Pourquoi vous n'arrivez pas à déconnecter de votre travail

Céline Chaudeau

Vous avez l’impression de passer votre vie à travailler ? Encore un coup de ce satané smartphone. À moins que vous ne soyez une victime consentante… Explorez avec nos experts toutes les raisons qui poussent les cadres d’aujourd’hui à ne jamais déconnecter. Et qui sait, le début de la guérison !
Pourquoi vous n'arrivez pas à déconnecter de votre travail

Parce que vous avez peur de rater quelque chose

Sa première démarche quand elle reçoit des clients "intoxiqués" : leur suggérer de poser des jours de congé ou de RTT. « Je leur demande de planifier des plages de déconnexion, explique Pascale Joly. Et ensuite, on se pose les bonnes questions. » Car cela peut mal finir et elle en sait quelque chose. « Un burn out est vite arrivé, observe cette coach. Quand on n’arrive pas à résister certaines sollicitations et que cela génère du stress, il faut se demander pourquoi on n’arrive pas à décrocher. Souvent, on identifie la peur de rater une info, qui pourtant, peut souvent attendre le lendemain. » Le sentiment semble être largement partagé : selon une récente étude, 65 % des Français aspireraient à déconnecter davantage. « Les écrans nomades nous rendent service, en même temps qu'ils nous asservissent, observe Isabelle Fontaine, auteure du guide Mon cahier digital détox. Profitez-en pour vous interroger sur la tyrannie de l'instantanéité et de l’urgence. Avez-vous vraiment besoin de répondre illico presto ? »

 

Parce que vous mélangez tout

« Certaines professions, comme les enseignants et les professions libérales, emportent depuis bien longtemps du travail à la maison », commente Laurent Rodriguez, responsable adjoint du pôle recrutement chez Gan-Groupama. Mais cet expert, lui-même très connecté, reconnaît que la situation a pris une autre ampleur avec les nouvelles technologies. « Les outils nomades permettent d’emmener plus facilement du travail à la maison. La limite entre vie privée et vie professionnelle est devenue très poreuse et la notion de temps de travail fixe a perdu tout son sens. » Mais cet expert rappelle aussi que cette perméabilité va dans les deux sens. « Si on ne sait pas déconnecter du travail, en même temps, la vie privée s’est invitée au bureau car ces mêmes outils permettent de gérer des questions perso. »

 

Parce que vous pratiquez le télétravail

« Je vois bien que les temps changent, confirme Matthieu Billette de Villemeur. Je suis de plus en plus sollicité pour des formations en entreprise auprès de salariés mais aussi de leurs dirigeants. » Animateur du site teletravail.fr, il enseigne quelques bonnes pratiques pour faciliter le nomadisme et le télétravail. Qu’ils soient employés dans le public ou le privé, dans une petite PME ou un grand groupe, de plus en plus de cadres sont concernés. Mais cet expert invite aussi les intéressés à se protéger. « Si l’idée est de gagner en flexibilité horaire, ne serait-ce qu’en s’épargnant de longues heures de transport, il faut aussi savoir s’organiser et séparer la sphère travail de la sphère privée. » Cet expert sait, par expérience, que beaucoup de cadres reconnaissants ont tendance à vouloir en faire beaucoup pour justifier et garder ce privilège.

 

Parce qu’on réfléchit parfois mieux à la maison

Laurent Rodriguez l’a constaté lui aussi : le bureau n’est pas toujours l’endroit le plus facile où se concentrer. « Beaucoup de salariés travaillent en mode projet et sont soumis à des objectifs individuels, analyse ce manager. Or une bonne idée peut surgir à n’importe quelle heure, et souvent d’ailleurs hors contexte parce que justement on est plus reposé ou parce que l’on est dans un autre cadre. » Et est-ce si grave ? Pas forcément si on sait se canaliser. « Car la maison est parfois plus propice à la réflexion qu’un open space. » Reste juste à prendre quelques précautions. « Le matin, attendez une heure décente pour consulter vos mails et autres notifications, recommande Isabelle Fontaine. Le soir, soyez modéré, l'utilisation d'écrans avant de dormir perturbe la production de mélatonine, l'hormone du sommeil. »

 

Parce que vous aimez cela finalement

Car au final, même si les dangers sont réels, Pascale Joly tient elle aussi à dédramatiser un peu. « L’essentiel est de savoir pourquoi on fait les choses », résume la consultante qui estime rester comme connectée à bon escient. « On peut être déconnecté sans éteindre tous ses appareils par exemple. Pour ma part, j’en suis arrivée à un stade où j’aime voir défiler mes mails régulièrement car je sais que j’aime rester au courant des choses. Mais être déconnecté, c’est surtout s’octroyer le luxe de ne pas répondre à tout et n’importe quoi. Rester connecté… mais ne pas tout traiter. »

Céline Chaudeau
Céline Chaudeau

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