« Nos industries sont les joyaux de la couronne »

Sylvia Di Pasquale

Le président du Groupe des Fédérations Industrielles (GFI) s'attache à réhabiliter l'image de l'industrie hexagonale. Et à convaincre les cadres d'aller vers les 30 000 à 38 000 postes à pourvoir cette année.

 

L'entreprise est la même et l'action syndicale similaire. Mais entre Yvon Gattaz, le père et Pierre son fils, il y a plus qu'une génération : une crise financière. Dont l'actuel président de Radiall, l'entreprise fondée par son père qui emploie 2500 personnes à travers le monde, s'efforce de sortir. Pierre Gattaz est également le président du GFI, le Groupe des fédérations industrielles qui représente 85% de l'industrie française et pèse 3,2 millions d'emplois. Un secteur qui devrait embaucher 30 000 à 38 000 cadres cette année et pendant cinq ans, « avant tout pour remplacer les départs en retraite », précise le patron des patrons de l'industrie.

Tournée vers le futur

Car « l'industrie est sortie de dix années calamiteuses où elle perdait 70 000 emplois par an. » Et même si Pierre Gattaz estime la reprise fragile, il affiche sa confiance. «L'industrie, c'est le socle économique sur lequel se greffe tous les autres secteurs, notamment les services. » Aucune chance, donc, qu'elle disparaisse. « Puisque nous créons le futur, les équipements du futur. Nos industries hexagonales sont les joyaux de la couronne. » Encore faut-il convertir à ce royalisme industriel les cadres et ingénieurs qui rechignent à se porter candidats. « Normal, on ne leur parle que des usines qui ferment. » Alors, le GFI a co-organisé la Semaine de l'industrie qui s'est achevée le 10 avril dernier. Au programme : des visites d'usines pas fermées du tout. « Et des visiteurs ravis à la sortie. » Un public conquis, des entrepreneurs ravis et un co-organisateur qui poursuit son combat, en enfourchant son destrier favori : le bon vieux modèle allemand. Un modèle qui n'oublierait pas la mère patrie.

S'inspirer des Allemands

« Il faut faire comme eux, exporter ensemble, chasser en meutes. Les grandes entreprises doivent emmener les petites et ne doivent pas avoir peur du patriotisme économique. Car quand les Allemands sont à Palo Alto, ils n'oublient pas la Bavière. » Une attitude offensive. Plus offensive en tout cas, selon Pierre Gattaz, que les efforts et propositions publiques pour relancer l'industrie, qu'elles viennent du Sénat ou d'ailleurs. « La crise a permis une prise de conscience. Les pouvoirs publics se rendent compte de l'importance de l'industrie. » Pour autant, il n'attend pas de directives politiques précises pour améliorer la situation et l'image des entreprises réunies dans son giron. « Il faut arrêter avec les contraintes et les quotas. » Et laisser les industriels chasser en meute ?

Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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