Comment parler de son précédent employeur en entretien d'embauche ?

Sylvia Di Pasquale

Parler de son "ex" à son "futur" employeur est toujours une question épineuse. Dans tous les cas et surtout quand l'histoire a été douloureuse, il faut garder son sang-froid et de la modération. Voici quelques conseils pour y parvenir et assurer pendant l'entretien d'embauche.
Comment parler de son précédent employeur en entretien d'embauche ?

A son seul souvenir, vous perdez vos moyens. Un florilège de reproches sont les seules pensées que vous inspirent votre ex-employeur. Du calme. Quelles que soient les bonnes raisons d'en vouloir à votre ancien patron - hormis des délits qui doivent se régler en justice et qu'il est impensable de cacher - il s'agit de tourner la page, de faire son deuil du passé comme on dit.

Facile à dire mais pas simple de garder son sang froid lorsque, immanquablement lors d'un entretien d'embauche, votre interlocuteur lâche la question fatidique : « Parlez-moi de votre ancien employeur...»

 

Ne pas dénigrer ni encenser

Attention au risque d'auto-dénigrement

Pas question de dénigrer son « ex » employeur quel que soit le prétexte et même s'il

  • vous volait vos idées
  • vous dévaluait auprès de vos collaborateurs
  • ou était d'une humeur massacrante tous les lundis matins.
  • voire... vous a poussé à partir.

Evoquer son environnement professionnel en termes peu flatteurs est souvent assimilé à de l'auto-dénigrement : si vous méprisez votre ancienne boîte, c'est que vous méprisez votre propre travail.

Devoir de loyauté

De plus, si vous dénigrez votre ex-employeur, vous dérogez à votre devoir de loyauté qui vous lie moralement à votre ancien employeur. Lorsqu'un jour vous quitterez l'entreprise, se dit le recruteur qui vous reçoit, vous déverserez votre bile de la même manière au premier interlocuteur venu et lui direz tout le mal que vous pensez d'elle. Résultat ? Le processus de recrutement en reste généralement à ce premier entretien.

 

Ne pas s'épancher


A bannir donc les épanchements intempestifs pour en rester à des analyses factuelles.

Votre ex-employeur ? Il a organisé son affaire de telle manière et fait tel chiffres d'affaires.

Son style de management ? Il privilégie les résultats immédiats et a opté pour des méthodes d'encadrement très directives qui donnent de bons résultats à court terme.

Evidemment, le recruteur qui vous asticote connaît la vie de l'entreprise et ne manquera pas de vous demander pourquoi vous quittez une boîte aussi parfaite.

Là encore, il s'agit d'éviter l'évocation de « conflits personnels » pour leur préférer les « impasses d'évolution » : vous cherchez à « réorienter votre carrière » et non à fuir un « boss aux méthodes dépassées ».

Un tel exercice réclame un certain sang froid, surtout si vous gardez des séquelles de votre précédente expérience professionnelle. Comme tout traumatisme, celui-ci doit être verbalisé. Mais plutôt que de traiter votre ancien patron de noms d'oiseaux auprès d'un recruteur qui cherche à vous évaluer, faîtes-le face à vos proches. Ils risquent peut-être de s'en lasser, mais, au moins, ils ne vous feront pas passer à côté du job dont vous rêvez.

Faut-il parler du conflit qui vous a fait quitter votre ex-employeur ?

 

Ni mensonge, ni confidence. C’est ce qu’il vaut mieux avoir en tête face à un recruteur qui vous demande « Pourquoi avoir quitté votre employeur ? », alors que vous êtes partie suite à un conflit.

Savoir prendre du recul

Il n’est pas question de mentir car cela perturberait le début de votre relation. Pas question pour autant de vous épancher en dénigrant votre employeur. A ce stade, cela nuirait à votre image de candidat.

Car le recruteur ne cherche pas à savoir si vous aviez tort ou raison, il veut surtout tester si vous êtes compatible avec l’emploi proposé en évaluant votre loyauté et votre pondération. Il cherche à tester votre capacité à rester dans un cadre professionnel face à une situation déstabilisante. Il faut donc vous entraîner à répondre honnêtement mais sans vous épancher, à prendre du recul pour rester le plus neutre possible, voire à positiver. Si vous étiez devant un client, un fournisseur, un collaborateur, vous feriez preuve de la même pondération.

Le dilemme de Mégane, acheteuse, en recherche d'emploi

Son témoignage

« J’ai quitté mon précédent poste avec une rupture conventionnelle suite à un conflit. J’avais fait une demande de réajustement de salaire qui me paraissait légitime – j’étais payée sur 35 heures alors que j’en faisais entre 50 et 55 par semaine –, mon employeur a fini par me verser les 4000 euros qu’il me devait après une négociation acharnée. Malgré mes efforts pour assurer mon travail pendant ces négociations et les bonnes relations que je continuais d’avoir avec mes collègues, le PDG m’a fait vivre un enfer. J’ai alors préféré partir. Mais dans mes entretiens d’embauche, je perds mes moyens quand il faut aborder cette rupture et je bafouille. »

 Nos conseils

  • A la question « Pourquoi avoir quitté votre employeur ? », voici une possibilité de réponse pour Mégane :

« Mon employeur et moi-même avons convenu que nous ne partagions plus les mêmes souhaits de progression pour moi. Nous avons préféré cesser notre relation de travail d’un commun accord et avons signé une rupture conventionnelle. Après tout, ce dispositif est fait pour ces cas de figure. Cela me permet de continuer mon parcours et de mettre mes compétences au service de nouveaux univers. Au final, je trouve cette perspective plutôt stimulante. »

  • Ne vous risquez pas à vous lancer dans cette posture positiviste si vous n’avez pas encore surmonté l’épreuve de la rupture. Cela sonnerait faux. Il faut donc avant tout évacuer les éventuelles traumatismes en y mettant des mots et en se faisant aider si besoin.
  • Ensuite, vous pourrez affronter toutes les questions du recruteur. Et s’il insiste pour en savoir plus, ne le prenez pas personnellement et restez sur la position "neutre". Vous avez le droit de connaître un désaccord, ce qui compte c'est de pouvoir le justifier.
    « Je me suis retrouvée dans une situation bloquée pour pouvoir avancer sereinement. J’ai donc préféré partir pour avoir une chance de développer mes compétences plutôt que d’attendre une progression qui ne pouvait m’être proposée. »
  • Pour garder une positive attitude, pensez à récapituler les grandes étapes de votre évolution chez cet employeur jusqu’à l’époque du désaccord. Et s’il demande à appeler votre précédent employeur, restez calme et répondez en souriant que vous lui fournirez volontiers les coordonnées de votre ex-employeur, même si vous doutez qu’il ait un avis constructif sur vous.

Pour aller plus loin

Pour éveiller la confiance chez les autres, apprenez à développer la confiance en vous, explique l'éducatrice et activiste Brittany Packnett. Dans une intervention inspirante, elle fait part de trois façons de résoudre le problème lié à la confiance en soi.

Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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