3 questions à Isabelle Rouhan, auteure du livre « Les métiers du futur »

Sylvie Laidet-Ratier

Après 20 ans de carrière dans le monde des métiers et de la communication (notamment chez Facebook), elle fonde en 2017 Colibri Talent, un cabinet de recrutement spécialisé dans la transformation digitale. Aux avant postes de la transformation des entreprises et du marché du travail, elle inventorie – en collaboration avec la journaliste et philosophe Clara-Doïna Schmelck – les jobs de demain dans « Les métiers du futur » (First Editions, 2019).
3 questions à Isabelle Rouhan, auteure du livre « Les métiers du futur »

Cadremploi : Comment un cadre peut-il détecter et anticiper les métiers du futur ?

Isabelle Rouhan : L’emploi à vie, c’est fini. On est désormais dans l’employabilité à vie ! Les compétences techniques pouvant être obsolètes au bout de 12 à 18 mois contre 40 ans auparavant, un cadre doit donc capitaliser sur ses soft skills. Autrement dit son savoir-être, son leadership… Pour cela, il doit sortir de sa zone de confort. Changer de poste, de boîte, de secteur d’activité régulièrement. S’interroger également sur ses points forts, sur un éventuel pivot de ses compétences… en réalisant par exemple un bilan de compétences. Et évidemment, il doit se former en permanence.

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A quelle fréquence, conseillez-vous de changer d'entreprise ?

I.R. : Tout dépend du secteur d’activité. Dans le digital par exemple, bouger tous les 2 ans est assez fréquent car les compétences techniques sont très volatiles. En changeant d’environnement, les cadres découvrent et capitalisent sur de nouvelles compétences. Et ainsi de suite au gré de leurs mouvements. Il y a d’autres secteurs où les cycles peuvent être plus longs. Mais aujourd’hui en tant que recruteuse, je m’interroge toujours sur l’adaptabilité des candidats restés dans le même poste durant 10 ans.

On est désormais dans l'employabilité à vie

J’ai l’impression que l’on donne ces conseils depuis bien longtemps ?

I.R. : Oui mais le contexte a radicalement changé, notamment sous l’impulsion du digital et de l’automatisation des tâches. L’OCDE estime que 61 % des travailleurs français occupent un emploi automatisable. Et cela concerne aussi les cadres. En 5 ans, un tiers des traders a disparu de la place boursière de Wall Street car il existe des algorithmes d’achat et de vente de produits financiers ultra performants. L’automatisation porte souvent sur les tâches à moindre valeur ajoutée. Ce qui peut dégager du temps aux cadres pour se former et être davantage accompagnés dans leur parcours professionnel.

Sylvie Laidet-Ratier
Sylvie Laidet-Ratier

Journaliste indépendante, je réalise des enquêtes, des portraits, des reportages, des podcasts... sur la vie des salariés en entreprise. Égalité femmes-hommes, diversité, management, inclusion, innovation font partie de mes sujets de prédilection.

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