
- Le « grand âge » : de quoi parle-t-on ?
- Le métier de « conseiller grand âge » est-il si nouveau que cela ?
- Qu'apporte de spécifique un conseiller grand âge ?
- Qui financera ces nouvelles dépenses ?
- Quelles compétences spécifiques permet de développer ce diplôme ?
- D’où viennent les étudiants de la promo 2022 ?
- Qui peut s’inscrire ?
- Combien de « conseillers grand âge » faudrait-il en France ?
- Le conseiller grand âge est-il salarié ou indépendant ?
- Quels sont les salaires envisageables pour ces conseillers grand âge ?
- Quels sont les grands recruteurs de ce secteur ?
- Combien coûte ce certificat ?
Elles témoignent
- Daphné Kasprzak, directrice du développement du formateur Askoria, à l’origine du certificat de niveau Master 2 « Conseiller grand-âge »
- Laura Candas, 37 ans, créatrice et dirigeante de la société Bulle d’autonomie
- Constance Wiblé, co-directrice d'Autonomia, une nouvelle filiale du groupe Oui Care
Le « grand âge » : de quoi parle-t-on ?
Le "grand âge" n'a pas de définition officielle. C'est un euphémisme de bienséance dont la langue française a le génie. En d'autres termes, "grand âge" sert à atténuer une idée déplaisante, celle qui consiste à désigner les personnes très âgées, susceptibles d'être confrontées aux maladies et à la dépendance (ou aux difficultés de santé et à la perte d'autonomie, si l'on préfère les périphrases). Le "grand âge" ne commence pas à un âge précis mais disons, autour de 70 ans.
Le XXIe siècle sera celui du grand-âge et de la dépendance. Tout prédestine la France à ce scénario : les Français restent en vie de plus en plus longtemps* et entendent gagner en autonomie tout en restant chez eux. Tout un écosystème se développe et de nouveaux métiers émergent afin de prendre en charge les questions liées à ce vieillissement.
Le métier de « conseiller grand âge » est-il si nouveau que cela ?
C’est le cas du « conseiller grand âge » dont une formation dédiée a été lancée par le formateur Askoria à Rennes et au Mans. Ce cursus d’un an est accessible aux adultes en quête d’un job utile sociétalement. Ces professionnels vont être un maillon fort de la transition démographique.

Ce métier existait avant mais sous d’autres appellations et avec un périmètre différent. « Ces postes « d’animation transversales » avaient pour nom "accompagnateur de parcours" ou "chargé de mission". Le secteur en recherchait déjà beaucoup mais on manquait de professionnels capables de prendre en charge la prévention dans toutes ses dimensions », précise Daphné Kasprzak, directrice du développement du formateur Askoria, à l’origine du certificat de niveau Master 2 « Conseiller grand-âge ».
Mais les choses évoluent. Car les Français, les anciens comme leur famille, veulent anticiper leur dernière partie de vie en la préparant au mieux afin de rester autonome le plus longtemps possible. Ce métier de conseiller grand âge répond à ces nouveaux besoins. Mais cela nécessite de nouvelles compétences.
Qu'apporte de spécifique un conseiller grand âge ?
La société a besoin du regard neuf et distancié du conseiller grand âge, capable de chercher des solutions adaptées pour que les anciens vivent chez eux, se soignent, se coiffent, s’amusent, se cultivent.

Je travaille autant pour les personnes âgées que pour les aidants qui sont rarement pris en considération.
« J’offre un service à la personne, spécialisé dans la coordination des services à domicile, estime Laura Candas, 37 ans, qui vient de lancer, à Rennes, la société Bulle d’autonomie. Je permets de préserver la qualité de vie de nos anciens. Je facilite aussi la vie des « aidants familiaux ». Cela se matérialise par des prises de rendez-vous pour tous les besoins de la vie : recherche de professionnels de la santé, gestion des problèmes administratifs, aides psychologiques. »
Qui financera ces nouvelles dépenses ?
Le conseil au grand âge est un secteur d’avenir dont les besoins seront de plus en plus importants. Mais tout est, aujourd’hui à construire et la question de la prise en charge des prestations de ces conseillers grand âge reste problématique.

« Le financement de ces conseillers est, aujourd’hui, assuré par les familles et les anciens, précise Constance Wiblé, co-directrice d'Autonomia, une nouvelle filiale du groupe Oui Care, dont l’idée est de proposer une réelle alternative à l'Ehpad grâce à des conseillers grand âge. Et comme tous les nouveaux services, le tout sera financé, au départ, par ceux qui peuvent se le permettre. Mais nous sommes en relation avec les conseils départementaux, la Caisse nationale d’assurance vieillesse, les mutuelles pour intégrer dans leurs contrats la prestation de nos conseillers grand âge. Nous espérons alors que ce service va se démocratiser pour proposer de vivre et non de survivre quand on est âgé ». D’autres imaginent aussi de faire payer les employeurs via des aides aux familles aidantes.
Quelles compétences spécifiques permet de développer ce diplôme ?
Le certificat « conseiller en grand-âge » permet d’acquérir des compétences complexes à concilier en France : celles du « care » et des affaires.
« Le cursus répond à nos besoins, commente Constance Wiblé, à l'origine du réseau Autonomia, experts dans la prise en charge globale de la vieillesse à domicile. Il permet d’acquérir des connaissances socio-psychologiques liées aux questions du vieillissement et de la mort avec des compétences de gestion et de pilotage d’un centre de profit, tout en développant l’apprentissage de la gestion d’un réseau B to B. Le secret d’un bon cabinet est d’avoir à disposition un réseau d’excellents professionnels intervenant auprès de la personne âgée ». Enfin, le cursus développe aussi des compétences commerciales indispensables pour développer son affaire. C’est une formation tentant donc de concilier psychologie, soin, commerce et rentabilité.
D’où viennent les étudiants de la promo 2022 ?
Les 12 étudiants de la promotion 2022 viennent de nombreux horizons. Ce sont, en majorité, des cadres venant, pour un tiers, du secteur privé lucratif. Ils étaient précédemment chef de rayon dans la grande distribution, responsable grand compte. Ils sont en totale reconversion. Les deux-tiers restant proviennent de la direction d’Ehpad[DPS1] .
Qui peut s’inscrire ?
Les candidats recherchés doivent être titulaires :
1/ d’une formation de niveau 6 (licence ou Master 1) quel que soit le secteur.
2/ d’un diplôme de niveau 5 (Bac +2) avec deux ans expériences dans des missions de direction ou de coordination des services à la personne
3/ d’aucun diplôme mais avec [DPS2] au moins dix ans d’exercice professionnel dans les secteurs des services à la personne, sanitaire et/ou médico-social ayant exercé dans des missions de direction ou de coordination des services à la personne.
Combien de « conseillers grand âge » faudrait-il en France ?
La « séniorisation » de la société devrait créer un énorme gisement d’emploi de haut niveau. Ceci précisé, la question est délicate. La société Autonomia estime qu’il faudra entre 1,5 et 2 conseillers grand-âge par bassin d’emploi de 200 000 habitants. Ce qui impliquerait, pour une population de 65 millions d’habitants, la création de plus de 300 postes en France.
Le conseiller grand âge est-il salarié ou indépendant ?
Les deux statuts sont possibles.
Quand il est salarié, il peut travailler pour :
- une association de services à destination des personnes séniors vivant à leur domicile
- une résidence senior
- un centre médical, de rééducation ou d’une collectivité territoriale
- une entreprise qui souhaite accompagner la préparation à la retraite de ses seniors ou soutenir les salariés aidants.
Quels sont les salaires envisageables pour ces conseillers grand âge ?
« Comme c’est un métier nouveau et pas connu, les salaires sont très fluctuants, explique Laura Candas qui vient de lancer son entreprise « Bulle d’autonomie ». J’embauche en ce moment, ajoute-t-elle. Comme je débute, le salaire pour un coordinateur sera de 25 000 euros brut par an. Mais je vais le porter à 30 000 euros brut par an assez rapidement ». Pour le formateur Askoria, les salaires de sortie de ses diplômés seront de l’ordre de 25 000 euros brut. « C’est plus chez nous, poursuit Constance Wiblé, co-directrice d'Autonomia. Nous recruterons dans les 3 ans quelque 150 conseillers grand-âge pour des salaires de 30 000 euros brut en fixe, 10 000 en variable et une voiture de fonction ». Les premiers cabinets des conseillers grand âge d’Autonomia ont ouvert à Arcachon, Le Havre, Le Mans et La Baule. Enfin, un indépendant devrait pouvoir se payer quelque 40 000 euros par an selon le travail réalisé. Reste que ceux qui commencent essuieront aussi les plaintes. Une jeune dirigeante, en mode start-up, confie se rémunérer, en phase de lancement, 800 euros par mois.
Quels sont les grands recruteurs de ce secteur ?
« Un diplômé réunissant les compétences que nous allons leur délivrer (gestion de projet, connaissance des publics âgés, animation de réseau) trouve du travail très rapidement. C’est lui qui choisit son employeur », pose Daphné Kasprzak, d’Askoria.
Les futurs employeurs de ces conseillers grand âge peuvent être :
- des employeurs des service à la personne
- des associations gestionnaires d’établissements qu’ils soient associatifs ou pas mais aussi tout le secteur hospitalier.
- des entreprises, parmi lesquelles le groupe Ouicare qui co-réalise ce certificat et embauche.
- Possibilité aussi de lancer son entreprise.
Combien coûte ce certificat ?
Il coûte 8500 euros et sera finançable, début 2023, via le Compte personnel de formation. Aujourd’hui, les premiers stagiaires financent sur fond personnel et sur financement de leur entreprise.
* Lire ici :
- un résumé sur la question du vieillissement
- et là un dossier plus complet

Je suis journaliste spécialisé dans les questions de formation et d’emploi. L’un ne doit pas aller sans l’autre et la compréhension des deux permet de s’orienter au mieux. Je rédige aussi, tous les deux ans, le Guide des professionnels du recrutement. Je suis aussi passionné d’histoire et amoureux des routes de la soie.