« L'industrie de pointe continue d'embaucher »

Sylvia Di Pasquale

L'industrie de pointe résiste aux plans sociaux et aux fermetures de sites. Elle crée même des emplois. A la tête d'une PME prospère, Laurent Vronski confie au Club emploi ses difficultés d'embauche.

 

On l'a peut-être enterrée trop vite. Car l'industrie française bouge encore. «L'industrie de pointe va même bien, » ajoute Laurent Vronski. Le directeur général d'Ervor, une PME spécialisée dans les compresseurs d'air sur mesure, sait de quoi il parle. Il affichait une croissance de 5 % pendant la crise. Cette année encore, il prévoit 5 à 6 embauches de cadres, de techniciens et même de magasiniers. Et son cas n'est pas isolé puisque, selon une étude du Groupe des fédérations industrielles, cette branche devrait créer 150 000 emplois par an pendant les cinq prochaines années. « Attention, il est vrai que l'industrie de process va continuer de délocaliser vers les pays à bas coûts de main d'œuvre. A l'inverse, l'industrie de pointe va continuer d'embaucher. Et j'ai la chance de faire partie de cette catégorie. »

Recruter devient plus difficile

L'horizon paraît dégagé pour sa petite entreprise gennevilloise fondée en 1946. S'il n'y avait cette difficulté récurrente à recruter. « A force de nous répéter depuis trente ans que l'industrie s'effondre, on a créé un climat anxiogène qui n'encourage pas les ingénieurs à venir vers nous. J'aimerais simplement leur dire qu'au lieu d'aller créer des produits financiers incompréhensibles, ils peuvent venir chez nous fabriquer de vraies choses ». Quant aux salaires, réputés bas dans ce secteur, ce ne serait là encore que vilenies et rumeurs. « Chez moi, en tous cas, ce n'est pas le cas. Nos rémunérations sont de 20 à 30 % supérieures aux minima. »

Bienvenue aux séniors

Dans son entreprise de moins de 50 salariés, il est néanmoins une tranche de la population active qui semble avoir parfaitement reçu le message. Ce sont les seniors, que Laurent Vronski cherche à attirer. « Non seulement ils sont hyper compétents - question d'expérience - mais ils sont vraiment motivés. Car ils savent les difficultés pour eux de trouver un emploi ». Même leur taux d'absentéisme, montré du doigt par une récente étude du cabinet Alma Consulting, indiquant qu'ils sont deux fois plus absents que leurs collègues de moins de trente ans, ne l'arrête pas. « Je ne me reconnais pas dans ces chiffres. Chez Ervor, ce serait plutôt le contraire. » Qu'ils soient cadres ou non, d'ailleurs. « On a résolu les problèmes de pénibilité qui produisent de l'absentéisme avec des postes entièrement mécanisés. » Mais s'il constate que l'absentéisme des juniors est plus accentué que celui des séniors, il ne souhaite pas renoncer à l'embauche de jeunes pour autant. « Il me faut des spécialistes en hydraulique, en thermodynamique, en mécanique et en électrique, des gens qui souhaitent travailler dans le sur-mesure. Car nous fabriquons du matériel à la demande. » Avis aux réfractaires de la grande série.

Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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