Christophe, 50 ans : « Ejecté d’une big firme parisienne, j’ai retrouvé un job mieux payé dans une PME en région »

Gwenole Guiomard

SERIE « FRANCHEMENT » épisode 19 – Il pensait poursuivre sa carrière à Paris, dans cette multinationale. C'était sans compter une réorganisation et… un départ pas du tout souhaité. D'abord sonné, Christophe* a rebondi dans une PME en région où il a retrouvé un poste de directeur général salarié pour 180 000 euros par an. Sa famille est restée à Paris, tandis qu’il fait des allers-retours en TGV. Il raconte.

Episode 19 de notre série originale sur les cadres en transition. Christophe a réussi à rebondit en région alors que Paris ne lui proposait plus de perspectives à son niveau.

Christophe, 50 ans : « Ejecté d’une big firme parisienne, j’ai retrouvé un job mieux payé dans une PME en région »
Episode 19 de notre série originale sur les cadres en transition. Christophe a réussi à rebondit en région alors que Paris ne lui proposait plus de perspectives à son niveau.

Un début de parcours privilégié et sans fausse note

Pour Christophe, la vie francilienne avait bien commencé : classe prépa, grande école de commerce dite « parisienne », famille privilégiée.

« A 25 ans, j’ai débuté dans une multinationale. Parcours classique en marketing et commercial puis, in fine, la direction d'une business unit. J’avais cependant l’impression de n’être qu’un pion dans ces mastodontes qui utilisent et qui jettent. A juste titre car, sur la cinquantaine de cadres à potentiel côtoyé dans ma boîte, un seul est encore en poste dans l’entreprise aujourd’hui.

 

Une réorganisation et rien ne va plus

Lors de ma dernière année, en 2019, j’étais patron d’une petite business unit pour quelque 150 000 euros brut par an. Puis mon patron a changé, tout comme celui du groupe. Ont suivi une réorganisation et un plan de départs volontaires où l’on vantait les vertus de la Gestion prévisionnelle des emplois et des compétences. Alors que c’était un plan social déguisé. C'est arrivé au moment où je devais prendre un poste avec plus de responsabilités mais aucun entretien avec les DRH et les décideurs du groupe n'aboutissait. C’était une guerre d’usure. Je ne voulais pas quitter cette boite mais on m’y poussait sans vraiment le dire.

 

Un départ et un nouveau départ

Avais-je posé soucis ? Mes résultats étaient-il mauvais ? Avais-je consacré trop de temps à mon job et pas assez au réseautage en interne, aux courbettes ? Quoi qu’il en soit, au fil des semaines, mon seul interlocuteur est devenu la RH. Mon responsable opérationnel était aux abonnés absents. J’ai fini par accepter une rupture conventionnelle avec, à la clef, une indemnité de 150 000 euros et 20 000 euros pour un outplacement. J’en voulais à cet employeur. Mais j’avais aussi envie de me poser et de faire un bilan professionnel. Mon deuil a pris quelques mois avec une période de reconstruction, un bilan de compétences, un accompagnement de coaching, le retravail du CV et la construction d'un projet professionnel et d'une offre de service. Il fallait identifier des entreprises cibles.

 

Un rebond en région

J’ai débuté une franchise tout en entretenant mes contacts avec les chasseurs de tête. A l'été 2020, un cabinet de recrutement m’a rappelé pour me proposer un poste de dirigeant d’une PME de 100 personnes en région. J’ai passé mes premiers entretiens en visio en pleine crise Covid. Tout s'est déroulé super bien. J’ai décroché le poste avec un salaire de 180 000 euros.

Je bats donc en brèche les idées reçues des bons salaires n’existant qu’en Ile-de-France.

Il travaille en région mais sa famille est à Paris

Je réside désormais sur place la semaine et ma famille reste à Paris. C’est une organisation de couple différente. Finalement, mon temps de transport en commun n’est pas plus important que celui que j’avais à Paris. Il est seulement concentré en un aller-retour Région-Paris par semaine en TGV.

 

Tout compte fait

Ce bilan de compétences et cet outplacement ont été essentiels pour moi, pour mettre les briques à la bonne place et dans le bon ordre. C’est ce que je conseille à toutes les personnes dans mon réseau. Je voulais rester dans mon secteur d'activité tout en quittant le système des multinationales, leurs matrices, leurs cycles de trois-quatre ans, leur « tu progresses ou tu pars », leur enfermement sur la cotation en bourse.

La rentabilité de ma PME est moindre mais nous développons les salariés. Nous enrichissons nos gammes de produits sans diminuer la qualité. Le prix à payer était de quitter Paris. Car c'est très compliqué, à plus de 50 ans, de postuler dans les grands groupes internationaux basés à Paris.

 

Son conseil aux quinquas parisiens : ne négligez pas les PME en région

Des cabinets de recrutement franciliens m’appellent pour que je leur conseille des talents. C’est ce que je fais. Ces profils de très bons cinquantenaires sont systématiquement déclinés par les consultants. Leurs clients n’en veulent pas… Seuls les jeunes les intéressent.

 

Bref, ce bilan de compétence m’a permis de prendre conscience de m’ouvrir aux PME-ETI et aux régions. Il faut accepter de se challenger. J’ai un ami, parti en même temps que moi, qui veut absolument rester à Paris. Il galère, passant de mission de transition en mission de transition. Mais jusqu’à quand ? Il s’étonne de ne plus trouver de CDI.

 

Mon avenir me plait. J’ai arrêté de tourner comme un hamster dans une roue. Je prends mon temps. J’ai posé mes valises et souhaite imprimer ma marque. Je développe maintenant l'entreprise avec de nouveaux chantiers sur la RSE, les processus d'amélioration continue en production et sur les fonctions supports, la structuration des RH, le développement commercial, le E-commerce.

 

Et après ?

Vais-je y rester dix ans ? C’est la question que j'ai ouvertement posé à mon boss. Sa réponse m’a plu. Il m’a répondu : pourquoi pas ? ».

 

Christophe * : A sa demande, son nom, le secteur et sa localité ont été changés.

Gwenole Guiomard
Gwenole Guiomard

Je suis journaliste spécialisé dans les questions de formation et d’emploi. L’un ne doit pas aller sans l’autre et la compréhension des deux permet de s’orienter au mieux. Je rédige aussi, tous les deux ans, le Guide des professionnels du recrutement. Je suis aussi passionné d’histoire et amoureux des routes de la soie.

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