J. Berecibar et J. Bent (PASàPAS) : "Nos salariés détiennent 42% de l'entreprise"

Sylvia Di Pasquale

Les co-fondateurs de la PME PASàPAS défendent des valeurs de partage avec leurs salariés, y compris des bénéfices.

Des salariés bien traités peuvent-ils doper la croissance d’une entreprise ?  « C’est une évidence », acquiescent de concert Jesus Berecibar et Jeroen Bent. Ils ont fondé PASàPAS il y a 7 ans et, depuis, enregistrent des hausses annuelles de 20 % de leur chiffre d’affaires, minimum. Tout en décrochant, en 2014, la deuxième place – dans la catégorie des entreprises de moins de 500 salariés –  du très convoité palmarès Great Place To Work qui distingue les entreprises où il fait bon travailler.

Zéro turnover

Ces experts en informatique SAP ne s’en cachent pas : ce sont des patrons « plus libres que libéraux » et ne sont pas prêts à faire n’importe quoi pour voir leur courbe de croissance s’envoler. Surtout pas à presser leurs salariés comme les premiers citrons laborieux venus. « Les gens qui viennent travailler chez nous cherchent à retrouver du sens dans leur travail. Chez nous, ils ne sont pas perdus dans la matrice… ils sont responsabilisés. Ils ont l’autonomie pour s’engager au nom de l’entreprise du début à la fin de leur mission et c’est ce qu’ils apprécient. » Résultat : un taux de turnover qui culmine à 0 % dans un métier hyperspécialisé où leurs consultants sont chassés tous les jours.

Partage des connaissances… et des bénéfices

Pour les deux hommes, bien traiter leurs 62 salariés n’est pas une action de charité. « Des consultants impliqués facilitent le business.  Ils ont envie de réussir, de coopérer et d’aider le client à trouver une solution.» Des salariés heureux font des clients fidèles, CQFD. Il faut dire que les deux co-fondateurs encouragent la coopération à tous les étages. « Dans le monde SAP, les consultants ont tendance à protéger leurs connaissances pour doper leur propre valeur marchande. Pas chez PASàPAS. Les nôtres partagent naturellement et mettent bout à bout leurs connaissances. Ainsi, ils sont plus rapidement compétents sur davantage de modules du logiciel. » Mais ce n’est pas tout. Les co-fondateurs partagent aussi les bénéfices : 23 % de la marge opérationnelle est redistribuée aux salariés. « Ils peuvent augmenter de 20% leur salaire », traduit Jereon Bent.

… et bien-être au travail

Et le télétravail ou le 4/5ᵉ ? Ils sont encouragés. La convivialité ? Elle est entretenue par des rituels mensuels comme ces « Restons groupés » ou ces fiesta improvisées pour un nouveau contrat ou un anniversaire. Surtout, la discussion, la remise en question est encouragée. « Les salariés doivent agir comme un contre-pouvoir » souhaitent ces patrons pas franchement campés sur leur position.

PME 100% française

Et puis, ici, la délocalisation chère à l’informatique, on n’en veut pas. « Le client ne tombe pas sur un call center. Et l’expert au téléphone est le même que celui qui se déplace dans son entreprise », insiste Jesus Berecibar. La meilleure manière selon lui d’obtenir le même turnover minimaliste chez ces clients qu’avec ses salariés.

 

@Syl_DiPasquale

Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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