Coronavirus et recrutement pendant le confinement : 6 cadres racontent leur intégration

Sylvie Laidet-Ratier

TEMOIGNAGES – Ils se faisaient une joie de débuter leur nouveau boulot, de rencontrer leur nouvelle équipe… Et puis patatras ! Le Covid-19 est passé par là et les voilà embauchés certes, mais confinés chez eux. 6 cadres nous racontent par le menu leur intégration à distance dans leur nouveau job. Et partagent avec vous les trucs qui ont bien fonctionné.
Coronavirus et recrutement pendant le confinement : 6 cadres racontent leur intégration

Des calls en fin de journée avec les personnes clés

Embauché le 16 mars : J-1 avant le confinement

Hussein Barakat, responsable de la direction de projet chez Golem.ai

Une demi-journée ! Voilà le temps passé par Hussein Barakat dans les locaux de sa nouvelle entreprise. Car à midi le 16 mars, comme tous les autres salariés, il prend son ordinateur sous le bras et file s’installer chez lui en total remote. « C’est compliqué de ne pas avoir vu tous les autres collaborateurs et surtout ne pas comprendre comment fonctionne l’entreprise en mode normal. Là, je suis arrivé, la boîte était déjà en pleine gestion de crise », raconte-t-il. Pour pallier cette distance, dès les premiers jours, Hussein s’inscrit à tous les calls possibles. Il lit (voire dévore) tous les notes internes et cale des réunions de fin de journée avec les personnes clés de chaque projet. « Mon intégration se passe mieux que ce que je craignais mais c’est vrai qu’au bout de 3 semaines de confinement, donc loin des équipes, il m’est plus difficile de les motiver car je ne connais pas vraiment les leviers qui leur sont propres », argumente-t-il. Tout en se déclarant également rassuré par la maturité digitale de l’entreprise dont les outils permettent une totale efficacité et réactivité.

 

Poser des questions sur le vocabulaire maison

Embauchée le 30 mars : J+ 14 après le confinement

Angèle Costiou, cheffe de projet marketing et communication chez Deepki

C’est sûr, cette jeune diplômée n’est pas prête d’oublier son premier CDI. Confinement oblige, c’est donc à 100% en télétravail qu’elle attaque sa longue vie professionnelle. Pour lui faciliter la tâche, le vendredi précédent son embauche effective, son employeur lui adresse un Welcome Pack. Au programme, une présentation de la boite, des équipes et du rôle de chacun mais aussi des précisions sur la mutuelle, l’accès aux bulletins de salaire, un tuto pour intégrer une signature mail… sans oublier un accès à sa messagerie et le calendrier des réunions de la semaine à venir. Le lundi matin, la voilà donc fin prête, tranquillement installée dans une pièce calme chez ses parents, pour attaquer sa première journée de vrai boulot. Ses 2 homologues cheffes de projet la convient d’emblée à une visio. Elle enchaine avec un autre meeting vidéo avec quelques membres de l’équipe marketing pour terminer cette première journée avec un débriefing vidéo. « J’ai par exemple posé des questions sur le vocabulaire maison afin de mieux appréhender les projets en cours. Le reste de la semaine, j’ai continué à participer à des visios pour découvrir l’entreprise tout en menant à bien quelques traductions par exemple », illustre-t-elle ravie que le confinement n’ait pas conduit son employeur à annuler son embauche.

 

Eviter les impairs grâce à l’observation

Embauchée le 23 mars : J+7 après le confinement

Sylvie Fernandes, directrice communication de CCFD Terre Solidaire

Une semaine avant son arrivée effective (enfin façon de parler), Sylvie Fernandes contacte le DRH et la déléguée générale de l’association pour savoir si son embauche est toujours pertinente ou pas. « Cette période de Carême est vitale pour le CCFD en matière de collecte de fonds. Et avec le crise du Covid, il fallait rapidement trouver d’autres canaux de collecte. Mon arrivée était impérative », se souvient-elle. Avec un bonne pression sur les épaules, et sans avoir jamais rencontré son équipe, elle se lance dans le grand bain en total remote. La première visio lui a permis de se présenter, de « montrer sa tête », de voir le staff en face et d’identifier les urgences. Grâce à de nombreux calls, visios, messages & co, elle collecte les infos et perçoit une volonté des équipes de faire en sorte que son intégration se déroule bien. Ouf ! « Quand on arrive dans une nouvelle équipe, le risque est toujours grand d’alourdir les processus en place, de rajouter du travail… Et à distance, le risque est encore plus grand. Donc, tout en étant opérationnelle, j’ai pris le temps de décrypter le mode de fonctionnement des uns et des autres afin de ne pas faire d’impair », explique-t-elle, impatiente de les rencontrer pour de vrai afin de profiter (enfin) des échanges informels autour de la machine à café.

 

 

Montrer son opérationnalité en rentrant dans le cœur des dossiers

Embauché le 10 mars : J-7 avant le confinement

Damien Guth, directeur adjoint exploitation et maintenance chez Clésence

Le onboarding classique avec son lot d’infos RH, processus and Cie, attendra la fin du confinement. Depuis sa prise de poste, Damien Guth enchaine les réunions à distance pour être le plus opérationnel possible. Pas toujours facile pour ce cadre qui, lors de sa première semaine de boulot chez Clésence, n’a pu faire connaissance qu’avec une partie de ses équipes. Celles de Compiègne et de Soissons étant déjà confinées lors de son arrivée. « Ce n’est pas l’idéal, mais on n’a pas d’autre choix. Mon arrivée était annoncée donc lors de la première visio, je me suis rapidement présenté avant de rentrer illico dans le cœur des dossiers. Mes 20 ans passés dans le secteur du logement social et ma connaissance des fournisseurs, facilitent évidemment mon intégration et le fait que je sois opérationnel de suite, même à distance. Je parle déjà le même langage que mes interlocuteurs, ça aide », raconte-t-il volontiers.

 

Participer aux e-cafés quotidiens

Embauché le 23 mars : J+7 après le confinement

Bruno Lajoie, data scientist et teach leader chez Le Wagon

Pour cet ancien free-lance du Wagon, signer un CDI était un moyen de rejoindre un collectif de travail et d’avoir un espace de travail identifié. Voilà pour la théorie. Car en pratique c’est sur son ordinateur et depuis chez lui qu’il a paraphé en ligne son contrat de travail et qu’il bosse depuis cette date-là. Grâce à des outils digitaux performants, son onboarding est en cours. « J’ai accès à tous les documents maison sur une espèce de grand drive. Donc je prends connaissance des fichiers corporate, des derniers articles de presse sur l’entreprise, de l’organigramme, des rôles de chacun… le tout est truffé de liens hypertextes afin d’aller encore plus loin. Et quand j’ai une question, j’appelle les gens en direct », illustre la nouvelle recrue en pleine période d’intégration. Pour son premier jour, le CTO du Wagon l’a présenté à tous via Slack et Bruno Lajoie a passé sa journée avec 20 collaborateurs sur Zoom à l’occasion de l’engineering week un peu revisitée. « Chacun a présenté ses projets donc j’ai fait le plein d’infos et moi, j’ai insisté sur mes bonnes pratiques dans mes précédents postes», raconte-t-il. Pour recréer au maximum une ambiance de bureau, il participe au e-café quotidien et se connecte dans une chambre virtuelle où fusent les questions et les blagues comme dans un vrai open space.

 

Accumuler les réunions, e-cafés et lectures pour s’informer à vitesse grand V

Embauchée en alternance (formation à la Rocket School) le 26 mars : J+10 après le confinement

Isabelle Leclaire, digital business manager chez Platform.sh

Avant même le jour J, cette quadra a reçu chez elle 3 colis de bienvenue chez Platform.sh. Un avec ses nouveaux outils de travail (ordinateur, etc), un deuxième avec des accessoires visant à réduire les RPS (rehausseur d’ordinateur par exemple) et un troisième colis surprise. A l’intérieur, une guirlande de bienvenue et nombreux de petits mots de welcome à bord. Équipée et motivée, elle se connecte donc le jour J pour son premier meeting en visio et avec des partages d’écran. « A chaque réunion, je fais le plein d’informations afin d’en apprendre le maximum sur l’entreprise en hyper croissance. Les cafés virtuels sont également l’occasion d’en savoir plus. En 7 jours, j’ai rencontré virtuellement 7 collègues de 7 pays différents. L’entreprise a également une forte culture de l’écrit, donc tout est tracé et accessible. J’ai travaillé dans des structures de taille différente, en France et à l’étranger, et c’est bien la première fois qu’en si peu de temps je suis aussi rapidement partie prenante de la boite », explique-t-elle. Tout en prenant soin de préciser que « rien ne peut remplacer le fait de pouvoir taper sur l’épaule de quelqu’un pour échanger avec lui ».

Sylvie Laidet-Ratier
Sylvie Laidet-Ratier

Journaliste indépendante, je réalise des enquêtes, des portraits, des reportages, des podcasts... sur la vie des salariés en entreprise. Égalité femmes-hommes, diversité, management, inclusion, innovation font partie de mes sujets de prédilection.

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