Team building : est-ce vraiment efficace ?

Sylvie Laidet-Ratier

Un séminaire le matin, un cours de cuisine le midi, un « business case » l'après-midi et pour conclure, une dîner dansant. Le tout avec vos collègues et votre manager. Voire avec le big boss France. Vous n'en rêvez pas forcément et pourtant votre employeur se plie en quatre pour ces opérations de team building. Le jeu en vaut-il la chandelle ? Enquête.

C'est quoi le team building ?

Littéralement traduisible par « construction d'équipe », le team building est un processus permettant de développer les valeurs collectives au sein de l'entreprise. Et ce, à travers des activités évènementielles (cours de cuisine, stage dans le désert, parcours dans les branches, murder party...) ou des séminaires plus classiques. « L'idée de base est de favoriser la cohésion d'une équipe, la qualité de ses processus de travail pour lui permettre à la fois d'atteindre ses objectifs et de favoriser le développement de ses membres. Les deux étant liés », détaille Pierre Cauvin, dirigeant d'Osiris Conseil et auteur de La cohésion des équipes.

 

Quand monter une opération de team building ?

« En fait, ce devrait être une activité normale, ne nécessitant pas de circonstances particulières. Comme une voiture, une équipe ; ça s'entretient ! Mais bien sûr, certaines difficultés amènent à s'en préoccuper davantage. Il ne faut pas cependant que les problèmes soient tels (restructuration...) que le team building en deviendrait manipulateur ou dangereux pour les participants », argumente Pierre Cauvin. Dans le cabinet de recrutement Uptoo, les opérations de team building, c'est 4 fois par an. « Notre entreprise est en pleine croissance, ces rendez-vous permettent de souder l'équipe. En cas de difficultés, les collaborateurs seront ainsi plus fidèles », argumente Didier Perraudin, directeur associé.

 

Est-ce bien utilisé par les employeurs ?

Impossible d'être catégorique sur ce point. En tout cas pour que cela fonctionne, il ne faut pas faire des opérations « one shot » c'est-à-dire, 2 ou 3 jours de séminaires sans aucun suivi derrière. « Après la journée de séminaire, nous allons toujours faire la fête dans un resto parisien branché. Et puis, tout au long de l'année, je réunis commerciaux et consultants, donc potentiellement des équipes susceptibles de s'affronter, afin qu'ils oeuvrent ensemble en faveur des clients », explique Didier Perraudin.

 

Est-ce efficace ?

« Oui surtout s'il y a suivi et continuité. Sans ça, on a un séminaire plaisant laissant un bon souvenir... et on passe à autre chose », prévient Pierre Cauvin. Pour Didier Perraudin, ce genre d'opérations visant à entretenir la culture d'entreprise, n'est efficace que si « cela permet de donner de la légèreté au business, si l'on peut rire et se lâcher. Les salariés ne sont plus dupes des séminaires au cours desquels on leur demande leur avis alors que tout est déjà joué d'avance ».

 

Quelle conduite adoptée lors d'un team building ?

« Les cadres doivent prendre ses rendez-vous au sérieux. S'investir personnellement, faire preuve de réactivité et garder leur esprit critique », conseille Pierre Cauvin. Même dans une ambiance de fête ou en tong au bord d'une piscine, il faut rester vigilant et ne pas se croire tout permis. Attention, aux fins de soirée arrosées où les paroles dépassent parfois les pensées. En toute circonstance, le boss reste le boss ! Pour éviter tout mélange des genres, Didier Perraudin et ses managers préfèrent s'éclipser après le repas et laisser ses collaborateurs faire la fête entre eux.

Sylvie Laidet-Ratier
Sylvie Laidet-Ratier

Journaliste indépendante, je réalise des enquêtes, des portraits, des reportages, des podcasts... sur la vie des salariés en entreprise. Égalité femmes-hommes, diversité, management, inclusion, innovation font partie de mes sujets de prédilection.

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