
Les négos salariales risquent de se tendre pour les moins de 30 ans !
Pour les jeunes cadres, il y aura sans doute un avant et un après covid en matière salariale. Dans une conjoncture favorable, ils sont traditionnellement les plus nombreux à bénéficier d’une hausse de salaire interne ou lors d’une mobilité externe. « En 2019, 62 % des cadres de moins de 30 ans ont connu une augmentation contre 38 % pour les plus de 50 ans. Et 78 % des moins de 30 ans ayant changé d'entreprise ont été augmentés versus 54% », chiffrent les auteurs du baromètre Apec 2020 de la rémunération des cadres*.
Les plus jeunes, qui sont aussi les plus mobiles, pourraient donc être moins nombreux à faire un gap salarial en changeant de boîte.
Avec la crise, on voit bien que le nombre d’offres d’emploi externe baisse. Les plus jeunes, qui sont aussi les plus mobiles, pourraient donc être moins nombreux à faire un gap salarial en changeant de boite. La solution ? Dans un grand nombre de secteur, il vaudra mieux rester au chaud et faire le dos rond en attendant que les augmentations individuelles repartent. Mais il y a des exceptions.
Les inégalités salariales femmes / hommes pourraient s’accroitre
Le rattrapage initié il y a quelques années pour combler l’écart de rémunération entre femmes et hommes pourrait être fragilisé par les tensions budgétaires des entreprises. Pas sûr que cette année, on retrouve la progression de 4,6 % du salaire moyen des femmes observée en 2019 (contre +1,7 % pour les hommes).
Les rémunérations des cadres au chômage encore plus pénalisées
Avant cette satanée crise, passer par la case chômage n’était déjà pas un atout pour négocier son salaire avec un futur employeur. La preuve : en 2019, 28 % des cadres au chômage ont même vu leur salaire diminuer par rapport à leur précédent poste, soit un taux deux fois plus élevé que celui des cadres ayant changé d'entreprise sans période de chômage. De plus, ces candidats signaient davantage de CDD (17%) que les autres (2%).
« La crise, on le sait, accentue les inégalités déjà en place. Dans ce contexte, les cadres demandeurs d'emploi pourraient rencontrer davantage de difficultés pour retrouver à la fois un emploi cadre et un niveau de salaire équivalent à leur emploi précédent », souligne l’Apec.
Chute attendue des parts variables des rémunérations
Si en 2019, 1 cadre sur 2 disposait d'une part variable dans sa rémunération (5000 euros soit 10% du salaire total/ chiffre médian), avec la crise sanitaire, on n’est plus du tout sur la même tendance. Faute de business suffisant, les primes sur objectifs atteints devraient mécaniquement être moins importantes que l’an passé. Les premiers concernés par ce recul du variable seront évidemment les commerciaux.
De plus, à défaut de pouvoir légalement baisser les salaires fixes, « les primes exceptionnelles accordées par les employeurs pourraient être revues à la baisse », souligne l’Apec. A noter que l'intéressement et la participation, dont les montants dépendent des résultats des entreprises, vont évidemment être impactés. Lors de la crise financière de 2009, les montants des participations et des intéressements versés avaient respectivement baissé de 15 et 3 % en France.
Journaliste indépendante, je réalise des enquêtes, des portraits, des reportages, des podcasts... sur la vie des salariés en entreprise. Égalité femmes-hommes, diversité, management, inclusion, innovation font partie de mes sujets de prédilection.