Big Data : est-ce le moment de se former ?

Marion Senant

Depuis quelques mois, on ne parle plus que de ça. Ça ? Ce sont les Big Data. On nous promet des emplois à gogo, une nouvelle révolution numérique et des évolutions de carrière accélérées. Est-il temps de se lancer dans l’aventure ? Cadremploi décrypte le phénomène.

Réseaux sociaux, géolocalisation… les comportements des internautes entraînent une explosion des données. Pour les entreprises qui les recueillent, c’est une mine d’or, mais une mine d’or qu’on ne sait pas encore bien exploiter, faute d’outils adaptés et surtout de personnes formées. Conséquence : le poste de data scientist, la personne chargée de traiter ces données est considéré comme le « métier le plus sexy du monde » par la prestigieuse Harvard Business.

Une étude du cabinet de conseil américain Gartner prévoit que la demande de compétences autour des Big Data atteindra 4,4 millions d’emplois dans le monde en 2015 et que seulement 40 % des besoins pourront être couverts. En France, l’essor de la demande en spécialistes des Big Data n’a pas encore eu lieu. Le gouvernement espère la création de 10 000 emplois directs dans le secteur d’ici 2018, tandis que le Syntec Numérique prévoit la création de 2 000 emplois de data scientists sur la même période.

Le manager de demain devra comprendre les big data

Pour Nicolas Glady, titulaire de la chaire Accenture Strategic Business Analytics de l’Essec, les besoins des entreprises en ingénieurs capables d’élaborer les outils d’analyse des Big Data va augmenter, mais pas de façon extrême. La vraie révolution des Big Data est ailleurs : «  L’analyse de données, elle, va toucher tout le monde. À l’Essec, nous pensons que le manager de demain devra réunir quatre compétences clés : maîtriser l’informatique et les méthodes quantitatives, mais surtout comprendre en quoi la data s’inscrit dans un processus métier et communiquer les résultats de ses analyses de manière claire ». Ce spécialiste de l’analyse de données compare le phénomène Big Data à celui de l’arrivée massive de l’informatique dans les entreprises dans les années 80-90. « Au début, seuls quelques ingénieurs spécialisés utilisaient des ordinateurs au quotidien dans leur travail, rappelle-t-il, aujourd’hui, savoir se servir d’un ordinateur, c’est la base pour un emploi dans le tertiaire ».

« On est à un tournant, estime Joël Courtois, le directeur de l’école d’ingénieurs spécialisées dans l’informatique Epita : pour l’instant, les entreprises n’ont pas de besoins faramineux, mais cela va arriver. Spécialistes de la gestion de donnée, du marketing, de la communication ou même du développement commercial: c’est le moment de se former aux Big Data car le marché est loin d’être saturé ».

Les profils à double compétence particulièrement recherchés

Valérie Pham-Trong, directrice de Ionis-STM, une école spécialisée dans la double compétence technologique et managériale, estime que les profils les plus recherchés par les entreprises sont les personnes capables de collecter les données et de les consolider, de les analyser et de les exploiter. « On ne peut pas devenir expert dans ces trois domaines, estime-t-elle. Le candidat idéal, c’est celui qui est expert dans au moins deux domaines et capable de travailler avec d’autres experts sur le troisième ». En clair, les ingénieurs ont intérêt à se former au marketing et les diplômés d'écoles de commerce à se familiariser avec l'informatique et la statistique. Les mastères spécialisés, qui permettent d'acquérir une double compétence, sont des formations de choix pour ceux qui veulent devenir des experts en Big Data.

Pour former ces professionnels de haut vol, les écoles de management et d’ingénieurs multiplient les cursus ces derniers mois, souvent en partenariat avec des entreprises. L’Essec s’est donc associée à Accenture pour sa chaire Stratégic Business Analytics, HEC a lancé son programme Big Data et Business Analytics avec l’appui du groupe IBM, une formation destinée aux étudiants de MBA. Côté ingénieurs, l’ENSAE, spécialiste de la statistique propose une spécialisation en Data Science, Télécom ParisTech, Télécom Nancy ou encore Grenoble INP ont également monté des mastères spécialisés dans les Big Data. Enfin, les écoles spécialisées dans l’informatique, comme l’Epita, Ionis-STM ou l’Ensimag ont évidemment intégré le sujet dans leurs catalogues de formation.

Pour ceux qui ne souhaitent pas se lancer dans une formation longue (et donc plus coûteuse), les organismes de formation proposent des initiations d’un ou deux jours pour acquérir les bases de la science des données et prendre la mesure du phénomène.

Marion Senant © Cadremploi

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