Aurélie, 37 ans : « Mon employeur ignore que j’ai pris une mission en parallèle de mon CDI »

Gwenole Guiomard

SERIE « FRANCHEMENT » épisode 11 – Aurélie est une "switcheuse". Quand un poste ne lui convient pas, elle prend ses cliques et ses claques. En ce moment, elle travaille pour un grand groupe dans l’énergie mais mène en parallèle une mission, le week-end. Doubler son salaire annuel de 70 000 à 140 000 € n’est pas son moteur. Avec cette occupation secrète, elle prépare surtout le coup d’après. Car elle n’a pas encore trouvé le job de ses rêves. Témoignage anonymisé pour qu’elle s’explique sans filtre. Découvrez d’autres confidences de cadres en bas de l’article.
Aurélie, 37 ans : « Mon employeur ignore que j’ai pris une mission en parallèle de mon CDI »

Cursus élitiste et expatriation

J’ai d’abord acquis des codes de travail non hexagonaux.

Aurélie, 37 ans, était ce qu’on appelle une bonne élève. Elle a suivi le cursus bac scientifique, classe préparatoire et école d’ingénieur des plus renommées, de celles qui fait frétiller de bonheur sa belle-famille.

« Pour mes parents, il était essentiel de faire de bonnes études. Je rêvais de m’émanciper. Je n’étais pas sûre de mon orientation jusqu’à ce que je découvre le secteur de l’énergie. J’ai conclu ma scolarité par un stage à l’étranger pour un grand énergéticien. Puis j’y suis restée en expatriation. Mon début de vie adulte s’est déroulé hors de France. J’y ai donc acquis des codes de travail non hexagonaux.

Premiers virages de carrière

Après plusieurs années, j’ai eu besoin de changement. J’ai démissionné pour monter un projet associatif qui me tenait à cœur. Mais la France me manquait. Alors je suis rentrée au bout de 6 mois.

J’avais l’impression de jouer dans une pièce de théâtre où chacun défend son poste plutôt qu’un projet commun.

Dans un premier temps, j’ai rejoint une société de conseil. Mon intégration professionnelle en France a été difficile. Je n’avais jamais travaillé dans mon pays et ai été très surprise par les jeux politiques se déroulant en entreprise. J’avais l’impression de jouer dans une pièce de théâtre où chacun défend son poste plutôt qu’un projet commun. J’ai rapidement changé de job.

Les deux expériences suivantes n’ont pas été plus concluantes. Je suis arrivée au moment de réorganisations. Le poste ne correspondait pas à ce qui avait été convenu ni à mes aspirations. Je suis partie.

Puis un grand groupe m’a recrutée. J’y suis depuis. Mon poste est passionnant. J’ai approfondi mes compétences et je travaille sur des sujets stratégiques. J’y gagne bien ma vie avec quelque 70 000 euros brut par an.

 

La tentation du job d’après

Après plusieurs années à ce poste, je me pose maintenant la question du job d’après et la question du sens. Comment mon travail peut-il avoir plus d’impact pour répondre à l’urgence climatique ? C’est pourquoi je me suis impliquée dans le monde associatif très complémentaire du monde de l’entreprise. Je lorgne aussi du côté des politiques publiques car ce sont les lois qui font bouger les lignes. Je regarde les possibilités d’évolution au sein de mon entreprise. Des chasseurs de tête me contactent aussi régulièrement.

 

La tentation de la mission parallèle

Cette mission répond à mon besoin d’évolution tout en minimisant les risques pendant la Covid.

Une petite entreprise à l’étranger m’a sollicitée pour une mission de conseil. Cela pourrait déboucher sur une embauche. C’est la première fois qu’on me fait une telle proposition et l’idée me plait. Mais un nouveau boulot constitue un gros risque aussi bien pour l’employeur que pour l’employé. Les immersions en entreprise permettent de le réduire. Bref. J’ai accepté cette mission, que je réalise en parallèle de mon job actuel sur mon temps libre. Cela me permet à la fois de tester le travail en indépendante et de mesurer si cette entreprise me convient. Je cumule l’avantage d’un nouveau poste sans les inconvénients : nécessité de déménager, risque de perdre au change ou que le nouvel employeur mette la clef sous la porte.

Je me suis assurée que mon contrat de travail me le permettait mais je n’ai pas informé mon employeur actuel. A l’étranger, les employeurs sont plus ouverts à l’idée que leurs salariés réalisent des missions pour des tiers. C’est considéré comme enrichissant. En France, j’ai le sentiment que c’est mal perçu. Il vaut mieux éviter d’en parler. De mon côté, cette mission répond à mon besoin d’évolution tout en minimisant les risques pendant cette période de Covid qui nous empêche de nous projeter.

Je peux le faire car je travaille dans un secteur en plein boom. Cela me permet aussi de garder le contrôle sur ma charge de travail et de doubler mon salaire. Avoir cette mission en sus me donne, paradoxalement, la possibilité de ne pas me laisser aliéner. Cela m’aide à répondre à mon besoin d’indépendance et d’autonomie ».

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Gwenole Guiomard
Gwenole Guiomard

Je suis journaliste spécialisé dans les questions de formation et d’emploi. L’un ne doit pas aller sans l’autre et la compréhension des deux permet de s’orienter au mieux. Je rédige aussi, tous les deux ans, le Guide des professionnels du recrutement. Je suis aussi passionné d’histoire et amoureux des routes de la soie.

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