loi Novelli, depuis son adoption en janvier 2009, a déjà fait un bon nombre d'adeptes. Simple, sans risque et sans trop de frais... Le système a les atouts pour chasser sur le terrain des sociétés de portage.

« Ca ne s'oppose pas, ça se complète. » Le cri est unanime tant du côté des sociétés de portage salarial que des têtes pensantes de l'auto-entrepreneuriat. Pourtant, devant le succès impressionnant de la loi Novelli sur le statut d'auto-entrepreneur (près de 300 000 inscrits depuis le 1er janvier 2009), les entreprises de portage pourraient bien se faire du mouron.

Plus simples et plus accessibles

François Hurel est celui par qui tout a commencé. Le Président du forum international de l'entrepreneuriat de l'OCDE a rédigé le rapport qui a permis la création de la loi Novelli. Même si, en façade, il affirme que les deux systèmes ne peuvent être mis en concurrence, il reconnaît que « là où le portage salarial offrait des opportunités, l'auto-entrepreneuriat en offre d'autres. Plus simples et plus accessibles à tous. »

Aucun risque

C'est ce qui a séduit Hélène Lelandais, « 29 ans depuis le 14 mai ». La date est importante : le jour de son anniversaire, en quelques clics sur internet, la jeune femme s'est offerte « son » entreprise, une société de prestation de secrétariat. « Depuis longtemps, je voulais savoir pourquoi je me levais le matin », se réjouit Hélène. Le système de l'auto-entrepreneuriat lui a permis de sauter le cap. « C'était extrêmement simple et je sais que je ne prends aucun risque puisqu'on ne paie des charges que sur ce que l'on gagne. » Le portage salarial ? La nouvelle auto-entrepreneuse reconnaît ne pas y avoir trop réfléchi. « Ca ne m'intéressait pas. Le fait de devoir laisser une partie de mes revenus à une société ne me plaisait pas. »

45 % contre 75 % de la facture

« C'est là, la force majeure de l'auto-entrepreneuriat », s'enthousiasme Grégoire Leclercq. Le jeune homme a lancé la première Fédération des auto-entrepreneurs il y a six mois. L'association compte déjà plus de 1 200 membres. « A qui s'adresse le portage salarial ? A plus grand monde », sourit-il avant de faire un bref un calcul. « En portage, vous touchez 45 % de ce que vous facturez. En auto-entrepreneur, vous empochez 75 %. C'est quand même plus intéressant, non ? »

Chiffre d'affaire limité

Du côté des sociétés de portage, on ne dément pas. « La loi Novelli a mis en place un excellent système, affirme Radhia Amirat, responsable de la communication du Syndicat national des entreprises de portage salarial (Sneps). Mais tout dépend de votre type d'activité. » Pour les professionnels, les deux systèmes ne s'adressent pas aux mêmes profils : « L'auto-entrepreneuriat a un chiffre d'affaire limité à 32 000 euros par an. Il est parfait pour les petites activités parallèles. Mais pour les gens qui souhaitent développer une activité principale sans avoir à se préoccuper des tracasseries administratives, le portage salarial est préférable. »

Pas le même public

Même constat pour Jean-Charles Vallet, président du Sneps. Dans sa propre société, Calleo, il enregistre une croissance de 20 % pour l'année en cours. « Le portage salarial est un confort. Nous nous adressons majoritairement à des gens qui gagnent plus de 30 000 euros par an. Un public senior qui tient, par ailleurs, à son régime général. »

Plus d'assurances avec le portage

Car là est l'équation : alors que les sociétés de portage permettent de cotiser pour la retraite et pour l'assurance chômage, l'auto-entrepreneuriat, s'il coûte peu, offre peu de protection. « C'est sur le plan des assurances que les sociétés de portage continueront à faire la différence, reconnaît Grégoire Leclercq, de la Fédération des auto-entrepreneurs. Elles accompagnent leur client un à un sur un business plan et sont donc plus à même de proposer des solutions qualifiées pour chacun. »

Observer sur la longueur

Malgré cet attrait, les chiffres gouvernementaux révèlent que les deux activités fétiches du portage salarial, conseil de gestion et services à la personne, sont à l'heure actuelle les plus représentées dans l'auto-entrepreneuriat. « On fera le point dans deux ans, propose, confiant, Jean-Charles Vallet. Une fois l'effet de mode passé, il faudra voir combien de ces nouvelles structures tiendront sur la durée. »

Des changements de statuts

D'autant plus qu'une fois le seuil des 32 000 euros atteints (80 000 euros pour les établissements à vocation commerciale), les auto-entrepreneurs passent directement au statut d'entreprise en EURL ou SARL. « Certains ne seront pas forcément préparés à ce genre de changements », prévient Radhia Amirat. Et préfèreront rechanger de statuts pour faire appel aux services d'une société de portage qui gèrera leur administratif ?... On vous l'avait dit : « Ca ne s'oppose pas, ça se complète. »

 

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