Le poste de responsable du développement durable est-il... durable ?

Valérie Froger

Ce nouveau métier © apparu à partir 2002 © fait beaucoup parler de lui ? Mais correspond-t-il à une vraie stratégie d'entreprise ? Est-il légitime ? Ne s'agit-il pas juste d'une fonction « vitrine » ?

Le poste de « Responsable développement durable » est une fonction récente qui s'est développée à la suite de l'instauration de la Loi NRE en France en 2002. On en trouve dans toutes les entreprises du CAC 40, contraintes de rédiger un rapport sur leurs actions en faveur de l'environnement et de la société, ainsi que dans quelques entreprises pionnières sur le sujet. On estime qu'en France, il y a une centaine de directeurs du développement durable. Ce métier est encore confidentiel et mal connu. Sa légitimité d'ailleurs est régulièrement remise en question.

Que fait-il ?

Ses missions se trouvent à l'intersection de l'environnement, de l'économique et du social. « Son objectif est le développement de l'entreprise et le bien-être des salariés, dans le respect de l'environnement », explique David Ascher, directeur de la publication du site emploi-environnement.com. Son rôle consiste à piloter la stratégie développement durable de l'entreprise et à diffuser la démarche en interne et en externe. « Je suis chargé d'identifier les enjeux prioritaires et d'établir des outils de pilotage. J'anime avec mon équipe un réseau de contributeurs au développement durable, présents dans tous les métiers du groupe, et dont la mission est de sensibiliser les différents services de l'entreprise aux enjeux de la responsabilité environnementale et sociétale », déclare Philippe Laget, directeur du développement durable à la Société Générale.

Qui est-il ?

On accède à cette fonction quasiment uniquement par mobilité interne. « En général, c'est le responsable des ressources humaines ou le directeur financier qui évolue vers ce poste. C'est donc souvent un senior », précise David Ascher. Le principal critère de réussite est une très bonne connaissance des rouages de l'entreprise.

De qui dépend-t-il ?

Ses responsabilités dépendent principalement de l'importance donnée à la fonction dans l'organigramme de l'entreprise. Deux possibilités : soit le DDD dépend de la direction générale, soit il dépend du service communication ou ressources humaines. Dans ce dernier cas, la fonction a évidemment moins de poids et s'apparente plus à un outil de communication qu'à une réelle stratégie. « Je dépends de la direction générale. Je rends compte à ma hiérarchie avec des obligations de résultats. Le comité exécutif évalue régulièrement nos actions », poursuit Philippe Laget.

Comment est-il perçu ?

Il n'est pas toujours vu d'un très bon œil en interne car sa fonction n'est pas jugée prioritaire. Il peut imposer des mesures impopulaires (réduction de la consommation papier, meilleure gestion des déplacements...) et son intervention est encore davantage considérée comme une contrainte à court terme plutôt qu'un investissement sur des échéances longues. Le poste peut également paraître superficiel. Une partie importante de l'activité du DDD est, en effet, consacrée à la coordination-rédaction du rapport de DD et à l'élaboration de publications internes et externes, au détriment d'actions concrètes et opérationnelles sur le terrain.

A-t-il droit à un vrai budget de fonctionnement ?

Non ! Les budgets alloués aux cellules dédiées sont généralement peu élevés par rapport à d'autres départements de l'entreprise. Les entreprises n'y consacrent en effet que 30 000 à 200 000 euros, loin de ce qu'elles dépensent par exemple pour améliorer leurs systèmes informatiques.

 

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