A quel moment de la carrière faut-il aller dans une ETI ?

Mais au fait c’est quoi une ETI ? 

La définition légale est claire : une ETI est une entreprise qui emploie entre 250 et 4 999 salariés dont le chiffre d'affaires ne dépasse pas 1,5 milliard d'euros ou dont le bilan n'excède pas 2 milliards d'euros. Donc plus une PME et ni un grand groupe ! Dans l’entre deux. Une nébuleuse dont les fleurons échappent encore à 33% de cadres (c'est énorme).

33% des cadres n’ont jamais entendu parler des ETI 

Et si on ajoute à ce chiffre, les 35% de cadres qui connaissent le terme mais ne voient pas précisément de quoi il s’agit, on arrive au résultat que plus de deux tiers des cadres ignorent peu ou prou l’objet même des ETI. Dommage, car la France ne compte pas moins de 6200 entreprises de taille intermédiaire représentant 24% de l’emploi salarié en France (près de 3,5 millions d’emplois).

Mais le pire reste peut-être à venir si on regarde les réponses des décisionnaires RH : 81% ignorent carrément ou ont une vague idée de ce qu’est une ETI. « Ce qui est intermédiaire et moyen, reste toujours très vague dans l’esprit des gens », regrette Julien Breuilh, directeur des relations entreprises à l’EDC Paris, en charge du pilotage de l'étude avec l'IFOP. 

Les cadres et les ETI, tout un paradoxe

Les trois principaux atouts des ETI aux yeux des cadres sont les perspectives de carrière possibles dans ces entreprises (32%), les circuits de décision relativement courts (31%), et la qualité des relations dans une entreprise à taille humaine (30%). La vie rêvée des cadres en somme. Sauf que le tableau des ETI perd de sa superbe quand on interroge les cadres sur les principaux freins pour eux à travailler dans ce type d’entreprise de taille intermédiaire.

En effet, dans leur « top 3 », ils citent dans l’ordre « une organisation très hiérarchique et des process rigides », « les perspectives de carrières à l’intérieur de l’entreprise » et enfin « un manque de communication sur l’organisation de l’entreprise (organigramme, vision stratégique…) et le fait que ce type d’entreprise est mal identifiée par ses différentes parties prenantes (décideurs, , recruteurs, clients, fournisseurs…) (ndlr : ces deux derniers critères arrivant à égalité dans les citations des cadres). On le voit, sur ce sujet, les cadres ne semblent pas à un paradoxe près. 

Les ETI ont du mal à recruter 

« Plus l’entreprise est petite, plus elle a du mal à embaucher car elle souffre d’un déficit de notoriété pour attirer des candidats. Les ETI sont confrontées à ce problème-là. Elles proposent plus d’avantages que les PME mais moins que les grands groupes, donc les candidats potentiels leur préfèrent les grandes structures », soutient Julien Breuilh.

On pourrait donc en déduire que si vous postulez dans une ETI, la concurrence à l’entrée sera moins dure car moins de candidats sur la ligne de départ. Surtout si vous disposez de compétences techniques pour les faire grandir notamment dans les domaines du digital et de l’IA. « Il parait plus facile de rejoindre une ETI qu’un grand groupe mais attention, les process de recrutement seront sans doute plus longs et les employeurs plus regardants. Ces entreprises sont souvent très familiales et les décisions prises sur l’intuitu personae plus fréquentes qu’ailleurs », souligne Julien Breuilh. 

A quel moment de la carrière faut-il aller dans une ETI ?

Pour Julien Breuilh, il n’y a pas vraiment de bons moments pour rejoindre une ETI mais plutôt des variations selon les projets professionnels des uns et des autres. Envie de vivre aux abords de grandes métropoles mais pas à Paris ? Alors, vous risquez de croiser la route d’une ETI car c’est en général sur ces territoires qu’elles sont implantées. « Un jeune diplômé peut tout à fait débuter dans une ETI, et, à 35 ans rejoindre un grand groupe s’il aspire à un second souffle. Sa promotion sera alors horizontale », illustre-t-il. A l’inverse, un cadre en milieu de carrière qui ne parvient pas atteindre l’échelon supérieur dans un groupe peut prétendre à un poste de direction dans une ETI. Par exemple devenir DAF dans une ETI plutôt que de rester responsable administratif et financier d’une business unit d’un groupe. 

Méthodologie 

Décisionnaires RH : interviews réalisées par questionnaire auto-administré en ligne du 16 octobre au 7 novembre 2023 après d’un échantillon de 200 décisionnaires RH travaillant dans les entreprises de 250 salariés et plus. La représentativité de l’échantillon a été assurée par la méthode des quotas sur les critères de taille d’entreprise, de secteur et de région d’implantation. Côté cadres : échantillon de 800 personnes, représentatif de la population des cadres du secteur privé. La représentativité de l’échantillon a été assurée par la méthode des quotas sur les critères de sexe, d’âge, de nature de l’employeur, de secteur d’activité et de région d’implantation. Les interviews ont été menées par questionnaire auto-administré en ligne du 12 au 20 février 2024.