Les femmes cadres de Société Générale rallient leurs clientes à leur cause

Marine Relinger

Le think tank Féminin by Société Générale fait d'une étude de satisfaction clientes un argument pour l'égalité femmes hommes et la parité dans l'entreprise.

Est-ce parce que la clientèle de la banque se féminise que l'entreprise doit faire de même ? Alors que s'ouvre jeudi à Dauville le Women's Forum, c'est l'argument mis en avant par le réseau des femmes cadres Féminin by Société Générale, pour faire bouger les grands managers de la banque. « Nous avons besoin de motivations économiques pour faire avancer la parité dans les entreprises », note Véronique de la Bachelerie, présidente de l'association et directeur financier de la banque de détail en France du groupe Société Générale.

Dans une étude présentée aux cadres dirigeants de la banque le 6 octobre et à la presse ce matin, Féminin by Société Générale fait le calcul : « Notre clientèle de particuliers, en banque de détail, est composée de 52% de femmes. Côté banque d'investissement, 10% de notre clientèle corporate est féminine (un taux appelé à augmenter) et présente des attentes différentes », assure Véronique de la Bachelerie. Les femmes ? Des négociatrices pugnaces, non averses à la prise de risques contrairement à ce que l'on dit souvent, mais qui ont tendance à les mesurer plus en détail que les hommes.

30% de femmes au comité exécutif

Un argument commercial ? « Quand nos clientes Grands comptes nous rapportent qu'un conseiller a pris leur assistant pour le patron, ou que, quand elles rencontrent une femme en banque d'affaires, elles s'en souviennent, ça commence à faire mouche », rapporte cette dernière.

Certes, dans un cadre législatif contraignant, la Société Générale n'est pas à la traîne. La banque compte 50% de cadres. Et, surtout, 30 % de femmes au conseil d'administration comme au comité exécutif (fait plus rare), quand il n'y en avait aucune il y a dix ans.

Deux banquiers conseil femmes

Pas satisfaite pour autant, Anne-Gabrielle Heilbronner, qui a piloté l'étude côté banque d'investissement, commente : « Il suffit de suivre la courbe hiérarchique de l'entreprise pour se rendre compte que le plafond de verre est particulièrement coriace en Banque-Finance. » La jeune femme est l'une des deux seules « banquiers conseil » parmi les 12 que compte la division banque de financement et d'investissement Société Générale en France. Côté banque de détail, pas mieux : seule une femme sur 8 délégués régionaux... et 7 parmi les 95 directeurs d'exploitations commerciales, postes qui exigent une certaine mobilité.

La mobilité comme l'avancement de carrière à âge fixe - qui peuvent être freinés par les maternités - «ont été sortis des référentiels d'évaluation de Société Générale en 2007 », se félicite Véronique de la Bachelerie. Du mentoring est également proposé à une vingtaine de jeunes cadres par an. Mais, au-delà, il s'agit surtout de « corriger, ce qui prendra du temps, les biais inconscients des managers », note Anne-Gabrielle Heilbronner. « L'alibi de la banque d'investissement c'est : 'on recrute dans les bassins d'ingénieurs, où il n'y a déjà que 20% de femmes'. Mais ce qui est peut-être vrai pour les activités de marché ne l'est plus pour les activités corporate, où les écoles de commerce nous proposent 50% de filles », souligne-t-elle. La banque dispose des viviers nécessaires, il suffirait de les identifier et de les faire monter ? Chiche.

Marine Relinger © Cadremploi.fr

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