Cadres parisiens : et si le télétravail vous permettait de vivre au vert sans changer de région ?

Michel Holtz

Le télétravail oui, mais pas à 100%. Selon l’ANDRH et le Boston Consulting Group, les entreprises envisageraient plutôt un système hybride basé sur deux jours de travail à la maison en moyenne. Si ce mouvement se confirme, les cadres parisiens pourraient bien s’éloigner de leur entreprise pour s’en aller vivre au vert tout en restant en Ile-de-France. Un palmarès Cadremploi dévoile les 30 villes de la grande couronne parisienne accessibles à cette vie entre deux.
Cadres parisiens : et si le télétravail vous permettait de vivre au vert sans changer de région ?

La verdure, le calme, la maison individuelle et une grande surface habitable : ce tableau suscite peu de réticences et, étude, après étude, les cadres d’Ile-de-France évoquent un fantasme de plus en plus fréquent : quitter la ville pour s’en aller remplir ce cahier des charges à la campagne. D’autant qu’ils ont, pour nombre d’entre eux, goûté pendant deux mois à un télétravail qu’ils trouvent plutôt pas mal. Mais vient le temps du retour à la normale, et, souvent, au bureau. Fin de l’histoire ?

Pas tout à fait, car il semblerait que les entreprises, elles aussi, trouvent que cette pratique a bien des vertus. Selon la dernière enquête de l’ANDRH (Association nationale des directeurs de ressources humaines) et du Boston Consulting Group, les boîtes ont même l’intention de continuer. Et pas seulement une courte majorité d’entre elles : 85 % des 458 boites que l’association a interrogées veulent pérenniser la pratique. Elles sont même 83 % à revoir (à la hausse) la part des postes éligibles au télétravail. Car les entreprises ont pu apprécier le travail à la maison de la part de fonctions qu’il était auparavant rarissime d’autoriser à travailler à l’extérieur, comme la logistique, la production ou la R&D.

 

Le télétravail plébiscité, mais pas tout le temps

Du coup, tous les cadres parisiens peuvent boucler leurs valises et s’enfuir dans le Gers ? Pas si vite. Benoît Serre, vice-président de l’ANDRH les retient par le col (blanc). « Les entreprises jugent que deux jours par semaine de télétravail, en moyenne, est suffisant. Au-delà, ça peut s’avérer dangereux ». Elles sont, en tous cas, 50 % environ à l’envisager. Et plutôt sereinement, puisque d’une part, elles estiment que l’affaire ne coûte pas cher, même s’il faut équiper les télétravailleurs et former les managers à ces pratiques.

Elles pensent aussi, à 93 % que « c’est une meilleure réponse aux attentes des collaborateurs ». Soit. C’est donc raté pour le déménagement dans le Gers, car s’il faut retourner au siège deux ou trois jours par semaine, la navette risque d’être quelque peu compliquée. En revanche, ce développement du télétravail peut susciter des envies de verdure plus raisonnables pour les cadres parisiens qui vivent actuellement intramuros, ou dans la première couronne. Les deux ayant des densités au m2 plus importants que Los Angeles. Et des prix de l’immobilier hollywoodiens.

 

La deuxième couronne : le choix de l’entre-deux

La solution pourrait bien entendu se trouver un peu plus loin, dans des villes distantes de 20 à 40 kilomètres de la Capitale. Même si l’immobilier y est plus cher qu’en région, il est nettement moins élevé que dans, et autour, de Paris, ce qui permet d’accéder à des surfaces plus grandes et, étant donné l’éloignement, de se rapprocher de la verdure. La fameuse ville-campagne existerait bel et bien.  Mais quelles sont les communes concernées ?

Pour le savoir, Cadremploi s’est associé au Figaro Immobilier pour établir le classement des 30 villes où vivre au vert dans la grande couronne parisienne. Il a été établi à partiir de plusieurs critères, comme, par exemple, le prix du mètre carré, évidemment, mais aussi la couverture en très haut débit (la qualité du réseau web étant très importante pour le télétravail), ou encore l’accessibilité vers la Capitale en transport en commun ou en voiture.

L'accessibilité à Paris, un critère moins décisif grâce au télétravail

Ce dernier point est évidemment à relativiser selon les horaires de déplacement. Par exemple, le temps moyen pour relier Saint-Germain-en-Laye (la grande gagnante de ce palmarès) à Paris, en voiture est de 35 minutes. « Bien sûr, tous ceux qui ont emprunté un jour l’A13 aux heures de pointe témoigneront des bouchons qui s’amusent à multiplier allègrement ce temps par deux, s'amuse Richard, informaticien qui travaille à La Défense et habite Saint-Germain. Mais les cadres ayant des horaires plus flexibles, ils peuvent circuler en dehors des heures de pointe. » Quant aux transports en commun, généralement plus rapides et plus écologiques, ils en passent généralement par le Réseau express régional (RER).

Le RER A dessert St-Germain-en-Laye, et le B s’arrête en gare de Gif-sur-Yvette, la ville n°2 du classement. Ces RER, les plus chargés d’Europe, sont également les premiers à rencontrer des incidents : « Il m'est arrivé plusieurs fois de rebrousser chemin pour travailler de chez moi à cause de problèmes sur la voie, reconnait Cécile, manager dans l'industrie qui a quitté Paris pour s'installer à Gif -sur-Yvette il y a trois ans. Heureusement, mon poste me le permet. Mais je ne regrette pas mon choix : l'extension du télétravail va décharger le RER d'une partie de ses utilisateurs habituels. Tout le monde gagnera en qualité de vie ! »

 

L'importance du critère d'excellence des établissements scolaires

Parmi ces critères, Ingrid Nappi remarque l'importance de l'un d'entre eux : la "scolarité de bon niveau*. Elle est enseignante-chercheuse à l’Essec, spécialiste en urbanisme et membre du conseil du Grand Paris. Pour elle, « il ne faut pas négliger cet élément : les établissements scolaires. Car ce sont généralement des cadres avec enfants qui souhaitent quitter Paris. » Si pour la chercheuse, l’école primaire et le collège ne posent pas de problèmes, « c’est plus compliqué au moment du choix d’un bon lycée. »

Quant aux études supérieures, elles se déroulent évidemment dans la Capitale ou dans la première couronne. Au passage, Ingrid Nappi confie un secret, de ceux que s’échangent les experts en immobilier comme elle. Un lieu qui ne figure pas dans le palmarès et se révèle pourtant plein de charme tout en étant proche de Paris. « Je pense à l’Oise, avec des villes comme Senlis, Chantilly ou l’Isle-Adam, d’où l’on peut facilement rejoindre la Capitale par l’autoroute A1 ». Mais ne le répétez pas... Du moins pas avant d’avoir déménagé là-bas.

* Scolarité de bon niveau : L’indice « scolarité de bon niveau » est composé de deux éléments 1/ le nombre de lycées présentant un taux de réussite supérieure à 90% pour 1000 ménages avec enfants dans l’unité urbaine 2/ le nombre de lycées présentant un taux de mention supérieure à 60% pour 1000 ménages avec enfants dans l’unité urbaine. Cet indicateur permet de mesurer la qualité de l’offre en matière de lycée disponible dans l’unité urbaine, ramené à la population. Plus ce chiffre est élevé, plus les familles auront accès à de bons lycées (en termes de résultat) à proximité. Source : ministère de l’Education nationale – IVAL 2020 sur l’année 2019 pour les taux de réussite et de mention, INSEE (Recensement de la population 2016) pour le nombre de ménages avec enfants.

Michel Holtz
Michel Holtz

Journaliste économique et social, Michel Holtz scrute les tendances de l’emploi, du management et de la vie professionnelle des cadres, toujours à l’affût des nouveaux outils et des dernières transformations de la vie au travail.

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