Apprendre l'anglais : les défis des adultes débutants

Régis Delanoë

Quand certains font preuve d’une facilité désarmante à maîtriser l’anglais, pour d’autres, l’épreuve reste presque insurmontable. Pourtant, même pour ces grands débutants, il est possible de progresser et de se débrouiller dans cette langue étrangère, à condition de de venir à bout de quelques obstacles.

Le manque de confiance

« Vous êtes généralement bien meilleur en anglais que vous ne le pensez. » Tel est le message martelé par les coaches interrogés, notamment Christina Rebuffet qui précise : « Quand un Français a face à lui un anglophone qui essaie de communiquer en français, il fait preuve de beaucoup d’indulgence et parvient la plupart du temps à comprendre le sens des phrases sans que celles-ci ne soient parfaitement dites. La situation contraire est tout aussi vraie. » Autrement dit, il faut oser s’exprimer en anglais, même si vous ne disposez que d’un niveau scolaire de base. « C’est en pratiquant qu’on progresse, assure Yvonne Forward, formatrice en anglais. L’expression orale d’une langue étrangère reste un vrai défi pour beaucoup de Français. Pourtant, on se rend compte qu’à l’écrit ils savent se débrouiller. C’est donc plus une question de blocage mental et de manque de confiance en soi qu’un réel problème de niveau. » Ce n’est pas parce que vous n’avez jamais eu le rythme dans la peau que la piste de danse vous est interdite.

 

Une vision trop académique

Pour Cyril Erbin, professeur d’anglais en milieu professionnel, le défi pour ceux que l’anglais rebute est d’imposer cette langue dans leur vie. « Il faut se détacher de la vision académique et l’aborder de manière ludique, comme une fenêtre vers une autre culture. Se familiariser avec cette langue au quotidien permet de l’accepter plus naturellement. » Il préconise ainsi aux mélomanes d’essayer d’apprendre les paroles de leurs chanteurs anglophones préférés, ou encore aux amateurs de cinéma de privilégier les films en version originale, d’abord avec les sous-titres en français, puis en anglais, puis sans sous-titres. Comme un enfant s’habituant à pédaler d’abord avec les roulettes puis en finissant par ne plus en avoir besoin.

 

Un vocabulaire limité

« Le niveau global de conjugaison en anglais est correct car c’est ce qui est inculqué à l’école mais le manque de pratique chez certains pose un problème de vocabulaire. » C’est la constatation faite par Aïssa Khodri, dirigeant de l’Institut des langues de spécialité (ILS). Le défi pour ces personnes est donc de s’outiller avec un minimum de mots usuels, en se concentrant sur les mots en lien avec leur activité professionnelle : le champ lexical de la vente pour les commerciaux, de l’informatique pour les ingénieurs système… « Certains ont l’impression que c’est insurmontable car ils voient la langue comme un ensemble indistinct, constate Cyril Erbin, alors qu’il ne s’agit que d’un assemblage de petites briques. » Ces petites briques étant les mots à assimiler puis à utiliser à bon escient dans une phrase. Une technique partagée par Christina Rebuffet, qui préconise de « jouer la simplicité. Inutile de vouloir construire des phrases complexes : visez la clarté, le factuel. C’est le meilleur moyen de se faire comprendre d’un interlocuteur anglophone. »

 

Un manque de rythme

Les Français ont la réputation d’avoir un accent anglais à couper au couteau. Est-ce vrai ? « Là encore, il faut être décomplexé par rapport à ça, assure Cyril Erbin. Nous-mêmes avons parfois du mal à toujours bien nous comprendre avec les accents régionaux. Il en va de même de l’anglais américain ou écossais par exemple. Donc mieux vaut ne pas chercher à imiter un accent ou un autre et garder son accent français. » En revanche, le travail de prononciation pour les débutants passe plus par la rythmique des phrases et l’intonation. Comme le fait remarquer Christina Rebuffet, « il y a une certaine platitude dans la manière de parler français qui diffère de l’anglais. Un Français qui parle anglais de la même manière qu’il parle sa langue natale aura plus de mal à se faire comprendre des anglophones. Il faut varier ses intonations, faire chanter les mots avec enthousiasme. » Illustration avec Cyril Erbin : « Le terme "notice" est utilisé dans les deux langues, mais si vous le prononcez à la française, un anglophone ne comprendra pas forcément. Vous devez accentuer la première syllabe. » Un travail qui passe d’abord par de l’écoute puis par des exercices oraux.

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Régis Delanoë
Régis Delanoë

Après un Master obtenu à l’Institut d’études politiques de Rennes, Régis Delanoë s’est mis à son compte en tant que journaliste indépendant. Multitâche, il travaille depuis plus de dix ans dans le vaste domaine de la presse écrite et web. Enquêtes, reportages, interviews et veille de l’actualité : il s’est notamment spécialisé dans le secteur de l’emploi et de la formation, s’intéressant de très près aux nouvelles tendances et aux évolutions à venir en la matière.

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