Tactiques de seniors

Sylvia Di Pasquale

Que faire si, cadre senior, vous vous faites remercier lors d'un licenciement économique à quelques années de votre retraite ? Sachez retourner à votre avantage ce qui est vu comme un handicap dans le monde du travail : votre âge.

Curieux. L'époque est au débat sur l'allongement de la durée du travail. Quant à la durée de vie moyenne, elle devrait s'étirer suffisamment dans les décades à venir. Pourtant, ces perspectives ne semblent pas effleurer le monde de l'entreprise où un quinquagénaire au chômage (ou un senior licencié) est trop souvent un cadre dont l'avenir est derrière lui.

La concurrence des jeunes

Pour autant, et malgré des difficultés, les portes de l'emploi ne leur sont pas hermétiquement closes. A condition d'emprunter les sentiers de randonnée pour y accéder, plutôt que les autoroutes. On ne recherche pas un emploi à 53 ans comme on le ferait à 35. Et l'on peut déjà réaliser quelques économies en évitant de dévaliser les kiosques à journaux à la recherche de l'annonce idéale, le portrait-robot, le profil-miroir ou l'on se reconnaît immédiatement. Car cette annonce, un autre la trouvera également à son goût, et le profil exigé lui correspondra tout aussi bien. Mais il affichera 35 ans sur son CV.

Activer son réseau

Il est plus efficace de privilégier d'autres moyens d'action. A commencer par ce qu'un quinqua aura eu tout loisirs de développer au cours de sa carrière : un réseau de relations. Il n'est pas tant question de retrouver à tout prix le compagnon de séminaire croisé il y a quinze ans, et qui pourrait vous embaucher aujourd'hui. Mais par un réseau actif, l'on pourra se tenir au courant des diverses opportunités offertes par les entreprises ciblées. Et adresser sa candidature avant même que leurs DRH n'aient le temps de songer à passer une annonce. Le problème, c'est que ce fameux réseau, de nombreux quinquas en disposent et y pensent, mais ne s'en servent pas, préférant, par un réflexe de pudeur compréhensible, le réserver pour des jours plus sombres, lorsque les autres pistes auront été explorées. Hélas, après un an, un réseau non entretenu par quelques coups de fils, déjeuners et autres contacts amicaux, n'existe plus. Alors plutôt que de commencer par éplucher les annonces et d'appeler les collègues en dernier recours, mieux vaut inverser les étapes.

Vive l'emploi temporaire !

L'autre écueil où s'échouent nombre de quinquas à la recherche d'emploi, s'appelle CDI. Plus que tout, les recruteurs craignent les quinquas donneurs de leçons, arqueboutés sur leur seule expérience passée sans désir d'aller de l'avant. Pour les convaincre que l'expérience peut se transposer au monde de l'entreprise d'aujourd'hui et qu'à cinquante ans on est toujours à même de développer de nouvelles idées, les CDD, missions d'intérim et autres contrats de free-lance sont des pistes à emprunter sans tarder. Il ne s'agit pas de palliatifs à des emplois durables, mais des galops d'essai à transformer avec l'entreprise qui a fait confiance à un cadre expérimenté sur une courte période.

Reste que toutes ces difficultés de réinsertion des cadres de plus de cinquante ans, si importantes qu'elles soient, ne devraient pas durer car, d'ici 2010, la pénurie d'emploi atteindra 440 000 postes. Et lorsque le manque se fera suffisamment sentir, les entreprises seront ravies d'accueillir à leur bord des cadres disponibles et qualifiés. Qu'ils aient 35 ou 53 ans.

Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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