C’est une étonnante proposition que le groupe Publicis fait à l’ensemble de ses salariés à travers le monde. A partir de janvier 2022, ils auront la possibilité, si leur fonction leur permet, d’effectuer 6 semaines de télétravail par an n’importe où dans le monde. Quand nombre d’entreprises obligent leurs collaborateurs à télétravailler de chez eux ou dans une zone géographique qui permet de rallier l’entreprise en un temps raisonnable, le groupe publicitaire va beaucoup plus loin. En fixant néanmoins des limites : s’établir (provisoirement) dans un pays où Publicis dispose d’une filiale. Ce qui n’est qu’une restriction minimale puisque le géant de la réclame est présent dans 100 pays à travers le monde.
Une plateforme pour s’inscrire et choisir
Comment ça marche ? Dès le mois de janvier, les intéressés devront s’inscrire sur la plateforme Marcel, du nom de l’une des filiales de Publicis. Après avoir renseigné un profil mentionnant leurs goûts personnels, l’intelligence artificielle leur proposera plusieurs destinations. Mais si aucune d’elle ne leur convient, ils pourront parfaitement en choisir une autre parmi les 100 propositions. Ainsi, un collaborateur déclarant aimer le soleil pourra refuser d’aller au Costa-Rica pour lui préférer la république tchèque. Tous les goûts et toutes les contradictions sont autorisées.
Une communauté pour s’échanger les bons plans
Une fois la destination choisie, reste à décider à quel moment s’y rendre. La plateforme met les collaborateurs du pays choisis en relation avec ceux qui désirent y passer 6 semaines afin qu’ils se coordonnent. Ils peuvent aussi échanger sur les us et coutumes locales. Le logiciel tient également à jour les modalités sanitaires pays par pays. Quant au logement, une communauté est également activée sur Marcel en vue d’échanger les habitations (puisque l’opération Work Your World est mondiale) ou d’alerter sur les bons plans logement.
Le télétravail classique n’est pas remis en cause
On pourrait se dire que cette opération est une manière de garder les télétravailleurs sous la main, puisque Publicis n’autorise ces escapades que dans les pays où il est présent. Or, si les collaborateurs expatriés peuvent parfaitement travailler à l’agence Publicis de leur destination, ils peuvent aussi ne pas y mettre les pieds. De la même manière, cette opération pourrait cacher un subterfuge, une manière de botter en touche pour éviter au groupe d’avoir à signer un accord global et annuel de télétravail. Ce n’est pas le cas non plus : un tel accord existe au sein du groupe publicitaire depuis 2010. Et il a été signé par l’ensemble des partenaires sociaux, hormis la CGT.
Journaliste économique et social, Michel Holtz scrute les tendances de l’emploi, du management et de la vie professionnelle des cadres, toujours à l’affût des nouveaux outils et des dernières transformations de la vie au travail.