Pour la moitié des cadres, changer d’entreprise est plus valorisant que de rester

Sylvia Di Pasquale

BAROMETRE CADREMPLOI - IFOP 2023 - Les cadres sont globalement satisfaits mais la moitié d’entre eux veut quand même bouger. La faute à leurs managers (des boucs émissaires ?) et aux salaires (la surenchère salariale bat son plein). Zoom sur les résultats du 22e baromètre Cadremploi, réalisé en partenariat avec l’Ifop et commenté par Carole Ferté, directrice des études de Cadremploi.

"Rêve mieux, mieux qu'l'argent, mieux qu'le pouvoir, mieux qu'les deux, rêve d'être heureux" (Orelsan) En 2023, la moitié des cadres "rêvent mieux".

Pour la moitié des cadres, changer d’entreprise est plus valorisant que de rester
"Rêve mieux, mieux qu'l'argent, mieux qu'le pouvoir, mieux qu'les deux, rêve d'être heureux" (Orelsan) En 2023, la moitié des cadres "rêvent mieux".

Davantage de cadres « insatisfaits »

La grande majorité des cadres (80%) s’estiment « satisfaits » de leur situation professionnelle. Néanmoins, les « insatisfaits » sont plus nombreux cette année (+6%) que l’an passé. La grogne gagne aussi chez les cadres : si 22% restent « très satisfaits » de leur travail, soit un chiffre stable par rapport à l’année dernière, les cadres qui se déclaraient « plutôt satisfaits » (58%) ont pour certains basculé dans l’insatisfaction (20%).

Sur un marché de l'emploi des cadres avec moins de chômage que les autres salariés et avec un volume de postes à pourvoir qui bat des records cette année, certains cadres peuvent être tentés de faire les difficiles. Oui, ils peuvent parfois... passer pour des enfants gâtés.
Carole Ferté, directrice des études de Cadremploi

Management et rémunération, les irritants des insatisfaits

Que mettent en cause ces 20% de cadres insatisfaits ? Le manque de sens au travail ? L’inanité de leurs missions ? Pas vraiment. Ils citent en premier le management (27%) et la rémunération (25%). Comprenez : j’aime mon travail mais je ne me sens pas assez reconnu par ma hiérarchie, ni assez bien payé.

Le manque de reconnaissance est prégnant chez les cadres insatisfaits. Il semble que leurs managers n'ont pas su faire face aux bouleversements dûs aux nouvelles façons de travailler (télétravail, visio, etc.). Dans certaines entreprises, le management n'est pas de bon niveau et les entreprises ont encore un chantier.
Carole Ferté, directrice des études de Cadremploi

 

La pénibilité, un sujet chez les cadres

Autre explication possible : 20% des cadres interrogés considèrent exercer un métier « pénible ». Mis au cœur de l’actualité avec la réforme des retraites, le sujet de la pénibilité du travail n’épargne donc pas cette catégorie de salariés, pourtant jugée privilégiée. Mais de quelle pénibilité parle-t-on chez les cadres ? Elle n’est pas physique mais due avant tout à une forte charge de travail (28%), et au stress (24%).

La pénibilité ressentie augmente avec le nombre de personnes à charge (35% pour les managers de plus de 20 personnes) et le temps travaillé (45% chez les cadres travaillant 50 heures ou plus, soit près de 2 fois plus que chez les personnes déclarant travailler moins de 35h).

Partir est plus valorisant que rester

Les envies de bouger retrouvent leur niveau de 2018. Malgré les difficultés économiques, il y a désormais autant de cadres qui se disent ouverts aux opportunités (44%, + 6pts vs. juillet 2022), que de cadres qui souhaitent rester dans leur entreprise (45%, - 6pts).

Sans surprise, les premiers candidats au départ sont les cadres insatisfaits de leur situation professionnelle actuelle (58%), mais également ceux dont les perspectives peuvent être plus importantes : les managers et les catégories aisées. Pour eux, changer d'entreprise apparaît comme une perspective plus valorisante que de rester en place.

A l’inverse, les cadres plus âgés préfèrent rester dans leur entreprises (57%).

Ceux qui consultent les offres d'emploi sont plus nombreux que l'an passé (47% contre 42% l’an dernier), et leurs recherches se concentrent sur leur région.

Le salarié « boomerang » devient tendance

 Le phénomène des « salariés boomerang » prend de l'ampleur si l'on en croit les cadres interrogés : 1 cadre sur 10 (9%) déclare être parti puis revenu dans son entreprise, tandis que la moitié de ceux qui ont assisté au retour d’un de leur collègue seraient tentés de le faire (52%).

Il faut dire que cette décision permet notamment d’améliorer sa situation financière selon 61% des répondants (82% chez ceux quoi l’ont fait).

La flexibilité du travail est un critère incontournable

Pour attirer et retenir les cadres, il faut flexibiliser les organisations et le temps de travail, martèlent les cadres.

Le télétravail demeure l’élément le plus plébiscité par lesc adres : 48% estiment que c’est un élément déterminant. 45% valorisent tout à fait une vision remettant au centre l‘humain, avec une certaine horizontalité dans les décisions, et 43% estiment que la semaine de 4 jours sans perte de salaire est un atout majeur. L’accompagnement dans le projet professionnel séduit moins largement (33%).

En video, éclairage de l'étude Cadremploi/Ifop par Carole Ferté chez BFMBusiness

 

* 22e baromètre Cadremploi/Ifop sur le moral des cadres : insatisfaction au travail, mobilité professionnelle, attractivité des entreprises... : comment les cadres se projettent-ils ?

L'’enquête a été menée auprès d’un échantillon de 1002 personnes, représentatif de la population cadre du secteur privé (méthode des quotas). Les interviews ont été réalisées par questionnaire auto-administré en ligne du 6 au 15 mars 2023.

Cliquez sur l'image pour télécharger l'étude

Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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