Les recrutements de cadres en forte baisse, selon l’Apec

L'équipe de Cadremploi

Alors que l’emploi cadre a toujours été très dynamique, le nombre de recrutements a diminué en 2024 .Le nombre de cadres continue cependant d’augmenter, selon la dernière étude de l’Apec.
Les recrutements de cadres en forte baisse, selon l’Apec

« Un retournement de tendances ». C’est ainsi que Gilles Gateau, directeur général de l’Association pour l’emploi des cadres (Apec) a décrit le marché du travail des cadres en 2024, lors de la conférence de presse de l’Apec présentant sa dernière étude sur l’emploi des cadres. « Depuis dix ans, il y a eu une hausse assez forte des recrutements , sauf durant le covid, Il y a ensuite eu un rebond post covid jusqu’en 2023, puis un ralentissement. Ce que nous observons désormais, ce n’est plus seulement ce ralentissement ». En 2024, les recrutements de cadres ont diminué de 8% par rapport à 2023. Et ce, alors que dans son enquête de fin d’année dernière sur les salaires (réalisée à l’été), l’Apec prévoyait encore une hausse des recrutements de 2%.

303 000 cadres ont tout de même été embauchés en 2024. Car s'il y a moins de recrutements de cadres qu'auparavant, le nombre de nouveaux cadres continue d'être supérieur au nombre de cadres qui quittent leur statut. Cela fait de 2024 la troisième année avec le plus haut nombre de recrutements depuis 2001. « Ce n’est pas une catastrophe, reconnait Gilles Gateau. Mais il faut remonter à la crise des subprimes pour voir un tel retournement ».

Tous les secteurs d’activité sont touchés. La tendance est encore plus forte dans les secteurs qui portent traditionnellement l’embauche des cadres, notamment les « secteurs à forte valeur ajoutée », où la baisse est de 10% : ingénierie et recherche – développement, conseil, juridique, comptabilité… Parmi ceux-ci, l’informatique voit les embauches de cadres reculer de 18%. Ce qui, pour Gilles Gateau, reste relativement logique. « Nous sortons d’années de surchauffe et de tensions extrêmes, on ne voyait pas trop comment le secteur allait garder ce rythme indéfiniment ».

Pour Hélène Garner, directrice de la data et des études de l’Apec, ce ralentissement des embauches de cadres informatiques est « à relier à la contraction des investissements, parmi lesquels se trouvent ceux concernant les infrastructures informatiques, les systèmes d’information ». Gilles Gateau rappelle d’ailleurs que l’Apec voit depuis des années « une corrélation entre l’emploi cadre et les grands paramètres économiques. La sensibilité s’observe surtout sur l’investissement, plus que sur la consommation. Or, en 2024 c’est la première fois depuis longtemps qu’il se produit une contraction de l’investissement ».

L’emploi cadre se maintient mais se fragilise un peu

Ce sont essentiellement les cadres moins expérimentés qui ont pâti de ce recrutement plus limité, avec 19% d’embauches en moins pour les nouveaux diplômés en 2024 par rapport à 2023. « Comme à chaque choc, les jeunes sont les premiers à payer, mais ils sont aussi les premiers à bénéficier de la reprise », assure Gilles Gateau. A l’inverse, les entreprises ont tendance à se tourner dans les temps difficiles vers des cadres plus expérimentés, aussi la baisse des embauches est-elle moindre pour les cadres avec plus de dix ans d’expérience.

Si les recrutements diminuent, ce n’est pas le cas du nombre total de cadres en emploi, qui, au contraire, augmente d’1,8%, avec un solde net positif de 69 700 postes. « Il faut remonter à 1991 pour voir une baisse d’effectifs, assure Gilles Gateau. La hausse des effectifs est un mouvement structurel, qui s’est poursuivi même pendant le covid ». En effet, l’évolution prend en compte non seulement les embauches, mais également les promotions internes (les non-cadres qui deviennent cadres) desquelles sont retranchées les départs (démissions, licenciements, retraites…). Et les promotions internes ont cette année connu une hausse « exceptionnelle » de 12%, localisée notamment dans l’industrie, particulièrement la métallurgie. « Nous sommes tentés de faire le lien avec la nouvelle convention métallurgie », avance Gilles Gateau, qui pourrait avoir passé un certain nombre de postes au statut cadre. Inversement, le nombre de départs en retraite a diminué de 2%, à cause du début de l’application du report de l’âge légal de retraite.

Toujours du côté du départ des cadres, alors que le nombre de cadres inscrits à France Travail avait augmenté de 7% en 2023, en 2024, il bondit de 20%. Des écarts importants qui sont aussi liés selon le directeur de l’Apec à « des volumes plus réduits : les cadres représentent 10% des inscrits à France Travail, alors qu’ils forment 23% de la population active ». 400 000 cadres se sont retrouvés au chômage en 2024, et Gilles Gateau reconnait que « la progression du nombre d’inscrits à France Travail a beaucoup été alimentée par les cadres ». Il témoigne qu’à L’Apec, qui a un partenariat avec France Travail, « cela s’est beaucoup senti, nous avons eu une croissance très forte de demandes de la part des cadres au chômage. Ils ont représenté 40% de nos clients, alors qu’il y a deux ans, c’était à peine un tiers ». Par ailleurs, structurellement, les cadres seniors tendent à rester longtemps au chômage, quand les autres catégories d’âge ne font qu’y passer.

Tout cela cause une évolution des effectifs plus timide que l’an dernier mais toujours positive. « Ce n’est pas si terrible, philosophe Gilles Gateau, mais il n’y a plus la même dynamique. Les opportunités ne sont plus les mêmes, notamment en ce qui concerne les aspirations à la mobilité. Elles sont moins faciles à concrétiser, ce qui entraine potentiellement plus de frustrations ».

L'équipe de Cadremploi
L'équipe de Cadremploi

Votre jobboard est aussi un média. Toute une équipe de journalistes, rédacteurs, community manager, vidéastes et infographistes s'activent en coulisses pour vous proposer des contenus inédits. Vous informer sur le marché de l'emploi, interviewer les meilleurs experts et vous conseiller pour vous lancer, on adore... Bienvenue dans la job zone !

Vous aimerez aussi :