
Qu'est-ce qu'un métier à impact ?
C'est un métier dont l’objectif est de résoudre des problèmes sociétaux ou environnementaux, donc d’améliorer l’impact de l’activité de l’entreprise sur la planète et sur la société. Le cabinet de recrutement Birdeo en a repéré cinq nouveaux cette année en se basant sur les besoins de 200 entreprises françaises pour 2024. Il n'y a pas que les nouvelles règlementations qui expliquent la montée en puissance de ces métiers; la volonté des entreprises de prendre en considération leur environnement joue aussi. Et si vous bifurquiez vers ces métiers d'avenir, nativement dédiés aux enjeux écologiques et sociétaux ?

1/ Chef de projet CSRD performance globale
Pourquoi ce poste est très recherché en 2024
Voici une fonction qui peut remercier la directive européenne CSRD (pour Corporate Sustainability Reporting Directive) ! Entré en vigueur depuis le 1ᵉʳ janvier 2024, cet ensemble de mesures ambitieuses révolutionne le paysage du reporting d'entreprise et place le chef de projet CSRD performance globale en acteur clé, non seulement de la conformité réglementaire, mais aussi de l'impulsion d'un changement positif au sein des entreprises !
Sa mission consiste à collecter les données environnementales et sociales de l'entreprise et à les analyser afin de mesurer sa performance. Mais son rôle est plus étendu : il peut aussi être impliqué dans l'élaboration de la stratégie RSE de son organisation et participer à la définition des KPI's, ces indicateurs clés qui permettent de mesurer et de piloter la performance en matière de développement durable. Autre mission importante : la veille réglementaire. Vues les évolutions incessantes, pas question de louper une nouvelle norme afin que l'entreprise reste en conformité. Autre défi : jouer un rôle dans la transparence de l'entreprise vis-à-vis de ses parties prenantes. Cela passe par la réalisation de déclarations de performance extra-financière (DPEF et/ou CSRD) et la production de rapports annuels détaillés, reflétant avec précision la situation de l'entreprise en matière de responsabilité sociale et environnementale.
Le point de vue de Catherine Brennan (Birdeo)

« Les entreprises les plus susceptibles de recruter un Chef de projet CSRD performance globale sont celles qui sont soumises (ou qui seront soumises demain) à la Déclaration de performance extra-financière (DPEF) et qui ont pris conscience que le volume de reporting va, à l’avenir, être colossal, donc qu’il va falloir "opérationnaliser" le sujet. Jusqu’ici, les entreprises privilégient plutôt le recrutement externe. L’un des éléments de réassurance, c’est de se tourner vers des profils qui ont déjà fait du reporting extra-financier. Les profils juniors qui ont débuté dans un département RSE, qui ont été contributeurs au reporting et qui disposent donc d’une vision transverse de la RSE intéressent également les recruteurs. Les postes les plus intéressants sont ceux proposés par les entreprises qui s’apprêtent à être soumises à la DPEF car les chefs de projets y ont carte blanche. Ils peuvent construire la feuille de route de l’entreprise de A à Z. Les grands groupes mènent, quant à eux, des projets complexes particulièrement challengeants pour les cadres : par exemple l’automatisation de la data environnementale et sociale. »
Quel profil pour le poste Chef de projet CSRD performance globale ?
● Diplôme : Bac+5 avec une spécialisation finance, finance durable ou développement durable.
● Savoir-faire : solide culture financière et RSE.
● Savoir-être : excellente communication et capacité d’analyse et de synthèse.
Rémunération
Moyenne de 35 à 55 K€ euros/ an selon expérience et localisation.


2/ Administrateur transformation durable
Pourquoi ce rôle est recherché en 2024 ?
L'administrateur transformation durable, c'est un peu le gardien de l'éthique environnementale et sociale au sein du conseil d'administration. Il joue le rôle de lanceur d'alerte en ayant l'obsession des 9 limites planétaires. A ce titre, il questionne les membres du conseil d'administration sur la viabilité à long terme des activités de l'entreprise. Il doit aussi avoir un œil sur les lois et régulations actuelles, et celles qui s'annoncent, pour anticiper les risques juridiques, sociaux et environnementaux des décisions prises. La partie sans doute la plus satisfaisante de son rôle est d'acculturer le conseil d'administration sur les enjeux de la responsabilité sociale des entreprises (RSE) et les questions environnementales. Grâce à cette vigie, l'entreprise est censée être plus consciente de son impact sur la planète et la société.
Le point de vue de Catherine Brennan (Birdeo)

« Les entreprises qui demandent à avoir un administrateur transformation durable au sein de leur conseil d’administration démontrent qu’elles disposent déjà d’une forte culture RSE et qu’elles souhaitent poursuivre leur travail d’acculturation. C’est un signe fort, un gage important de maturité que de recruter ce type de profils, chargé de veiller d’un point de vue environnemental, sociétal et social que les décisions prises par le Codir correspondent aux objectifs décidés. Aujourd’hui, c’est un poste très rare et surtout très confidentiel. Il ne fait pas l’objet d’un recrutement classique. Les cadres ne verront donc pas d’offres d’emploi sur Internet pour ce métier. C’est par approche directe que ces entreprises contactent leur futur administrateur, qu’elles considèrent comme un lanceur d’alerte. Le plus souvent, elles exigent qu’il ait déjà une solide expérience en matière de RSE ou de critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG), majoritairement à des postes de direction et qu’il ait pour qualités principales une immense force de persuasion ainsi qu’un leadership d’influence. »
Quel profil recherché pour le rôle Administrateur transformation durable ?
● Diplôme : Formation d'administrateur ou d'administratrice
● Savoir-faire : première expérience dans la RSE, avoir un réseau de contacts dans le développement durable.
● Savoir-être : posséder un certain leadership d’influence pour embarquer avec lui.
Rémunération :
Selon jetons de présence (rémunération accordée aux membres d'une organisation siégeant lors de réunions officielles) de l’entreprise

3/ DRH RSE
Pourquoi ce poste est très recherché en 2024 ?
La direction des ressources humaines et de la responsabilité sociale de l'entreprise a pour mission d'aligner les ressources humaines avec une vision plus durable et responsable du business. Sa mission principale ? Accompagner la métamorphose des métiers. en développant les compétences via des formations et structurer la mobilité interne des employés, un levier crucial pour soutenir leur évolution professionnelle. Autre rôle clé : l'acculturation des équipes. Car il faut ancrer profondément les valeurs et les principes de la RSE dans la culture d'entreprise, dès le recrutement, en veillant à ce que les nouvelles recrues partagent ces engagements. Enfin, une autre facette de sa mission est l'établissement de systèmes de rémunération innovants, qui prennent en compte des critères de performance globale et ESG (Environnement, Social, Gouvernance).
Le point de vue de Catherine Brennan (Birdeo)

« La RSE est le prochain outil de transformation des entreprises vers la durabilité. Ces prochaines années, l’ensemble des salariés devront monter en compétences sur le sujet. Pour y parvenir, les entreprises se tournent notamment vers le profil de DRH RSE, chargé d’intégrer la RSE dans les fiches de poste, les processus RH, la marque employeur, les calculs des bonus.
Ce poste est plutôt brigué par des DRH qui souhaitent ajouter une corde à leur arc. A minima, ils ont une forte appétence pour le développement durable. Plus souvent, surtout lorsqu’il s’agit d’une mobilité interne, ils ont suivi une formation sur les enjeux RSE, les critères ESG, la performance globale... Les entreprises n’attendent pas d’eux qu’ils soient des techniciens de la RSE, mais qu’ils disposent d’une culture générale ++ du sujet. Dans le cadre du recrutement externe, c’est vraiment la clarté des missions exprimées dans la fiche de poste qui va permettre aux cadres d’identifier les opportunités les plus intéressantes. Lorsqu’elle mentionne « accompagner la transformation de l’entreprise », ça en dit long sur leur futur périmètre. »
Profil recherché pour le poste de DRH RSE
● Diplôme : Bac+5 spécialisé RH avec une formation RSE ou forte appétence pour le développement durable.
● Savoir-faire : connaissance des métiers de l’entreprise et expérience en ressources humaines ou en cabinet de recrutement.
● Savoir-être : leadership d’influence et aisance relationnelle.
Rémunération
De 70 à 100 K€/an en moyenne selon l’expérience et la taille de l’entreprise.


4/ Chargé de mission biodiversité et gestion des ressources naturelles
Pourquoi ce poste est très recherché en 2024
Le chargé de mission biodiversité et gestion des ressources naturelles joue un rôle crucial dans la préservation et la restauration de la biodiversité. Sa mission principale est de veiller au bien-être du vivant en prévenant la perte de la biodiversité et en contribuant à sa régénération. Pour cela, il met en place une stratégie en intégrant l'écoconception de produits et l'économie circulaire. Dans la pratique, il pilote des initiatives sectorielles, comme des projets d’agriculture régénératrice, en étudiant les objectifs, les indicateurs de performance clés (KPI), les partenaires potentiels, ainsi que les actions concrètes à réaliser sur le terrain et il suit l’évolution de son action. Son rôle peut également être de former et de sensibiliser les équipes à ces sujets.
Le point de vue de Catherine Brennan (Birdeo)

« Les entreprises qui recrutent le plus ce profil sont celles qui sont en prise directe avec le vivant, du fait de leurs matières premières. Elles évoluent notamment dans les secteurs de l’agroalimentaire, du textile, de la cosmétique, des infrastructures… Dans le textile par exemple, certaines entreprises plaçaient la biodiversité loin de leur chaîne de valeur. Elles étaient très éloignées du producteur de coton même si, sans lui, elles ne pouvaient plus produire. Aujourd’hui, elles veulent reprendre les rênes et réduire leurs impacts, voire les restaurer. Maintenant qu’il existe des outils pour mesurer leur impact sur la biodiversité, c’est un sujet que les entreprises veulent « matérialiser ». Pour ces défis, elles recherchent surtout des ingénieurs agronomes ou, plus rarement, des profils issus d’écoles de commerce qui sont passionnés par la biodiversité et qui savent appréhender la complexité. Les postes les plus intéressants sont ceux qui sont créés et qui sont rattachés à un pôle où le climat est à la fois abordé sous l’angle du carbone et de la biodiversité. »
Profil recherché pour le poste Chargé de mission biodiversité et gestion des ressources naturelles
● Diplôme : Bac +5 école d’ingénieur avec une spécialisation environnement et biodiversité.
● Savoir-faire : maitrise de la gestion de projets complexes et des outils de mesure d’impact.
● Savoir-être : excellentes compétences en animation, pédagogie et esprit d’initiative.
Rémunération
Entre 50et 65 K€/an en moyenne selon l’expérience et la localisation.

5/ Sustainability Data & IA Analyst
Pourquoi ce poste est très recherché en 2024 ?
Le sustainability data & IA analyst (ou analyste en données et intelligence artificielle pour la durabilité) a pour tâche de réunir et d'organiser les données liées aux enjeux de durabilité, une démarche de plus en plus essentielle alors que le reporting extra-financier gagne en importance. Son travail commence par la définition précise des données nécessaires, en identifiant les sources les plus fiables et pertinentes. Il s'occupe ensuite d'automatiser la collecte de ces données grâce à des outils technologiques avancés, notamment l'intelligence artificielle. Au-delà de la collecte, l'analyste joue un rôle clé dans l'analyse des données. Il doit préconfigurer les systèmes pour faciliter leur traitement et leur interprétation. Cela contribue à une meilleure compréhension des performances de l'entreprise en matière d'environnement et de responsabilité sociale (les fameuses données ESG pour Environnement, Société et Gouvernance). Ces informations sont cruciales pour la prise de décision en interne et pour offrir une transparence sur les actions et réalisations de l'entreprise. Ainsi, l'analyste couvre tous les aspects de la durabilité, qu'il s'agisse des émissions de gaz à effet de serre, de la biodiversité, de la gestion de l'eau, de l'énergie, ou encore des politiques de transport. En somme, il est le garant d'une approche rigoureuse et transparente de la durabilité au sein de l'entreprise.
Le point de vue de Catherine Brennan (Birdeo)

« Même si le sujet de la data est déjà connu des DSI depuis de nombreuses années, ce n’est que très récemment que les entreprises ont pris la mesure de l’ampleur des volumes de données, notamment environnementales, qu’elles allaient devoir traiter à l’avenir. Celles qui y sont déjà confrontées recrutent des profils de Sustainability Data & IA Analyst, encore très rares sur le marché. De fait, les profils retenus n’ont pas obligatoirement besoin d’avoir suivi une formation spécifique à la durabilité. Cependant, ils doivent justifier d’une forte appétence pour la question environnementale afin de mener des études d’impact pertinentes. Ce poste, qui fait le plus souvent l’objet d’une création, trouve preneur soit via la mobilité interne, soit via le recrutement externe. Il n’est par exemple pas rare qu’un profil de data scientist évolue sur ce métier, pour peu qu’il dispose d’une connaissance fine des enjeux RSE. À mes yeux, les postes les plus intéressants sont ceux qui sont embarqués au sein de la direction RSE, car les data analysts sont vraiment au cœur de la machine. »
Profil recherché
● Diplôme Bac +5 école d’ingénieur avec une formation en data analyse.
● Savoir-faire : disposer d’une expérience avec l’intelligence artificielle et une fine compréhension des enjeux RSE.
● Savoir-être : excellent relationnel, rigueur et curiosité.
Rémunération
de 60 à 70 K€/ an en moyenne selon l’expérience et la localisation.

Après avoir occupé le poste de rédactrice en chef d’ExclusiveRH.com (entre autres), je travaille désormais à mon compte. Pour Cadremploi, je contribue à la rubrique Actualités via des enquêtes, des interviews ou des analyses sur les évolutions du monde du travail, sans jamais oublier l'angle du digital.