Atelier interculturel : la formation « kick off » en anglais

Marion Senant

Que peut-on attendre d’un atelier d’une journée consacré à l’anglais ? Certainement pas de devenir bilingue, c’est entendu. Mais alors… à quoi servent ces formations très courtes, centrées sur une thématique particulière, qui se multiplient dans les organismes de formation ? Cadremploi a mené l’enquête.

« You come frome England » (Vous venez d’Angleterre). Nick Rogers, formateur chez Telelangue ne bronche pas. Puis, au bout de quelques secondes, il s’anime : « Do you mean, do I come from England ? » (Vous voulez dire : est-ce que je viens d’Angleterre ? », s’exclame-t-il. Face à lui, ses stagiaires du jour acquiescent, un peu perplexes. Le formateur (qui vient en réalité de Nouvelle Zélande) leur explique alors : « l’anglais est une langue beaucoup plus accentuée que le français. Si vous ne marquez pas l’inflexion dans une question, votre interlocuteur ne va pas ‘‘entendre’’ le point d’interrogation. Il ne va pas comprendre que vous lui posez une question ! ».

Une formation pour se sentir à l’aise dans son job

Les malentendus, les interprétations hasardeuses, le manque de nuance… dans un cadre professionnel, tout cela peut être assez handicapant. C’est justement pour se former à l’art de la réunion en anglais que cinq stagiaires sont réunis aujourd’hui. La plupart d’entre eux utilisent l’anglais au quotidien et leurs difficultés avec la langue de Shakespeare les placent dans des situations inconfortables. « Je participe à beaucoup de réunions très techniques avec les équipes américaines, explique Adil Majdoub, ingénieur en mécanique chez General Electric (GE). Ma hantise, ce sont les questions ; j’ai toujours peur de ne pas comprendre dès qu’on sort de mon domaine d’expertise ».

Souvent, ils font appel à des collègues plus à l’aise en anglais pour leur traduire les questions qu’ils ne comprennent pas, mais cette solution est loin d’être idéale. « Ça n’est jamais agréable de se retrouver en difficulté dans son travail… et ça n’améliore pas sa confiance en soi », analyse Joëlle Zumbihl, Command Leader également chez GE.

Savoir poser une question en anglais

Pendant une journée, ils vont donc découvrir les trucs et astuces pour prendre la parole dans une réunion en anglais. Et quand on ne parle pas parfaitement anglais, la première chose à savoir en réunion : c’est faire comprendre à son interlocuteur qu’on n’a pas saisi ce qu’il vient de dire. Quand Nick Rogers demande à ses stagiaires comment ils s’y prennent, ils répondent « Can you repeat please ? » « Si vous dites ça à un anglophone, il va répéter ce qu’il vient de dire mot pour mot, car il va croire que vous n’avez pas entendu ce qu’il vient de dire », prévient le formateur. Il présente alors aux stagiaires toute une série d’expressions idiomatiques qui permettent de faire comprendre, poliment, qu’on a besoin que son interlocuteur reformule son propos.

La journée de formation 100% en anglais se poursuit par un jeu de rôle. Chaque participant prend le rôle d’un manager qui doit défendre son point de vue lors d’une réunion. Les premiers pas sont timides, mais les stagiaires entrent dans le jeu rapidement.

Apprendre à « habiller » son propos

L’après-midi, place à l’aspect plus « interculturel » de l’apprentissage. Le jeu de rôle du matin a montré que les stagiaires avaient besoin « d’habiller leur propos ». C’est le problème quand on ne maîtrise pas bien une langue, on va choisir des tournures de phrases très directes, pour éviter les fautes. Le problème, c’est que les Anglo-Saxons, en particulier les Britanniques, maîtrisent largement l’art de la litote. Ainsi un « I don’t quite agree » peut se traduire littéralement par « Je ne suis pas tout à fait d’accord », mais, selon le ton employé, un anglophone pourra aussi bien vouloir dire : « Je ne suis pas du tout d’accord avec ce qui vient d’être dit ! ». Ce sont ces subtilités qui manquent aux stagiaires et que Nick Rogers va tenter de leur transmettre.

Après une nouvelle série d’exercices, les participants se lancent dans un nouveau jeu de rôle. Cette fois, en plus du fond, il faut travailler la forme, pour arriver à convaincre, tout en subtilité, un interlocuteur britannique du bien-fondé de son propos. Le conditionnel (« should », « would ») et les adverbes du type « slightly » font leur apparition dans le vocabulaire des stagiaires.

Acquérir une « boîte à outils » pour les réunions en anglais

Bien évidemment, on ne ressort pas de ces formations entièrement bilingue, capable d’animer une réunion au sommet en anglais. Pour Adil Majdoub, la formation lui a donné une sorte de « boîte à outils » pour ne plus être perdu en réunion. « Je n’avais pas conscience de l’importance d’habiller ainsi son discours », note Hugues Desbarats, Head of IT Production chez GE. Quant à Julien Sterniak, Aviation Manager chez Total, la formation tient le rôle de « kick off » (coup d'envoi, ndlr) : « avec l’atelier, on est au cœur de l’environnement de l’anglais professionnel. Cela permet de se motiver pour progresser ».

Marion Senant © Cadremploi

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