Alexandra* : « Je ne crache pas dans la soupe car cette entreprise a le mérite d’embaucher des jeunes en plein Covid »

Sylvie Laidet-Ratier

Série #PremierJob2021 – Diplômée en juin 2019 d’une école de commerce, Alexandra n’a pas trouvé de premier emploi conforme à sa formation. Elle a fini par prendre un job alimentaire en octobre 2020 faute de mieux. Et finalement, elle ne se plaint pas de ce job dans une start-up médicale et explique ce qu’elle pense en retirer pour la suite. Retrouvez d'autres témoignages en fin d'article.

* Le prénom a été changé à la demande de l'intéressée

Alexandra* : « Je ne crache pas dans la soupe car cette entreprise a le mérite d’embaucher des jeunes en plein Covid »
* Le prénom a été changé à la demande de l'intéressée

Qui est Alexandra* ?

 

Son diplôme : master marketing et management d’école de commerce en juin 2019

Son objectif pro : un job de category manager ou cheffe de produit (ou assistante chef de produit) dans la grande distribution

Sa réalité 2021 : « inside sale » (commerciale sédentaire) dans une start-up

 

Diplômée en 2019 et après ?

A l’issue de sa dernière année d’études en alternance, Alexandra est confiante en l’avenir. Avec cette solide expérience au marketing d’un grand laboratoire, elle a commencé à faire ses preuves dans la vie active. Mais rapidement, elle déchante.

 

Après mon alternance, le labo m’a proposé de poursuivre mon expérience… en stage. N’importe quoi. J’ai évidemment refusé, faut pas abuser non plus.

 

Elle s’en agace encore aujourd’hui. Plus déterminée que jamais, dès juin 2019, elle se lance à fond dans sa recherche d’emploi.

Lors des rares entretiens qu’elle décroche, on lui renvoie son manque expérience malgré ses années d’alternance–, mais aussi son niveau insuffisant en anglais.

Séjour linguistique en Angleterre jusqu’au 18 mars 2020

Réaliste, la jeune fille, part s’installer à Londres en novembre 2019, avec une copine. Objectif : devenir fluent en anglais.

 

Via un organisme, on a suivi des cours d’anglais intensif et on a eu accès à des stages- non rémunérés. J’ai ainsi assuré le marketing d’un site de vente d’objets de seconde main pour enfants.

Très formateur, mais de courte durée. Merci la covid... Le 18 mars, avant la fermeture des frontières, les deux jeunes filles regagnent leur domicile – elles retournent chez leurs parents – en région parisienne.

La recherche d’un premier emploi en plein Covid

Alexandra active son réseau, notamment les anciens de son école mais sans résultat probant. Postule à des offres d’emploi mais sans succès. Contacte des cabinets de recrutement qui eux ont le temps de faire un point sur sa situation professionnelle. Mais toujours pas de poste en vue.

 

Un jour, elle est contactée par une start-up du BTP pour un job de commerciale.

Trop mal payé et surtout pas dans mes cordes. Il y a un moment où je dois correctement gagner ma vie pour monter un dossier et accéder à mon propre logement quand même non ?

Le temps passe, le confinement est levé et Alexandra reste sans emploi, un an après l’obtention de son diplôme. C’est alors qu’une amie RH dans une start up spécialisée dans la prise de rendez-vous médicaux en ligne, lui propose un job de « inside sale ». Elle accepte, car elle ne supporte plus de tourner en rond.

Premier job alimentaire 16 mois après son diplôme

En octobre 2020, la voilà donc aux commandes d’un portefeuille de 800 praticiens à appeler pour les convaincre de signer (en un temps record) un contrat avec la plateforme.

L’objectif est de 50 calls en moyenne par jour mais dans les faits, c’est beaucoup plus, car les praticiens qui n’ont pas encore souscrit à notre offre ne sont en fait pas intéressés.

Elle reste lucide et optimiste après une bonne grosse journée de télétravail.

Tout compte fait ?

Ce n’est pas le job de ses rêves car Alexandra aspire à davantage de responsabilités et d’autonomie. Mais elle s’accroche pour éviter de repasser par la case chômage et surtout, elle positive.

Je ne crache pas dans la soupe car cette entreprise a le mérite d’embaucher des jeunes en ce moment. Il faut voir ce job comme une école de vente. Rendez-vous compte qu’en un temps record, on obtient le RIB des praticiens. Je développe donc de nouvelles compétences – pugnacité, persévérance, résilience, force de persuasion – qui me seront utiles par la suite, c’est sûr. La boîte est une belle marque que je vais pouvoir revendre sur mon CV.

Et côté salaire ?

 

Côté salaire, un fixe brut annuel de 26 400 euros et un variable déplafonné.

J’ai des mois à 1500 euros, d’autres à 3000 euros. Heureusement, que, contrairement à beaucoup de mes camarades de promo, je n’ai pas de prêt étudiant à rembourser

Remotivée car en poste, Alexandra entend reprendre sa recherche d’emploi « durable » d’ici quelques semaines. Convaincue que cette fois, son CV étoffé et son niveau d’anglais lui permettent de décrocher un job en marketing.

*Le prénom a été changé à la demande de l’interviewée.

A qui l'tour ?

Vous êtes jeune diplômé (2019 ou 2020) ? Si vous avez accepté un job alimentaire en attendant mieux et vous souhaitez partager votre expérience (anonymement), écrivez-nous et un journaliste de la rédaction de Cadremploi prendra contact avec vous :

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Sylvie Laidet-Ratier
Sylvie Laidet-Ratier

Journaliste indépendante, je réalise des enquêtes, des portraits, des reportages, des podcasts... sur la vie des salariés en entreprise. Égalité femmes-hommes, diversité, management, inclusion, innovation font partie de mes sujets de prédilection.

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