Episode 51 : « Mon avis sur Kerviel »

Le DRHache

Vous êtes surgavés de commentaires, réflexions et pseudo-analyses sur l'affaire Kerviel/Société Générale ? On a tellement lu d'aberrations sur le sujet que le DRHache se sent peu coupable d'y rajouter ses propres élucubrations. C'est que ça lui rappelle bien des souvenirs...

De ce qu'on peut en comprendre, Jérôme Kerviel est avant tout essentiellement malhonnête et pas spécialement intelligent.

 

Après avoir passé deux ans à comprendre les rouages de protection mis en place par la banque, il a élaboré des stratégies pour les contourner une fois qu'il était passé du département d'assistance ( middle office) au département d'action ( trader delta one, soit les produits ne comportant pas d'optionalité, donc théoriquement sans effet de levier, donc supposément moins dangereux, on n'ose pas imaginer combien il aurait pu faire perdre sinon).

 

On a pu lire qu'il n'avait pas de limites de risques.

 

Pour avoir été proche des milieux de salle de marché pendant plus de 10 ans, je peux vous dire que c'est faux. Les traders ont toujours des limites de risques individuelles ou collectives. S'il n'avait été soumis à aucune limite de risque, il n'aurait pas eu besoin de faire des faux.

 

On dit que sa hiérarchie était au courant.

 

Voilà un sujet bien gris. Il est évident que sa hiérarchie n'était pas au courant du délire mégalomaniaque dans lequel il était rentré depuis plusieurs mois. Il est également indéniable que toute salle des marchés va pousser les meilleurs à gagner plus, et montrer une certaine flexibilité par rapport aux règles. Le grand danger et la grosse responsabilité de la maison dans cette histoire aura probablement été de considérer JK comme un vrai bon, et de lui laisser plus de latitude.

 

Admettons qu'ils ont payé leurs erreurs, car tous les responsables ont depuis dégagé voie 12, jusqu'à Daniel Bouton himself. Que ce dernier ait eu l'indécence de dire que toute cette histoire avait eu un impact sur son handicap au golf ne mérite - si c'est vrai - qu'un certain mépris et un peu de compassion pour sa grande misère comportementale.

 

Quand Nick Leeson a fait couler la Barings en 1995, il a pris six ans de prison. A Singapour, il n'a pas dû bien se marrer, surtout quand sa femme s'est aperçue qu'il l'avait abondamment trompé du temps de sa splendeur et qu'elle l'a plaqué.

 

Quand à la banque de Phileas Fogg, elle a coulé selon le processus normal de sélection des espèces.Soc Gen n'a pas coulé, mais a pris un bon coup dans l'aile, bien mérité s'ils ont été capables de laisser tout cela se dérouler sous leurs yeux. Si on peut blâmer leur incompétence et une certaine complaisance pour les « gagneuses » (je confirme l'existence de ce genre de terminologie qui donne à tous ces bons bourgeois polytechniciens ou pas l'impression de s'encanailler, et qui date de leur proximité avec d'autres catégories socio professionnelles à l'époque des marchés à la criée), ils restent quand même les victimes, et JK le bourreau de l'éthique.

 

On n'empêchera jamais les braqueurs de banque de trouver de nouvelles façons de percer les coffres, quels que soient les alliages utilisés pour construire les coffres forts.

Mais quand on les attrape il est de bon ton de les mettre à l'ombre, ils se sont donnés suffisamment de lumière imméritée.

Et qu'on m'épargne le coup de l'absence d'enrichissement personnel ; on n'ose imaginer les bonus qu'il aurait eus s'il avait été capable de lisser un peu sa stratégie de dissimulation et réintégré partie de ses gains tous les ans.

Seulement, il n'était pas si malin.

 

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