À 60 ans, 1 cadre sur 3 veut travailler plus longtemps

Ingrid Falquy

Continuer à travailler plutôt que de partir à la retraite ? C’est le souhait d’un cadre de plus de 60 ans sur trois. Peu savent comment s’y prendre, bien que les solutions ne manquent pas.

À 60 ans, un tiers des cadres a décidé de jouer les prolongations, révèle une étude Apec* publiée le 15 décembre 2014. Mais ce ne sont pas les perspectives de carrière qui les motivent. Un tiers d’entre eux n’en sont pas satisfaits et la moitié n’est pas confiant pour son avenir professionnel. La principale raison évoquée par les 2 900 cadres de plus de 50 interrogés est le désir de bénéficier plus longtemps de sa rémunération actuelle. La perspective de la retraite les inquiète et 89 % d’entre eux n’envisagent pas de se contenter de leur pension retraite pour la financer.

Plan senior : seuls 30 % des cadres au courant 

Malgré cette inquiétude, arrivés à 60 ans, seuls 17 % des cadres ont  entamé des démarches en vue d’organiser leur départ à la retraite. Si 82 % des cadres seniors se disent intéressés par la transmission des savoirs, des compétences et le développement du tutorat, ils ne sont que 30 % à affirmer qu’un plan senior a bel et bien été mis en place dans leur entreprise. Le dispositif – qui vise à aider les salariés à rester plus longtemps avec des formations, des aménagements, etc.  – existe pourtant depuis 2010. Et surtout, il est obligatoire dans toutes les sociétés, privées ou publiques, de plus de 50 salariés.

Comment rester dans son entreprise après 60 ans ? 

Pour Agnès Du Boullay, consultante en transition de carrière de cadres et auteure de Travailler après 60 ans,  il est tout à fait possible de continuer à travailler. « Le cadre peut se lancer en indépendant, mais tout le monde n’en est pas capable, prévient-elle. S’il veut rester dans son entreprise le plus longtemps possible, il le peut. »

Se préparer sur 5 à 10 ans 

Le col blanc qui travaille depuis plus de trente ans a peu de possibilités d’évoluer, c’est une réalité. Ce n’est pas pour autant une raison de s’enfermer dans une routine. Agnès Du Boullay explique qu’il doit être une force de proposition. Il faut identifier ce qui est positif dans l’entreprise et élaborer des projets concrets si l’envie se fait sentir de renouveler ses activités. Il peut aussi demander à suivre des formations, car il n’est jamais trop tard pour apprendre. « Le cadre doit avant tout se demander : quel est mon moteur ? » Ce questionnement doit se faire tôt, car la fin de carrière se prépare sur cinq ans à dix ans.

Adopter une posture d’expert 

En restant dans son entreprise, le cadre peut « adopter une posture d’expert. Il a une visibilité et un réseau. » Cela est utile en particulier pour les jeunes générations, avec qui ils peuvent entretenir un lien privilégié. « Il y a un risque à toujours tourner dans le même cercle. Le cadre doit aller à la rencontre des juniors » poursuit Agnès Du Boullay. 

Dans son livre, elle retranscrit des témoignages de cadres qu’elle a rencontrés. On peut y lire par exemple le témoignage de Jean, qui travaille à 65 ans dans une entreprise de BTP. Il explique qu’il est très sollicité : « on vient me voir pour ma connaissance des structures et de l’histoire des projets, mais aussi parce qu’on sait que je serais vraiment partant et impliqué comme eux pour faire avancer les dossiers ». La preuve que le cadre senior a toute sa place dans le monde du travail. Il suffit de la trouver. 

 

*Surexploitation de l’enquête Situation professionnelle et rémunération des cadres 2014, réalisée auprès de 2 900 cadres de plus de 50 ans et publiée au mois de décembre.

 

 

Ingrid Falquy
Ingrid Falquy

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