Augmentation de salaire : les cadres, grands perdants des NAO ?

Sylvie Laidet-Ratier

ETUDE MERCER - Si l’on en croit l’étude Mercer menée sur les négociations annuelles obligatoires 2021-2022 ou NAO (vous savez, les négos menées par un employeur et les représentants du personnel), les cadres ne sont pas nécessairement les premiers servis en termes d’augmentation collective. Mais leurs avantages prennent d'autres formes. Éclairage de Charles-Antoine Roger, directeur des activités de conseil RH et de transformation au sein de Mercer France.
Augmentation de salaire : les cadres, grands perdants des NAO ?

Des niveaux d’augmentation en hausse

« Le volume de l’enveloppe d’augmentation du salaire de base prévu pour 2022 s’établit sur un niveau médian de 2,8% (contre 1,41 % en 2021 et 2 % en 2020) », prévient d’emblée la 10e édition de l’enquête 2021-2022 sur les négociations annuelles obligatoires (NAO) signée Mercer. En moyenne, on devrait se situer à 2,73%.

Les cadres ne sont pas les premiers servis par les augmentations

A y regarder de plus près, tous les salariés ne sont pas logés à la même enseigne. « Les cadres ne sont pas oubliés par les entreprises mais ils ne font pas nécessairement partie des premiers collaborateurs augmentés. Dans un contexte de redémarrage de l’inflation, les entreprises augmentent d’abord davantage les bas salaire », observe Charles-Antoine Roger, directeur des activités de conseil RH et de transformation au sein de Mercer France.

 

Les cadres quasiment exclus des augmentations générales

Selon l’enquête Mercer, les cadres bénéficient de manière marginale des augmentations générales. « Nous avons privilégié le pouvoir d’achat des premiers niveaux par des augmentations générales dégressives », témoigne un responsable rémunération France dans le secteur de la distribution.

Mais les cadres au premier rang des augmentations individuelles

En 2022, un effort tout particulier sur les augmentations individuelles a été consenti aux collaborateurs non concernés par les augmentations collectives. Cette augmentation est 2,5 fois plus importante que celles observées les années précédentes.

Charles-Antoine Roger

« Pour ces augmentations individuelles, les employeurs maintiennent une certaine sélectivité qui profite aux cadres. Mais à de plus en plus de cadres. Et notamment les cadres de premier niveau. La double réévaluation du Smic en 2022 impacte indirectement les salaires de ces cadres. Leur rémunération tend à se rapprocher de celles des employés », analyse Charles-Antoine Roger.

Les entreprises ont donc réagi en leur accordant des augmentations individuelles au mérite. « On observe une part de plus en plus forte attribuée au mérite et une stabilité relative en ce qui concerne les promotions. Cela s’explique principalement par la problématique de rétention des talents qui devient une priorité pour de nombreuses« On observe une part de plus en plus forte attribuée au mérite et une stabilité relative en ce qui concerne les promotions. Cela s’explique principalement par la problématique de rétention des talents qui devient une priorité pour de nombreuses sociétés », précise cet expert.

Les cadres bénéficiaires d’autres avantages

Comme l’année dernière, deux tiers des entreprises utilisent les NAO pour négocier d’autres éléments que l’augmentation du salaire de base. Ces initiatives de plus en plus variées représentent toujours un élément important des négociations. « Les employeurs cherchent à saturer les dispositifs fiscaux et sociaux afin d’optimiser leurs charges sociales. Si elles n’ont pas atteint leur plafond d’exonération pour les titres restaurant, elles s’y emploient désormais. Elles utilisent également le forfait mobilités durables, bientôt le possible rachat de jours RTT et la prime de partage de la valeur », constate Charles-Antoine Roger.

En matière de retraite sur-complémentaire, elles élargissent par exemple le champ des bénéficiaires en réduisant les critères d’ancienneté. « Elles revoient également à la hausse la part de la cotisation employeur sur ces sur complémentaires. La cotisation de l’employeur n’est pas imposable et celle du cadre sera déduite de sa base imposable sur le revenu. C’est un avantage fiscal et une manière pour les cadres de se constituer de l’épargne pour leur retraite », illustre-t-il pour conclure. Les cadres ne sont donc pas perdants sur toute la ligne !  

Méthodologie Etude Mercer NAO 10e édition (rapport complet téléchargeable)

Pour la 10e édition de l’enquête consacrée aux NAO, Mercer a interrogé un panel de 45 DRH et de responsables rémunération et avantages sociaux sur une période allant d’octobre 2021 à mars 2022, par le biais d’un questionnaire en ligne et d’entretiens individuels.

Sylvie Laidet-Ratier
Sylvie Laidet-Ratier

Journaliste indépendante, je réalise des enquêtes, des portraits, des reportages, des podcasts... sur la vie des salariés en entreprise. Égalité femmes-hommes, diversité, management, inclusion, innovation font partie de mes sujets de prédilection.

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