A société zen, industrie zinnovante

Sylvia Di Pasquale

On nous le serine depuis quelques années déjà. Dans les pays occidentaux, l'avenir de l'industrie passe par l'innovation. Obligatoirement. Alors on cogite, on recherche, on développe. Et depuis peu, on pôle-de-compétitivise à qui mieux-mieux. Il suffirait de créer pour retrouver une croissance à faire pâlir le PDG d'un consortium pékinois.

Du coup, on pourrait abandonner sans complexe la fabrication de produits sans valeur ajoutée aux pays du Sud. Tout le monde serait content. Les pays émergents pourraient enfin émerger, et les prospères pourraient continuer de prospérer. Une recette qui semble parfaite, imparable. Sur le papier. Car la réalité est un poil différente.

C'est qu'il semblerait que pour faire prendre la mayonnaise de l'innovation, il ne suffit pas aux dirigeants d'un pays et à quelques-uns de ses esprits éclairés de le décréter. Il faut bien évidemment mettre en place un enseignement supérieur de qualité pour former les chercheurs. Mais ça, on le savait déjà. Ce qu'on ignore plus souvent, ou qu'on occulte fréquemment, c'est que l'ensemble de la chaîne sociale doit être adaptée à cette course à l'innovation.

Pendant que les chercheurs cherchent, d'autres doivent produire. D'autres encore doivent commercialiser ce que d'autres, enfin, doivent acheter. Et dans un modèle où cette fameuse innovation doit devenir constante, variée et toujours renouvelée, tous les acteurs, salariés comme consommateurs doivent disposer d'un sacré bagage culturel pour s'adapter constamment à la nouvelle donne.

Et puis, depuis que le monde est monde et que la psychologie s'en mêle, on sait que dans une société qui manque de cohésion sociale et de sécurité de l'emploi, tout changement est vécu comme une menace. Or la France de 2007 n'est pas à proprement parler le royaume de la sérénité sociale. Une zenitude qui semble devenue le dernier luxe des pays plus riches que les riches.

C'est ce que tend à démontrer un rapport de l'Union Européenne, dans lequel figure un aguichant « indice de performance de l'innovation » appliqué à chaque pays, qu'il appartienne à l'Union, ou non. Cet indice est calculé selon un savant ratio prenant en compte la part de l'éducation dans les budgets nationaux, les investissements technologiques et autres ingrédients nécessaires.

En tête de ce palmarès, on trouve justement deux pays qui réunissent tous nos critères de sérénité sociale : la Finlande et la Suède. Loin devant les Etats-Unis et le Japon. La France ? Elle se classe en 14ᵉ position, juste devant (à 0,3 point près) l'Islande. Paris au niveau de Reykjavik ? Ça refroidit.

 

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Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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