Instances dirigeantes : la mixité progresse mais… (car il y a toujours un mais)

Sylvie Laidet-Ratier

BAROMETRE 2024 – Où sont les femmes dans les instances dirigeantes des entreprises cotées en France ? Cadremploi fait le point avec Floriane de Saint Pierre, Présidente d’Ethics & Boards, spécialiste de la gouvernance engagée, à l’occasion de la publication du baromètre annuel de la mixité IFA – Ethics & Boards.
Instances dirigeantes : la mixité progresse mais… (car il y a toujours un mais)

Toujours plus de femmes dans les conseil d’administration en France

Cocorico ! La France est l’un des pays les plus avancés en matière de parité dans les conseils d'administration selon le dernier baromètre de la mixité IFA – Ethics & Board* publié ce 29 février. Cette année 2024 conforte la bonne performance des sociétés françaises qui comptent :

  • 46,7% de femmes au sein des conseils d’administration du CAC 40
  • et 46,4% dans les sociétés du SBF  120

Des chiffres en légère progression par rapport à 2023 et surpassant ainsi le seuil de 40% fixé par la loi Copé-Zimmermann de 2011.

Définition

Le SBF est un indice boursier qui regroupe 120 sociétés, dont les 40 sociétés composant le CAC 40 ainsi que 80 autres valeurs françaises. Le SBF 120 est révisé chaque mois de juin.

Des administratrices du SBF 120 plus indépendantes que les administrateurs

Le baromètre IFA – Ethics & Boards pointe la prépondérance des administratrices indépendantes :  73,6% des administratrices le sont, contre 49,3% pour leurs homologues masculins. A cela plusieurs raisons : w

Floriane de Saint Pierre

« Dans le cadre de l’application de la loi Copé-Zimmerman, les nominations généralement d’administratrices indépendantes sont intervenues pour atteindre le premier seuil, 20% de femmes en 2014, et le deuxième et dernier seuil, 40% de femmes en 2017. Et puis, le code AFEP-Medef considère qu’un membre de conseil n’est plus indépendant à partir de 12 ans de mandat dans la même société. Si ces administratrices ont rejoint un conseil comme indépendante depuis 2012, elles le sont encore aujourd’hui », explique Floriane de Saint Pierre, Présidente d’Ethics & Boards, spécialiste de la gouvernance engagée.

Davantage de profils étrangers parmi les administratrices que les administrateurs

Le baromètre souligne également une proportion plus importante d’administratrices de nationalité étrangère. Près de 35% dans le SBF 120 et de 45% dans le CAC 40, là où elle n’est respectivement que de 28,5% et 31,6% chez les hommes. « Les Comités de nomination ont nommé des femmes, et cherché en même temps à renforcer les compétences internationales de leur conseil », observe Floriane de Saint Pierre.

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Que font les femmes administratrices dans les conseils ?

Elles sont majoritaires dans les comités RSE et comité d’audit. « On observe que les femmes nommées sont également plus jeunes que les hommes et ont apporté des compétences peu présentes jusqu’alors dans les conseils. A savoir la RSE, les RH, le digital, etc », souligne la dirigeante d’Ethics & Boards.

Et les femmes présidentes de conseil d’administration ?

Le CAC 40 ne compte que deux présidentes depuis dix ans, tandis que la progression au sein du SBF 120 ralentit considérablement. « Un seul mandat de plus entre 2023 et 2024 contre neuf mandats de plus entre 2017 et 2023 », décompte Floriane de Saint Pierre.

Les 21 femmes présidentes, PDG et DG en 2024 :

Où sont les femmes aux postes de PDG et de DG

On décompte 14 femmes P-DG et DG (6 femmes P-DG et 8 femmes DG) dans le SBF 120, et parmi les 8 femmes DG, 3 ont été promues DG en venant de l’interne : Estelle Brachlianoff (Veolia), Valérie Baudson (Amundi) et Sophie Zurquiyah (CGG).

Comme pour la présidence des conseils d’administration, ça pêche pour les mandats de direction générale pour les femmes :

  • dans le CAC 40, seulement 3 femmes patronnes (Catherine Mac Gregor chez Engie, Christel Heydemann chez Orange et Estelle Brachlianoff chez Veolia), soit seuls 7,5% des postes de direction générale du CAC 40.
  • et dans le SBF 120, elles sont 11, ce qui représente seulement 11,7% des postes de patronnes du SBF 120, sans amélioration notable depuis 2022.

« Ce sujet avance plus lentement pour une raison structurelle : les PDG et DG, sauf crise ou départ à la retraite, restent plusieurs années à leur poste, il s’agit donc de nommer une femme P-DG ou DG dans le cadre d’un départ ou d’une succession », argumente-t-elle.

En clair, les femmes doivent attendre leur tour.

* Rapport complet du baromètre de la mixité IFA – Ethics & Board 2024

Tags : Parité
Sylvie Laidet-Ratier
Sylvie Laidet-Ratier

Journaliste indépendante, je réalise des enquêtes, des portraits, des reportages, des podcasts... sur la vie des salariés en entreprise. Égalité femmes-hommes, diversité, management, inclusion, innovation font partie de mes sujets de prédilection.

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