Un collaborateur sent mauvais, comment y mettre le nez ?

Sylvie Laidet-Ratier

Derrière son dos, tout le monde l'appelle « pieds qui puent », mais personne n'ose lui dire que c'est devenu insupportable. Personne, sauf vous, son manager. Eh oui, c'est bien à vous de régler ce problème parfois entêtant. Nos 10 conseils à ne pas prendre avec des pincettes.

Bienveillance

Avant même de rencontrer ce collaborateur, dites-vous que vous allez lui rendre service. Vous taire reviendrait à l'isoler définitivement du groupe ou de l'équipe.

Discrétion

Convoquer le(la) malodorant(e) de façon discrète dans votre bureau pour un entretien individuel.

Personnalisation

Appelez-le par son prénom afin de placer d'emblée la conversation sur un terrain plus personnel.

Rassurer

« Il faut de suite le tranquilliser sur l'objet du rendez-vous en exprimant un signe de reconnaissance fort. Par exemple, « ce que je vais te dire, ne remet pas en cause ton travail » insiste Eric Teyssier d'Orfeuil, fondateur dirigeant de Pygmalion Communication et coach membre de l'ICF, une association professionnelle de coaching

Prendre ses responsabilités

Ne dites pas, « j'ai entendu dire », « on m'a rapporté que.. ». Non, assumez vos responsabilités en employant le « moi, j'ai du mal à travailler à côté de toi... ». Parlez en votre nom.

Exposer les faits clairement

« Rien de pire que de tourner autour du pot. Si c'est un problème d'haleine, de sueur..., mieux vaut jouer franc jeu » insiste Eric Teyssier d'Orfeuil.

Le questionner

« En es-tu conscient ? » est THE question incontournable. « Si la réponse est négative, il se peut que le changement de comportement du collaborateur visé soit radical et rapide. Si en revanche, il en est conscient mais n'a rien pu mettre en œuvre pour améliorer la situation, il est d'autant plus important de se montrer délicat » observe Muriel Mounoury, coach au sein du cabinet Westpoint Carrières Management. S'il est dans le déni, inutile d'insister, laissez-le réfléchir et reparlez en plus tard. S'il est en colère contre une telle intrusion dans sa sphère privée, prenez le temps de lui expliquer que votre démarche est constructive et vise à éviter un plus grand isolement futur. « Quelle que soit sa réaction, il y aura nécessairement un changement de sa part » remarque-t-elle.

Trouver des solutions

Passé le cap de la prise de conscience, amenez le collaborateur à trouver ses propres solutions au lieu de lui servir vos recettes. Tout simplement en lui demandant ce qu'il compte faire pour remédier à cette gêne. S'il s'agit d'un problème d'ordre médical, vous pouvez lui proposer de rencontrer le médecin du travail.

Mentir (un peu)

Pour le décomplexer, Eric Teyssier d'Orfeuil conseille de pratiquer (en option) « le pieux mensonge » : « par exemple en soulignant que cela vous est également arrivé et que vous avez solutionné votre problème d'haleine avec des petits bonbons rafraîchissants ».

Roue de secours

« Si les rapports avec ce collaborateur sont un peu tendus, mieux vaut déléguer cette tâche à une tierce personne. Par exemple le DRH » conseille Muriel Mounoury.

 

 

Témoignage :

Marc-Antoine, chef d'agence dans un grand groupe de travaux publics.

« J'ai eu dans mon équipe une personne qui dégageait des odeurs de pied nauséabondes. Peu de temps après son arrivée, des plaintes de ses collègues me sont remontées. Etant le responsable hiérarchique du malodorant, je me devais d'agir. La question était de savoir s'il en était conscient. Et si oui, pourquoi il n'y remédiait pas. J'ai donc reçu ce salarié et lui ai clairement expliqué la situation et les nuisances causées à son entourage professionnel et à moi-même. Sa réponse a été claire : oui, il en était conscient mais ne pensait pas gêner ses collègues se trouvant dans des bureaux plus éloignés. Je lui ai demandé de faire le nécessaire. Le lendemain, il s'était parfumé les pieds... à la satisfaction générale, mais cela n'a duré qu'un temps. Depuis, il a quitté l'entreprise faute de compétences ».

 

On évite...

=> L'humour : Exit le flacon de parfum déposé discrètement sur son bureau.

=> La provoc en public : pas question de lancer à la cantonade « Jules, t'as oublié de passer par la case douche ».

 

Pascal Greboval © Cadremploi.fr - 2010

Sylvie Laidet-Ratier
Sylvie Laidet-Ratier

Journaliste indépendante, je réalise des enquêtes, des portraits, des reportages, des podcasts... sur la vie des salariés en entreprise. Égalité femmes-hommes, diversité, management, inclusion, innovation font partie de mes sujets de prédilection.

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