Les mauvaises raisons de se lancer dans un MBA

Céline Chaudeau

Vu le travail et l’investissement personnels demandés, les candidats ont intérêt à s’interroger sur leurs motivations… et leur pertinence. Car si les bénéfices sont réels, les mauvaises raisons de se lancer ne manquent pas non plus !
Les mauvaises raisons de se lancer dans un MBA

Se dire (juste) que c’est un plus sur son CV

Évidemment, ce n’est pas faux. Mais inutile, selon les experts de la question, de se lancer dans un MBA sans penser au coup d’après. « Un des critères de sélection pour être accepté dans notre Executive MBA est d’afficher un projet cohérent, commente Jean-François Chanlat. On ne passe pas un diplôme juste pour le plaisir d’avoir un diplôme en plus. » Le directeur du MBA de Paris-Dauphine insiste sur l’investissement personnel demandé. « Quand on suit un cursus de 22 mois, avec un emploi et souvent une vie de famille à mener de front, il vaut mieux savoir où l’on veut aller précisément pour rester motivé. »

 

Parce que je veux prendre la place de mon chef

De la même manière, un MBA n’est pas un sésame pour une promotion automatique. « Ce n'est pas parce que vous faites un MBA que, soudain, dans votre entreprise, le regard des autres sur vous va changer », observe Guillaume Pican, directeur du département ressources humaines chez Michael Page. Même si devenir manager est un objectif louable, la réussite d’un tel projet ne se décrète pas avec un MBA. « On ne se lance pas dans un tel cursus en espérant prendre la place de son chef du jour au lendemain. Même si un MBA peut aider, il faut avant tout se poser, de façon plus globale, la question de comment y arriver. Le MBA est une étape utile mais en soi pas suffisante. »

 

Parce que je veux gagner plus (et vite)

« La plupart des diplômés apprécient énormément l'expérience transformatrice du MBA, reconnaît Mariana Zanetti, auteure de l’essai Le MBA est-il un investissement rentable ?. Diverses études montrent que les salaires des MBA sont substantiellement supérieurs à ce que perçoivent ceux qui n'ont pas ce diplôme. » Mais pour cette consultante – elle-même titulaire d’un MBA - il ne faut pas se tromper de calcul, et prendre aussi en compte le coût financier, le temps et la charge personnelle qu’implique. « C’est en effet une très mauvaise raison de sa lancer dans un MBA pour pouvoir dire que l’on vaut soudain tant ou que l’on espère gagner 30 % de plus, confirme Guillaume Pican. Évidemment que cela va servir, mais surtout à travers la plus-value professionnelle et intellectuelle que le cursus génère. Et il ne faut pas espérer récolter de bénéfice financier avant trois ou cinq ans, voire plus. »

 

Penser que ce n’est pas si difficile

Enfin, une ultime mauvaise raison, en général vite tempérée par les écoles, consiste à sous-estimer l’effort à fournir. « Quel que soit le format choisit, je préviens que la formation va être longue et intense, avertit Driss Aït Youssef, président de l’Institut Léonard de Vinci. Même si on opte pour un format à temps partiel avec quelques jours seulement de cours par mois, le travail personnel requis est très important, et souvent d’autant plus lourd que la plupart d’entre nous ont perdu l’habitude d’aller en cours et de travailler à la maison. » « Il y a vraiment beaucoup de travail, abonde Jean-François Chanlat. Ce n'est pas parce que l’on est pris et que l’on paye que l'on va forcément avoir son diplôme. Il faut vraiment se poser les bonnes questions. »

 

Céline Chaudeau
Céline Chaudeau

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