L'entreprise est la même et l'action syndicale similaire. Mais entre Yvon Gattaz, le père et Pierre son fils, il y a plus qu'une génération : une crise financière. Dont l'actuel président de Radiall, l'entreprise fondée par son père qui emploie 2500 personnes à travers le monde, s'efforce de sortir. Pierre Gattaz est également le président du GFI, le Groupe des fédérations industrielles qui représente 85% de l'industrie française et pèse 3,2 millions d'emplois. Un secteur qui devrait embaucher 30 000 à 38 000 cadres cette année et pendant cinq ans, « avant tout pour remplacer les départs en retraite », précise le patron des patrons de l'industrie.
Tournée vers le futur
Car « l'industrie est sortie de dix années calamiteuses où elle perdait 70 000 emplois par an. » Et même si Pierre Gattaz estime la reprise fragile, il affiche sa confiance. «L'industrie, c'est le socle économique sur lequel se greffe tous les autres secteurs, notamment les services. » Aucune chance, donc, qu'elle disparaisse. « Puisque nous créons le futur, les équipements du futur. Nos industries hexagonales sont les joyaux de la couronne. » Encore faut-il convertir à ce royalisme industriel les cadres et ingénieurs qui rechignent à se porter candidats. « Normal, on ne leur parle que des usines qui ferment. » Alors, le GFI a co-organisé la Semaine de l'industrie qui s'est achevée le 10 avril dernier. Au programme : des visites d'usines pas fermées du tout. « Et des visiteurs ravis à la sortie. » Un public conquis, des entrepreneurs ravis et un co-organisateur qui poursuit son combat, en enfourchant son destrier favori : le bon vieux modèle allemand. Un modèle qui n'oublierait pas la mère patrie.
S'inspirer des Allemands
« Il faut faire comme eux, exporter ensemble, chasser en meutes. Les grandes entreprises doivent emmener les petites et ne doivent pas avoir peur du patriotisme économique. Car quand les Allemands sont à Palo Alto, ils n'oublient pas la Bavière. » Une attitude offensive. Plus offensive en tout cas, selon Pierre Gattaz, que les efforts et propositions publiques pour relancer l'industrie, qu'elles viennent du Sénat ou d'ailleurs. « La crise a permis une prise de conscience. Les pouvoirs publics se rendent compte de l'importance de l'industrie. » Pour autant, il n'attend pas de directives politiques précises pour améliorer la situation et l'image des entreprises réunies dans son giron. « Il faut arrêter avec les contraintes et les quotas. » Et laisser les industriels chasser en meute ?
Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.